Trésors de "La Haute-Auvergne"
Depuis plus d’un siècle, la société des lettres, sciences et arts « La Haute-Auvergne » s’est si bien identifiée à la province qu’elle s’était proposé d’étudier à la fin de l’automne 1898 qu’elle en porte habituellement le nom. Et chacun, dans le Cantal, comprend sans difficulté cette synecdoque. C’est que, comme le dit le premier paragraphe de la première page de la première Revue, « tous ceux, érudits ou profanes, qui s’intéressent encore au passé du haut pays d’Auvergne (…) sont bien plus nombreux qu’on ne pourrait le croire ». Association connue et reconnue, aimant à travailler en partenariat avec tous ceux, particuliers ou associations, qui poursuivent les mêmes buts, « La Haute-Auvergne » est une « société savante ».
Cette appellation de « société savante », que d’aucuns pourront juger délicieusement désuète, désagréablement élitiste ou ridiculement ringarde, est pourtant pleine de signification. Elle rassemble ceux qui font profession de cultiver le « savoir » : non pas un savoir que l’on garde pour soi, mais un savoir que l’on partage, que l’on confronte à un comité de lecture, que l’on critique à l’occasion, qui se périme évidemment mais que l’on enrichit au fil du temps. Un savoir exposé, échangé, étudié collectivement au sein de la société et partagé le plus pédagogiquement possible avec le plus grand nombre, même s’il est élaboré d’abord dans le travail solitaire de la salle d’archives ou du cabinet de travail : les premiers statuts de 1899 assignent comme but de « stimuler et de répandre dans la région le goût des études intellectuelles » en « groupant » et en « encourageant (…) tous ceux qu’intéressent les choses de l’histoire, de la science, de l’archéologie, de la littérature et de l’art ».
Plusieurs membres éminents de la SHA lui ont fait don de leurs collections de livres et de documents originaux : Édouard de Dienne (1843-1920), Alphonse Aymar (1865-1927) et Jean Delmas (1868-1913).
Dépositaire de ces collections, le Conseil général a aujourd’hui à cœur d’en présenter pour la première fois au public les pièces à la fois remarquables et caractéristiques. Créée par l’un de mes prédécesseurs, la Société est depuis lors en symbiose avec les Archives départementales. Ses chercheurs y viennent trouver matière à leurs travaux, et les Archives savent pouvoir compter sur leur collaboration à des projets scientifiques, pour mettre le savoir à la disposition de tous. Le Cantalien « du Cantal » y trouve les clefs de compréhension du cadre de vie dans lequel il a le privilège d’évoluer ; le Cantalien expatrié y lit au loin, et avec nostalgie, l’histoire du « pays natal » ; le Cantalien d’adoption, qui n’est pas toujours le moins motivé par l’histoire de son pays d’accueil, y trouve matière à parfaire son intégration culturelle.
Le Cantal est plein de centenaires alertes. Mais ils le sont moins que notre Société, qui puise dans la succession des présidents et des bureaux le renouvellement, le dynamisme et l’adaptation aux conditions nouvelles de « l’économie de la connaissance ». Les dernières années n’y font pas exception.
La Société s’intéressant aux « lettres, sciences & arts », il était donc naturel que les collections qu’elle a constituées au fil du temps, grâce aux libéralités des érudits, portassent sur ces domaines. Le résultat d’une telle sélection forme l’éclectique cabinet de curiosités cumulé de plusieurs collectionneurs, auquel une répartition par thèmes (Lettres, Documents d’histoire, Ethnographie, Sciences naturelles, Arts) a permis néanmoins de donner un fil directeur.
Édouard Bouyé
Lettres
Baluze, ou la Bible des historiens de l’Auvergne
Comme l’écrit Jean-Loup Lemaitre, « Étienne Baluze, né à Tulle le 24 novembre 1630 et mort à Paris le 28 juillet 1718, est sans conteste l’un des plus grands érudits du règne de Louis XIV, l’égal de Mabillon, dont il fut l’ami ». Ses transcriptions de documents originaux sont enrichies de gravures représentant objets et monuments, et illustrés de vignettes.
Bertrand V [nommé VI par Baluze] de la Tour, comte d’Auvergne († 1461), donna au XVe siècle à l’église de Vic-le-Comte un reliquaire d’une dent de la Vierge ; la boîte est tenue par deux anges ; elle porte les armes écartelées, au 1 et 4, comté d’Auvergne ; aux 2 et 3, La Tour ; brochant sur le tout, Boulogne.
L’une des vignettes du tome II met en scène le meuble héraldique parlant des la Tour d’Auvergne : une tour. Cette tour inexpugnable et bâtie sur le roc, insensible aux éléments, ornée de mille trophées et de prestigieuses bannières, représente la maison de la Tour d’Auvergne dans sa puissance et sa gloire.
A BIB 11 (1 et 2), Étienne Baluze, Histoire généalogique de la maison d’Auvergne justifiée par chartes, titres, histoires anciennes et autres preuves authentiques, Paris, Antoine Dezallier, 1708, t. II.
Une facétie de Voltaire sévèrement jugée
Voltaire utilise en 1768 un épisode de la vie genevoise pour critiquer vertement le clergé réformé de la ville ; ses attaques sont dirigées contre les protestants et contre Jean-Jacques Rousseau. Un certain Robert Covelle avait refusé de mettre en genou en terre devant les juges du consistoire, qui l’avaient convaincu du crime de fornication. Le poème de Voltaire, facétieux et ironique, est sévèrement annoté par une main anonyme des années 1820, qui venge à longueur de pages les traits décochés contre Rousseau.
A BIB 1684, La guerre civile de Genève, ou les amours de Robert Covelle. Poème héroïque avec des notes instructives, Besançon, Nicolas Grandvel, 1768 (avec des annotations des années 1820).
La Basse-Auvergne se taille la part du lion en l’an II
Le Clermontois Jacques-Antoine Dulaure (1755-1835) publie en l’an II le tome V de la Description historique des ci-devant villes, bourgs, monastères, châteaux et provinces du Midi de la République françoise… Sur les 603 pages que compte le volume consacré à l’Auvergne, pas moins de 557 portent sur la Basse-Auvergne, tandis que les 46 restantes forment la portion congrue, naturellement superficielle, de la Haute-Auvergne.
An II
A BIB 1745
Manuscrit et épreuve des Documents historiques relatifs à la vicomté de Carlat : recueillis et publiés par ordre de S.A.S. le prince Albert Ier par Gustave Saige et le comte de Dienne, Monaco, 1900.
Le manuscrit montre que le texte des chartes était copié tout au long ; des corrections remplacent les formules stéréotypées, jugées non significatives, par « etc. ». Le manuscrit est ensuite composé, puis corrigé de la main des deux éditeurs : le comte de Dienne (en violet) et Gustave Saige (en sépia) ; ce dernier donne le bon à tirer (ou, plus exactement, le « bon à mettre en pages »).
Fin du XIXe siècle
Fonds Édouard de Dienne, non classé
Documents d'histoire
Duchesse de la Haute-Auvergne : Marie-Angélique de Scoraille
Marie-Angélique de Scoraille de Roussille arrive à la cour en 1679, à l’âge de 17 ans. Mme de Montespan voit tout le parti qu’elle peut tirer de cette ravissante créature pour détourner le Roi de Mme de Maintenon, en espérant qu’il s’en lassera vite et reviendra dès lors à elle. Mais le Roi prend goût à la demoiselle, qui accouche en janvier 1680 d’un enfant mort-né. Sa santé et sa beauté s’altèrent ; le Roi lui fait cadeau du titre de duchesse et d’une rente. Sa mort en 1681, causée par ses couches, fut longtemps entourée d’une suspicion d’empoisonnement.
Sous la plume des auteurs de Haute-Auvergne, la duchesse de Fontanges est une sorte de championne de beauté de la province, qui prouve que nos rustiques montagnes ont aussi produit une perle où se mira fugitivement le Roi-Soleil.
XVIIIe et XIXe siècles
28 J, 2 Ai 400 et 401.
Carrier, anti-héros cantalien et monstre utile
Jean Delmas a publié, en 1895, un article sur la jeunesse et les débuts de Jean-Baptiste Carrier (1756-1794). Il avait réuni une documentation sur le personnage.
La « Liste des gens suspects, contre-révolutionnaires et conspirateurs du district d’Aurillac » a été établie le 15 prairial an II par un secrétaire pour Carrier, qui l’a annotée et signée. Elle détaille, avec un grandiloquent luxe de détails, les crimes des suppôts de la contre-révolution.
Carrier, on le sait, a brillamment appliqué ces méthodes de purge à Nantes, ce qui l’a conduit à la guillotine. Le dévoreur est dévoré à son tour, dans des sarcasmes de soulagement, comme le montrent ces Adieux de Carrier.
Plus officiellement paraît un Tableau effrayant des crimes et forfaits commis par Carrier…. On y apprend des détails sur les « mariages républicains » dans la « baignoire nationnale » (la Loire). En se désolidarisant de Carrier, la république thermidorienne faisait de « Caligula-Carrier » un monstre utile, une victime expiatoire commode qui dédouanait ses anciens amis et affermissait leur pouvoir.
An II
27 J 194/5-18, 49 et 50.
Insignes des grands aigles de la Légion d’honneur
L’ouvrage donne la liste de toutes les promotions de la Légion d’honneur depuis sa création en 1803. De superbes planches gravées et peintes, au début du texte, présentent les insignes tels qu’ils étaient portés en 1814, à la fin du Premier Empire.
La dénomination de grand-aigle n’existe plus depuis la Restauration : depuis 1805, certains grands-officiers étaient « décorés du grand-aigle » ; en 1814 ils furent appelé « grands cordons », et « grands-croix » depuis 1816. Il s’agit du grade le plus élevé, le grand-maître excepté.
D BIB 930/1, État général de la Légion d’honneur depuis son origine…, Paris, Testu, 1814.
Annuaire statistique du département du Cantal (1817), avec les annotations de Lakairie
On défend toujours aux enfants d’écrire sur les livres. Et pourtant l’historien est bien content de retrouver et d’étudier les annotations portées sur les livres anciens. Il s’agit ici de J.-B. Lakairie, chroniqueur aurillacois, qui porte sur cet Annuaire statistique, véritable mine d’information, les modifications, adjonctions et corrections qui lui semblent d’imposer.
A BIB 1709, Annuaire statistique du département du Cantal, Aurillac, Pélisson, 1817.
Trombinoscope des députés de la législature 1893-1898
Le Cantal compte alors quatre députés, un par arrondissement : Adrien-Pierre Bastid (Aurillac, professeur de droit), Antonin Lascombes (Mauriac, avocat), Francis Charmes (Murat, diplomate et conseiller d’État) et Armand Bory (Saint-Flour, magistrat), tous républicains.
On trouve plusieurs de ces publications dans le fonds Jean Delmas, que l’on sent attentif à bien connaître les protagonistes de son époque.
D BIB 925, Nos députés (1893-1898). Biographies et portraits de MM. les députés, Paris, 1894
Spécimens de cartes de visite de l’imprimerie moderne à Aurillac
L’imprimerie Moderne est aujourd’hui fusionnée avec l’imprimerie Gerbert ; l’ensemble s’appelle désormais Albedia, et c’est elle qui imprime la Revue de la Haute-Auvergne. Des échantillons flatteurs permettent de dater avec une certaine précision cet échantillon. Jean-Baptiste Marchand (qui s’illustra à Fachoda) fut nommé commandant en 1898 et François-Désiré Mathieu cardinal en 1899 ; Félix Faure mourut en 1899 – mais la princesse de Clèves était morte depuis longtemps…
1899
ADC, 27 J 235/3
Combes travesti en Vercingétorix
Le 12 octobre 1903, la statue de Vercingétorix foulant de son cheval un Romain couché à terre est inaugurée par Emile Combes, président du Conseil. Installée place de Jaude, cette statue monumentale, due à Auguste Bartholdi, exalte les vertus guerrières des Gaulois, dans le contexte de la revanche.
Emile Combes (1835-1921) est président du Conseil depuis 1902. Il applique scrupuleusement un programme de lutte anticléricale. Le 27 juin 1902, les décrets Combes font fermer plus de 2500 écoles confessionnelles en France. C’est pourquoi Combes, travesti par le caricaturiste Orens en chef gaulois sur un cheval fougueux, et brandissant un gourdin portant l’inscription « DECRETS » au lieu du glaive de Vercingétorix, écrase sans les regarder une religieuse et des prêtres.
1903
28 J, 1 Ai 310 et 311
Médaille d’or donnée à la Revue de la Haute-Auvergne en 1910
Une médaille d’or (en bronze doré) frappée par la ville de Clermont-Ferrand, à l’occasion de l’exposition du Centre de la France en 1910, a été décernée à la Revue de la Haute-Auvergne, dont le nom est peint sur l’avers. La presse de l’époque souligna que cette distinction, donnée « en considération de l’ensemble des travaux publiés par la Revue », récompense les études publiées sous sa devise « De l’historique, du local, du prouvé ».
1910
Archives de la SHA, non classées
Ethnographie
« Le Chabrol », ou les coutumes de Haute-Auvergne
Guillaume-Michel Chabrol (1714-1792), conseiller d’État, donne un commentaire de la coutume d’Auvergne, qui avait été rédigée en 1510. L’Auvergne était partagée entre doit coutumier et droit écrit. Commentant les coutumes locales (en privilégiant la Basse-Auvergne), imprimées dans un caractère plus important, Chabrol donne des détails historiques, voire ethnographiques, sur les lieux qu’il étudie. La question des fruits qui tombent dans le jardin du voisin est un problème classique. Elle trouve une solution originale à Montamat (commune de Cros-de-Ronesque).
A BIB 893, Coutumes locales de la haute et basse Auvergne…, t. IV, Paris, 1786.
Les religions exotiques vues par Jean-Baptiste Bouillet
Jean-Baptiste Bouillet (1771-1878) a écrit ou copié ce texte présentant successivement les religions d’Asie (Parses, Brames, peuples du Pégu, Siamois, Moluquois, Chinois), d’Afrique (Cafres, Guinéens) et du Canada. Chaque monographie est illustrée d’un ou plusieurs dessins à l’encre. La curiosité de Bouillet était fort étendue : géologie, histoire, héraldique, ethnographie. Elle débordait largement le cadre de l’Auvergne. Ce panorama des religions exotiques donne quantité de détails pittoresques.
Vers 1830
A BIB 1936, J.-B. Bouillet, Les religions d’Asie, de Guinée, du Canada
Brevet de péteur
La pétomanie n’a pas tellement bonne presse. Même dans notre époque briseuse de tabous, y compris scatologiques, la flatulence ne fait plus rire : elle consterne.
La compagnie des francs péteurs, qui existait depuis le XVIIIe siècle, persiste au milieu du XIXe siècle, comme l’atteste ce brevet de péteur, décerné en octobre 1851. Le préambule de l’acte souligne qu’en entendant un pet, « les demoiselles font semblant de rougir », de sorte que péter, au lieu d’être une « délivrance » donnant du plaisir, oblige au contraire les péteurs à dissimuler « leurs jouissances ». Pierre-Antoine Mailhes, huissier à Aurillac, reçoit par conséquent le droit de « péter hautement et clairement partout où » il se trouvera.
1851
Archives de la SHA, non classées
Les races d’Auvergne dessinées par Anatole Roujou
Il ne s’agit pas ici de bovins, mais d’être humains qu’Anatole Roujou (1841-1904), naturaliste, géologue, docteur ès-sciences et chargé de cours à la faculté de Clermont-Ferrand (1874-1888), a dessinés de face et de profil. Les traits des Auvergnats y sont manifestement outrés, pour les faire rentrer dans sa démoniaque taxinomie raciale (australoïde, mongoloïde, sémitique, aryen ou indo-germain). D’après Roujou, l’appartenance et surtout le mélange des races « inférieures » produit immanquablement le crime dans certaines familles ou certaines communes.
Années 1870
SHA, fonds non classé.
Intérieurs auvergnats, dessin d’Antoine Montadat
Une paysanne assise devant sa souillarde épluche un chou pour la potée qu’elle prépare dans un chaudron. Dans la scène du dessous, vue de dos, elle apporte vers le feu un seau d’eau. On ne sait si c’est la potée qui cuit dans le chaudron, ou si c’est de l’eau pour la lessive, comme pourrait l’indiquer le drap qui sèche, suspendu au plafond (d’ailleurs haut).
Ces intérieurs sont assez « léchés », donnant une image idéalisée et esthétisante de la vie paysanne, typique de l’époque.
Années 1880
28 J, 1 Ai 101
Sciences naturelles
Cours de physique professé au collège d’Aurillac
Un nommé Lafarge avait pris en note le cours d’un ecclésiastique, le père Abbadie, son professeur de physique au collège d’Aurillac.
L’arbre de Porphyre, due au philosophe néoplatonicien du IIIe siècle Porphyre mais traduite et popularisée par Boèce, comprend trois colonnes de mots. La rangée du milieu comprend les genres, hiérarchisés depuis le genre suprême (Ens) jusqu’au genre inférieur (Petrus). Les colonnes de droite et de gauche forment les différences. Entre l’Essence et Pierre se trouvent en ligne directe (linea directa) des niveaux successifs (Substance, corps, vivant, animé, homme). Chaque genre se divise (dividitur) en deux. Par exemple l’Essence peut être substantielle ou accidentelle ; la substance (en-dessous de l’essence sur la colonne médiane) est constituée (constituitur) par l’ens substantiale, tandis qu’elle diffère (repugnat) l’ens accidentale. On descend la linea directa par différenciations successives (le vivant est sensible ou insensible ; le vivant sensible constitue l’animé ; l’animé est rationel ou irrationnel ; l’animé rationel constitue l’homme ; l’homme est pétrinité ou paulinité ; la pétrinité constitue Pierre, qui répugne à la paulinité).
1788
27 J 123, Ex codicibus Lafarge phisices sub reverendissimo patre Abbadie anno Domini 1788.
Le ficus du Rocher de Carlat peint par Pierre Marty
Pierre Marty, en juillet 1892, dessine et peint une feuille et une figue du « figuier d’aspect très vieux » qui pousse dans une anfractuosité de la paroi verticale sud » du Rocher. Il note que cet arbre est sauvage, que son fruit est plus petit que celui des espèces méridionales gorgées de soleil.
Spécialiste à la fois de paléontologie végétale et de géologie, Pierre Marty (1868-1940) alliait à ses brillantes qualités scientifiques des talents de peintre (comme en témoigne cette feuille de figuier), d’écrivain et même de poète. Quelques années plus tard, la SHA devient propriétaire du Rocher et de son ficus.
Juillet 1892
28 J, 2 Ai 223
Photographies d’un aérolithe tombé dans la cour de la direction des contributions directes à Aurillac
Ce matin de mars 1903, la science est pratiquement sur la tête d’Alphonse Aymar, puisque c’est dans la cour de la maison du 9, rue de Noailles, siège de son administration des contributions directes, que l’on trouva au matin cet aérolithe de plus de 5 kg. Aymar parle vite de basalte, de nickel, de copule (au lieu de cupule !) ; il publie aussitôt une lettre rectificative, publiée par le Journal du Cantal, reconnaissant qu’il a écrit mû davantage par l’enthousiasme que par la science.
Mars 1903
28 J, 2 Ai 221.
Arts
Un classique du blason au XVIIe siècle : la Méthode du jésuite Menestrier
Les jésuites étaient passés maîtres dans l’art d’enseigner le blason dans leurs collèges, dont le recrutement faisait en effet la part belle aux fils de familles nobles ou notables. Ils considéraient que le blason (science et langage des armoiries) avait des vertus pédagogiques prolongeant l’enseignement qu’ils dispensaient en matière historique (puisque les armoiries représentent l’histoire des États et des familles), artistique (dessin héraldique) et même mathématique, puisque le code du blason obéit à une logique presque scientifique.
D BIB 707, Père C.F. Menestrier, La méthode du blason, Lyon, Thomas Amaulry, 1689
Traité de l’harmonie, par Jean-Baptiste Rameau, organiste de la cathédrale de Clermont
Né à Dijon en 1683, Rameau passe quelques années à Clermont comme organiste de la cathédrale (1702-1708 puis 1715-1723). Durant cette période il fait paraître à Paris un Traité de l’harmonie réduite à ses principes naturels, où il exprime les idées qu’il a conçues dans les débuts de sa carrière. Il entend donner aux musiciens des bases théoriques d’harmonie, dont Rameau souligne qu’aucun traité ne les présente de manière complète.
A BIB 894, Jean-Baptiste Rameau, Traité de l’harmonie reduite à ses principes naturels ; divisé en quatre livres, Paris, Jean-Baptiste-Christophe Ballard, 1722.
Six plaques d’obits
Si la litre funéraire, frise noire portant à intervalle régulier les armes du défunt, était peinte à sa mémoire sur les murs de l’église (intérieurs, voire aussi extérieurs), les plaques d’obits, d’un usage éphémère, sont quant à elles amovibles : elles étaient disposées sur le catafalque ou le cercueil, sur les cierges et dans l’église au jour des funérailles. Les armes du défunt sont peintes sur fond noir. Des larmes et des tibias attestent parfois le caractère funéraire de ces morceaux de carton (parfois de parchemin).
Cette pompe funèbre manifeste, par-delà la mort, la permanence de la gloire héraldique et nobiliaire du défunt.
XVIIIe siècle
Vingt-huit cartes pour apprendre les accords « en très-peu de temps »
Léopold Aimon (1779-1866) composa des opéras, des symphonies, des concertos, mais aussi une méthode de l’harmonie, volontairement « succincte » et « didactique ».
En combinant les cartes deux à deux, suivant les indications données par la notice, on obtient tous les genres d’accords (principaux, renversements, composés), qu’ils soient consonants (« formés par trois notes ») ou dissonants (formés par quatre ou cinq notes).
Début du XIXe siècle
Fonds Édouard de Dienne, non classé
Aquarelle de l’église d’Herment en 1815, par Ambroise Tardieu
Ambroise Tardieu (1840-1912) s’intitule pompeusement « historiographe de l’Auvergne ». Depuis Alger où il passe les hivers de la fin de sa vie, il adresse copie d’une aquarelle de 1815, qui montre l’église d’Herment (chef-lieu de canton de l’arrondissement de Clermont-Ferrand) : le clocheton, construit en 1514 pour servir de lanterne à l’horloge publique, ne fut abattu qu’en 1823.
Ambroise Tardieu fut un auteur très prolifique ; on trouve beaucoup de ses œuvres dans la collection Aymar.
1903
28 J, 1 Ai 312
Affiche pour trois vaudevilles donnés au théâtre d’Aurillac le 8 septembre 1833
« Mademoiselle Elisa Guille, première comédienne dans son genre du Théâtre de la Porte-Saint-Martin », sera la reine de la séance, jouant plusieurs rôles dans les trois pièces au programme.
La petite troupe est composée du père et de la fille, de Philippe Mutée et d’une demoiselle Dorine. Comédie légère, entrecoupée de chansons et de danses, le vaudeville est un spectacle populaire, où les enfants et les « militaires non gradés » bénéficient de réductions substantielles. Eugène Scribe, à côté de livrets d’opéras, a écrit plusieurs vaudevilles, dont Les mémoires d’un colonel de hussards, en 1826.
1833
Fonds Édouard de Dienne, non classé
Projet d’un vitrail pour l’église de Vitrac
En 1868, le conseil municipal de Vitrac décide de réparer le « chœur de l’église qui menace ruine ».
Ce dessin au crayon et à l’encre, non signé, esquisse un vitrail « ogival » destiné au chœur et composé de deux lancettes, dont chacune comporte un médaillon ovale figuratif.
A gauche, le roi saint Louis rend la justice sous son chêne. A droite, saint Martial prêche à Limoges.
Crayon et encre, 1870
28 J, 2 Ai 235
Portrait et armoiries de Mgr Boyer : esquisses de vitrail par Antoine Montadat
Né en 1829, Jean-Pierre Boyer, fut évêque de Clermont entre 1879 et 1892 ; devenu archevêque de Bourges en 1892, il fut créé cardinal en 1895 et mourut l’année suivante.
Antoine Montadat, « peintre-verrier et dessinateur, premier employé dans la maison Chatain », verrier clermontois, est l’auteur de ces dessins. Il a étudié la peinture à l’école des Beaux-Arts de Clermont-Ferrand dans les années 1870. Le portrait est fait d’après la photographie officielle du cardinal : on y reconnaît même le fauteuil à protome léonin. La marguerite héraldique du prélat est reprise, au naturel, dans l’encadrement.
Vers 1895 ( ?)
28 J, 1 Ai 552 et 553
La bric à brac auvergnate. Chansonnette
La marchande de bric à brac auvergnate entasse dans son logis « quéqu’chos’en bloc, au tas, mobilier d’palissandre, bijoux ou vieux matelas ». Entretenant les lieux communs sur les Auvergnats de Paris amateurs de « ferraille », chineurs « d’hôtel des ventes » (qui permettent d’éviter « les patentes » – rime riche), la chanson se termine sur une note sentimentale, car la « brocanteuse pas fière » a « l’cœur encor tout neuf » : « et si quéqu’Auvergnat »…
Fin du XIXe siècle
27 J 235/107
Les plus anciens livres de la SHA
L’horloge des princes, ou comment régler son gouvernement
Antonio de Guevara, humaniste et historiographe attaché à Charles-Quint, donne aux courtisans des principes de morale. Cet ouvrage, où il adapte le stoïcisme à la doctrine chrétienne, eut un succès dont témoigne l’abondance de ses traductions européennes.
D BIB 689, L'Horloge des princes : avec le très renommé livre de Marc Aurèle, recueilly par don Antoine de Guevare, evesque de Guadix et Mondouedo traduict en partie de Castilan en François, par feu N. de Herberay seigneur des Essars…, Paris, Michel Sonnius, 1576.
Paraphrases des coutumes d’Auvergne
Originaire de Vic-le-Comte, Jean de Basmaison-Pougnet était avocat près la sénéchaussée d’Auvergne à Riom. Il commente la plupart des articles de la coutume d’Auvergne de 1510. Ces commentaires montrent « l’intérêt toujours renouvelé » (B. Fourniel) des commentateurs pour ce texte fondateur.
A BIB 1768, Paraphrases sur les coutumes du Bas et du Haut pays d'Auvergne, par M. Jean de Basmaison Pougnet… avec les annotations de M. Charles du Molin, 1590.
« L’autorité de l’Église » versus « maudite plante d’heresie »
François de La Rochefoucauld (1558-1645) fut évêque de Clermont de 1585 à 1610. Cardinal en 1607, abbé commendataire de Saint-Geneviève de Paris (actuel lycée Henri-IV), il établit la congrégation de Sainte-Geneviève. Ce prélat zélé est typique de la Réforme catholique. A l’âge de 39 ans, il publie un traité où il répond à plusieurs objections des protestants, donnant un « esclaircissement de plusieurs difficultez et controverses suscitées par les heretiques de ce siecle ».
A BIB 1753, De l'Authorité de l'Eglise, en ce qui concerne la foy et la religion..., par R.-P. François de la Rochefoucault, evesque de Clairmont, conseiller du roy en son conseil d'Estat, Lyon, Jean Pillehotte, 1597.