Le canton de Saint-Cernin et son patrimoine
Public ou privé, civil ou religieux, vernaculaire ou monumental, le patrimoine bâti du canton de Saint-Cernin ne manque pas de caractère ni de diversité. L’exposition photographique tentera, sans prétention artistique, d’en dresser un panorama complet et fidèle.
Puisant leur source dans le terroir même, reflet de l’histoire de ce coin de la Haute-Auvergne, châteaux, églises ou simples chaumières nous rappellent où se situent nos racines.
C’est un patrimoine typiquement rural, mélange de grandeur et de rusticité, défiant les siècles mais néanmoins fragile, qui s’offre au regard du visiteur. Bâti avec les matériaux locaux, il témoigne du savoir-faire, de l’ingéniosité et du sens de l’économie des maîtres d’œuvre et artisans cantaliens
Paysages, voies de circulation et site de Saint-Cernin : deux vues prises du plateau de Lagardette
Vers l’ouest : la « draille » de Lagardette, chemin de crête est-ouest, relie les sommets du massif cantalien au plateau de Saint-Illide et à la Xaintrie.
Vers le sud : la topographie impose à la voie Aurillac-Mauriac-Clermont (actuelle D 922) de franchir la Doire au droit de Saint-Cernin, à l’extrémité de la vallée glaciaire. Profitant de cette route et du large replat du versant rive gauche, le bourg s’est développé, malgré son exposition au nord. Le replat de rive droite, bien que mieux exposé, est en effet trop peu étendu (Mayenobe, 1958) : on y voit le hameau de Lamourio, traversé par la « route des Intendants » (Trudaine), encore bien visible. Le plateau d’Ourzeau (Ourzeaux selon l’IGN) barre l’horizon sud.
Longtemps propriété des Anjony puis des Robert de Lignerac, le Cambon est acquis en 1753 par Jean-Raymond de Calonne qui le transforme profondément. Le château actuel, type cantalien du château de plaisance du XVIIIe siècle, a miraculeusement conservé son décor intérieur d’origine.
Aux Calonne succède en 1802 la dynastie bourgeoise des Bastid : Raymond Bastid (1821-1880) fut élu député du Cantal en 1876 ; son fils Adrien Bastid (1853-1903) lui succéda en 1880. Son petit-fils Paul Bastid (1892-1974), quatre fois élu député radical du Cantal (1924-1936) fut ministre du Commerce du Front Populaire, membre du Conseil National de la Résistance, et député de la Seine de 1946 à 1951. Juriste, il est l’auteur d’un ouvrage sur Siéyès. Ses descendants possèdent toujours le Cambon.
Extraordinaire « document », ce très rare exemple de maison forte élémentaire (XVIe siècle ?), aux ouvertures non modifiées, comporte trois niveaux, avec une pièce par étage, et une cave. Cette maison servit de buron jusqu’à une date récente.
Sans doute la plus belle des nombreuses tours de guet du Cantal. Entièrement construite en brèche volcanique, elle comportait au moins cinq niveaux : cave à demi creusée dans le roc ; cellier voûté, accessible par le haut ; salle des gardes, au niveau de laquelle on entrait dans la tour à l’aide d’une échelle ; deux étages d’habitation avec cheminées, fenêtres à coussièges, latrines. Le dernier niveau était voûté. Quelques vestiges du couronnement de la tour subsistent.
Datée de 1619, bâtie en schiste avec linteaux de lave, cette maison est un précieux « document » d’architecture rurale. A proximité se trouve une grange datée apparemment de 1624.
Favars est l’un des hameaux de la zone privilégiée située à l’extrémité orientale du plateau schisteux, au pied du plateau volcanique : zone humide et aux sols mixtes relativement riches, selon Mayenobe (1958).
Vernuéjouls (Freix-Anglards) : évolution du village (XIXe-XXIe siècles)
La comparaison entre le cadastre napoléonien et l’image satellite illustre le développement du village, notamment aux dépens des communs. Il semble qu’il y ait eu aussi évolution architecturale des granges : de plans simplement rectangulaires vers 1826, elles n’acquièrent qu’ensuite leurs clochetons (probablement avant 1870).
Exemples de maisons « montagnardes ». - Hameau de Cambourieu (Saint-Cernin) et ferme de Laveissière (Saint-Cirgues-de-Malbert)
Constructions en pierres volcaniques (brèche et lave). Toits à forte pente, en lauzes de schiste. A Cambourieu on note la tendance (plutôt caractéristique des villages d’altitude) au groupement aligné en « barriades » (économie de maçonnerie, protection contre le vent…). Précisément, le tableau représentant Cambourieu, exposé dans la vitrine-colonne 6, montre qu’il existait au XIXe siècle, en haut du hameau, une autre barriade, disparue depuis.