Archives du Cantal

Le pillarot cantalien de l’après-guerre à l’avant-garde du développement durable

Papier à en-tête
Papier à en-tête
Extrait de registre
Extrait de registre

Un usager des Archives départementales a fait récemment un don original : il s’agit des registres journaliers d’achat et de vente des établissements Villedary, « exploitation générale de chiffons, pelleterie et métaux » à Aurillac (4-6, rue François Maynard) et Bort-les-Orgues. Ces documents étaient – ironie du sort – promis à la poubelle et entreposés dans la rue, près de la gare d’Aurillac.

Chaque registre, paraphé par le commissariat de police de la ville, porte le nom des acheteurs et des vendeurs, décrit la marchandise (tissu, cheveux, capsules, métal, peaux d’animaux, plume, cuir, os, soies de porc, tricot, lapins plats ou lapins ronds, papier, etc.) et en donne le prix d’achat.

Le papier à en-tête de l’entreprise, dans les années 1930, porte la mention « Ce papier est fabriqué exclusivement avec du chiffon ».

Avec l’avènement de la société de consommation et du jetable (les Italiens disent « usa e getta »), dans les années 1950, ce type de métier de récupération et de recyclage a disparu. Le relais a néanmoins été pris par les compagnons d’Emmaüs, de l’abbé Pierre, au milieu des années 1950. Ce n’est que dans les années 1990 que s’amorce, en France, la prise de conscience de la nécessité de rationaliser la gestion des déchets et de recycler ce qui peut l’être. Les décharges deviennent des déchetteries ; les enfants des écoles les visitent pour y acquérir les réflexes de tri.

Le métier de pillarot et de récupérateur, que des Cantaliens exercèrent aussi partout en France, notamment à Paris, n’était pas très bien considéré. Et pourtant : ce métier disparu après-guerre était à l’avant-garde du développement durable. Au reste, le développement durable est souvent le nom que l’on donne aux vieux principes d’économie domestique (« dans le cochon tout est bon », ou bien « on ne jette rien », ou bien encore « il faut éteindre la lumière avant de quitter la pièce »), mais avec une terminologie postmoderne plus glamour

Archives départementales du Cantal, 1 J 797

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