Palmarès du collège d’Aurillac en 1751
Cette affiche, abîmée par un remploi postérieur, présente le « catalogue de ceux qui remportèrent un prix à l’examen solennel ». Imprimé à Aurillac, chez Jean-Ignace Viallanes, ce palmarès est entièrement rédigé en latin, langue en usage dans les collèges de la Société de Jésus (les jésuites), qui assura la direction du collège d’Aurillac entre le début de l’enseignement en 1619 et le départ de l’ordre en 1762. La devise jésuite (« AD MAJOREM DEI GLORIAM », « Pour la plus grande gloire de Dieu ») figure d’ailleurs sur l’affiche.
Le collège (que nous appellerions aujourd’hui collège-lycée) avait été fondé en 1548 par Jeanne de la Treilhe ; mais des difficultés dans l’exécution du testament et les troubles des guerres de religion avaient empêché la mise en route de l’enseignement avant la fin des années 1610. Les bâtiments des XVIIe-XVIIIe siècles existent toujours : ils abritent aujourd’hui le collège Jeanne-de-la-Treilhe ; ils ont fait ces dernières années l’objet de travaux de restauration et de modernisation d’une grande ampleur (5 millions d’euros), qui ont mis en valeur certains éléments architecturaux anciens (les murs de l’escalier de la tour ont ainsi été peints de couleurs vives) et en ont adapté d’autres aux exigences pédagogiques.
Les prix remis le 26 mars 1751 concernent les élèves de la cinquième à la première (rhétorique). Si ces derniers sont seuls à concourir dans leur catégorie, en revanche un même examen a mis en lice élèves de troisième (tertiani) et de seconde (humanités), de quatrième (quartani) et de troisième, de cinquième (quintani) et de quatrième. Deux ou trois prix (praemium) sont remis par catégorie, assortis d’accessits (« His proxime accessere » : « Ils se sont approchés de ces derniers »). Si l’on reconnaît des noms aurillacois parmi les primés, s’y mélangent des noms à consonance plus généralement auvergnate, voire méridionale : c’est ainsi que sont récompensés Jean-Louis Saint-Saury, Pierre Delfour, Bertrand Rastignac, Pierre Boudou, Jean Terradou, Bernard Mamet (le jeune), Louis Saget, Pierre Souniac, Claude Bonnal, Jean Lachassagne, Bernard Salaver, Antoine Dauche, Jean-Baptiste Serieys, Joseph Darnis, Pierre Laribe, Jean Bersange, François Daudé et Bertrand du Bois.
Si les prix et les accessits ont disparu (sauf dans les conservatoires de musique ou au Concours général des lycées), si Rhétorique et Humanités n’évoquent les classes de seconde et de première que dans le souvenir des plus âgés d’entre nous, en revanche l’intitulé des classes de la cinquième à la troisième demeure. L’enseignement jésuite était surtout littéraire, mais les sciences n’étaient pas négligées ; le collège formait non seulement les enfants de l’élite sociale, mais s’attachait aussi à former une élite sociale, les pères jésuites accueillant fréquemment les fils de familles pauvres ou modestes repérés par les curés de la région. Les collèges jésuites constituèrent à ce titre un levier de mobilité sociale sous l'Ancien Régime.
Depuis près de quatre siècles se perpétue à Aurillac une tradition d’enseignement de la jeunesse dans la rue Saint-Étienne, qui a logiquement pris le nom de rue du Collège.
Archives départementales du Cantal, D 4