Un train de plaisir pour le 14 juillet
Fête nationale française, le 14 juillet est institué par la loi du 6 juillet 1880. Le texte ne fait référence à aucun événement en particulier, même si dans l’esprit de chacun aujourd’hui, la date est celle de la prise de la Bastille en 1789, insurrection emblématique de la Révolution française qui mènera à la fin de la monarchie absolue et, le 21 septembre 1792, à la proclamation de la Première République. La célébration d’un événement si sanglant n’était cependant pas du goût de tous les députés, dont certains préférèrent voir dans la date du 14 juillet une commémoration de la Fête de la Fédération : organisée le 14 juillet 1790, cette journée célébrait le retour de l’apaisement et la réconciliation entre le roi et son peuple, alors que l’Assemblée constituante préparait la mise en place d’une monarchie constitutionnelle.
Quel que soit l’événement commémoré, la fête nationale est célébrée en grandes pompes dans les villes françaises, à commencer par Paris. Les réjouissances fascinent et attirent les provinciaux, si bien que les compagnies de chemin de fer ne tardent pas à mettre en place des « trains de plaisir » pour l’occasion. Proposant des tarifs très avantageux, ces trains de plaisir connaissent un grand succès partout en France. Le Cantal n’est pas en reste.
Par cette affiche de 1887, la Compagnie du chemin de fer de Paris à Orléans propose aux Cantaliens, Aveyronnais, Corréziens et Lotois de profiter d’un aller-retour à Paris à l’occasion du 14 juillet. Si les tarifs sont attractifs, il faut cependant se plier aux dates et heures imposées par la Compagnie et s’attendre à un long voyage. Un touriste partant d’Aurillac le 11 juillet à 16h50 arrivera à Paris le lendemain… à 15h39, après un parcours de presque 23h. Cela dit, si l’on se fie au Guide indicateur des chemins de fer de Meyniel, vers 1892, le prix d’un aller Aurillac-Paris en 2e classe s’élevait à 42 francs 3 centimes, tandis que le train de plaisir de 1887 propose un aller-retour pour 44 francs. Si l’on en croit leur réputation, les Auvergnats n’auront pas été insensibles à cette promotion ! En revanche, le trajet habituel est bien plus rapide se fait en « seulement » 12h30.
On remarquera que le voyage est encore plus long pour les Massiacois, à qui l’on propose de partir à 9h27 pour rejoindre le train d’Aurillac. La ligne de Massiac à Clermont-Ferrand était pourtant ouverte, mais elle était exploitée à partir d’Arvant par la Compagnie de chemin de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée. En l’absence de concertation entre les deux compagnies, les habitants de Massiac sont peu avantagés. Le plaisir promis par ce train sera peut-être au rendez-vous le 14 juillet à Paris, mais il est difficile d’imaginer que le trajet lui-même soit une partie de plaisir !
5 S 8
Illustration : Un train en gare, fonds Pesteils, 37 Fi 182