Archives du Cantal

Insolites

Pour qui passe devant l’austère et massif bâtiment des Archives départementales, les archives sont, au mieux, un conservatoire nécessaire mais périphérique de la mémoire commune, au pire, un monde impénétrable et poussiéreux, ennuyeux et solennel, annexe ou antichambre des usines de recyclage.

Et pourtant, celui qui pousse un jour la porte, donnant sur le jardin des Carmes, de la salle de lecture, et prend la peine de chercher à savoir ce que contiennent ces fameuses archives, a toute chance d’en contracter le goût pour toujours. Du point de vue des Archives, le monde se divise en une poignée d’aficionados passionnés et une immense majorité d’indifférents. L’ouverture, à l’automne 2008, d’un site internet offrant désormais l’ensemble de l’état civil, amène à réviser cette vision du monde : 100.000 pages sont vues chaque jour par un millier d’internautes ; depuis septembre 2008, plus de 25 millions de pages ont été vues depuis 80 pays différents du globe. Mais ces documents ardemment consultés ne représentent qu’une partie infime des archives conservées ; et il importe maintenant que le public puisse entrevoir la variété de la partie encore immergée de cet univers.

C’est précisément l’objet de la présente exposition. La plupart des documents présentés n’ont jamais été exposés. Ils ne prétendent ni à l’exhaustivité, ni à la représentativité de l’ensemble des fonds. Ils sont le fruit des trouvailles, des surprises, des étonnements de l’équipe des Archives, et de l’envie de les faire partager. Si les lectures d’archives, lancées en 2002 dans le Cantal, permettent en effet de faire vivre des textes, force est de constater que l’aspect de la plupart de ces pages d’écriture ne justifie guère leur exposition. Les documents « insolites » ici rassemblés, en écho à l’exposition « Objets insolites ou oubliés », qui se tient en cet été 2009 au Musée de la Haute-Auvergne de Saint-Flour, ont été choisis non seulement pour leur intérêt historique ou symbolique (le fond), mais aussi pour leurs qualités visuelles (la forme). Ils sont presque tous d’origine privée, souvent entrés récemment, ce qui explique qu’ils soient pour certains « en cours de classement » ; leur exposition manifeste donc également la reconnaissance du Département pour ces donateurs, déposants et vendeurs, qui enrichissent ainsi les collections publiques avec des documents parfois plus originaux et insolites que ne le sont les séries administratives, avec lesquelles ils entretiennent d’évidents liens de complémentarité.

L’exposition est présentée dans la salle aménagée au printemps 2009, où se dérouleront désormais régulièrement des expositions. Cet espace, conçu par M. Michel Mateis, vient compléter la salle de lecture, ouverte au public au printemps 2006 ainsi que le site internet, véritable salle de lecture virtuelle ; il constitue ainsi un troisième lieu de rencontre du public avec le patrimoine écrit de notre département.

À travers ce parcours, parfaitement subjectif et partiel, dans ces documents insolites, peut-être les curieux qui auront eu l’idée franchir la porte se trouveront-ils une affinité avec l’un au moins de ces objets, qui éveillera en eux un souvenir, une question, un étonnement.

L’exposition aura alors atteint son objectif.

L’exposition « Insolites » a été inaugurée, dans la nouvelle d’exposition des Archives départementales du Cantal, par M. Vincent Descoeur, député et président du Conseil général du Cantal, le lundi 29 juin 2009, en présence de M. François Vermande, conseiller général de Maurs, de M. Stéphane Sautarel, directeur général des services, de M. François-Xavier Montil, directeur de cabinet, et de Mme Michèle Célarier-Descoeur, président de l’Université Inter-âges de Haute-Auvergne.

Hors normes

La plus ancienne affiche du Cantal
La plus ancienne affiche du Cantal

La célèbre affiche des choriers de Saint-Flour est en fait un acte de Pierre IV de Léotoing-Montgon, évêque de Saint-Flour (1451-1462), pourvu d’une décoration très rare dans ce genre de document. Elle représente une Vierge de Miséricorde protégeant de son manteau les choriers, prêtres du bas-chœur, qui assistaient les chanoines du chapitre collégial Notre-Dame de Saint-Flour. L’évêque leur concédait la faculté de quêter dans toutes les églises du diocèse.

Ce document n’est pas scellé ; il ne s’agit donc pas de l’original, mais d’une copie destinée à être exhibée et placardée ; l’acte latin de l’évêque (Petrus) et l’illustration spectaculaire sont d’ailleurs complétés d’une mention en langue d’oc d’indulgences, à l’usage du peuple soucieux de son salut : « PER AMOR DE DIEU FAIT ALMORNA ALS PAURS CORIERS DE NOSTRA DONA, ET GANHAIRS XXV JORNS DE PARDO AUTREGHATZ PER MOSENHOR DE SAINT FLOR » (Par amour de Dieu faites une aumône aux pauvres choriers de Notre-Dame, et vous gagnerez 25 jours d’indulgences octroyés par Monseigneur de Saint-Flour)

12 septembre 1454

10 PH 462

Bibliographie :

Cinquième centenaire de la cathédrale. Documents d’histoire et art religieux, Saint-Flour, 1966, p. 22.

G. Brunel, Les chartes décorées des Archives nationales (XIIIe-XVe siècle). Images du pouvoir royal, Paris, 2005, p. 28-29 et fig. 11.

Un peu de lecture (4,12 m)

Il s’agit d’un accord, passé devant le notaire Petrus Giraldoni, entre Jean de Peyre, baron de Pierrefort, et Bonnet de Brezons, au sujet de l’hommage dû par les seigneurs de Brezons aux barons de Pierrefort. Si cet acte, matériellement constitué de huit peaux collées de 0,52 mètresde largeur, est aussi long, c’est qu’il reprend, en les confirmant, les accords intervenus entre les ancêtres des parties sur le même sujet, datant de 1294, 1380, 1381, 1494 et 1497. Ce type d’acte est appelé vidimus (« nous avons vu » les actes anciens et nous avons décidé de les actualiser).

Le latin était la langue ordinaire des notaires, avant l’édit de Villers-Cotterêt de 1539, qui généralisa l’usage du français ; les actes en langue d’oc ne sont pas les plus fréquents au XVe siècle. La double queue de parchemin, au bas de l’acte, portait un sceau qui a disparu.

1498

122 F 1

Portrait en anamorphose de Jacques d’Auzolles, seigneur de la Peyre

Les anamorphoses à cylindre permettent, grâce à l'interposition d'un miroir cylindrique, de faire apparaître une image qui est la réflexion d'une image déformée conçue (et construite scientifiquement) à cet effet. En plaçant un cylindre réfléchissant de la section du médaillon sur ce médaillon, on obtient par reflet la recomposition de l’image. Le père Jean-François Nicéron, religieux minime français de la Trinité des Monts à Rome, est l’auteur de la La Perspective curieuse, ou magie artificielle des effets merveilleux de l’optique… ; ce traité d’optique, paru à Paris en 1638, est ici mis en pratique par son auteur pour faire le portrait de son ami auvergnat Jacques d’Auzolles, ici appelé le « prince des chroniqueurs » (princeps chronographorum). Plusieurs anamorphoses murales dues au père Nicéron ornent les murs du couvent de la Trinité-des-Monts. Le Palais Barberini, à Rome, conserve plusieurs anamorphoses à cylindres peintes, représentant saint François de Paule (fondateur de l’ordre des minimes) et le roi Louis XIII. On ne retient de la vie scientifique romaine de cette époque que l’affaire Galilée ; mais les religieux jésuites ou minimes ont fait briller d’un éclat particulier les recherches scientifiques de la Ville éternelle. Cette gravure se trouve dans le fonds de la famille d’Auzolles, originaire de Neussargues-Moissac.

Années 1670

1 J 606

Aménagements

Pétition pour le maintien du cimetière du chapitre Saint-Géraud d’Aurillac
Pétition pour le maintien du cimetière du chapitre Saint-Géraud d’Aurillac

Les habitants des « rues et faux-bourg du Buy, des Dames, Saint-Etienne, Saint-Jacques et du monastere de la ville d’Aurillac », demandent au procureur général que ne leur soit pas ôté, mais conservé, le droit d’être inhumé dans le cimetière du chapitre Saint-Géraud, l’actuel square de Vic. Par une déclaration du 10 mars 1776, le roi Louis XVI avait en effet prescrit que, par mesure d’hygiène, les inhumations ne se fissent plus dans les édifices du culte ni trop près des habitations.

Les habitants insistent sur le fait que ce cimetière, exposé au nord, ne nuit pas à la salubrité de l’air, et qu’eux désirent conserver le droit d’être enterrés dans le tombeau de leurs ancêtres.

Parmi les signatures, on reconnaît bien des noms encore largement portés à Aurillac : Courbebaisse (Courbevaisse), Barthelemy, Boyer, Beynaguet, Laparra, Vigier, Gazard, Cantuel, Dandurand, Deconquans, etc.

Entre 1776 et 1790

382 F 1

Palais d’Éole à Saint-Flour
Palais d’Éole à Saint-Flour

Armand Bonnet, sous-préfet de Saint-Flour entre 1850 et 1851, était sûrement un esprit original. Il peint une aquarelle représentant sa sous-préfecture figurée comme le palais d’Éole, comprenant la « chambre à coucher d’Éole, de Mme Éole et d’Elina Éole », située à côté de celle de Paul Éole. À côté du dessin figure le passage de l’Enéide (I, 82-83) où Virgile décrit comment Énée et les Troyens furent aux prises avec la furie d’Éole : « ac venti, velut agmine facto, qua data porta, ruunt et terras turbine perflant » (et les vents, comme rangés en bataille, se ruent par la porte [de la montagne creuse] qui s’ouvre, et la terre n’est plus qu’un tourbillon). Peut-être l’hôtel de la sous-préfecture était-il sujet aux courants d’air ?

Ce document provient des Archives départementales de l’Isère, qui l’a envoyé à celles du Cantal en 1962. On ignore la destinée ultérieure de ce sous-préfet au vent, révoqué le 20 septembre 1851.

1849-1850

360 F 1

Plan du chemin de fer de Massiac à Murat

Au début des années 1860 se projette, puis se construit, la ligne de chemin de fer de Massiac jusqu’aux rives du Lot, en passant naturellement par Aurillac. Le plan, dessiné à l’encre et peint sur un calque collé sur un carton plié (pour en faciliter la consultation), montre le tracé précis, qui serpente entre l’Alagnon et la route départementale n° 3 allant de Massiac à Murat ; une coupe montre la pente de la voie à construire – voie qui sera d’ailleurs construite, et qui est restée la même jusqu’à nos jours.

1861-1866

550 F 1

L’Aurillac de l’an 2000… vue en 1922
L’Aurillac de l’an 2000… vue en 1922

La loi Cornudet, votée en 1919, oblige les villes de plus de 10.000 habitants à se doter d’un plan d’aménagement, d’embellissement et d’extension. À Aurillac, c’est l’architecte parisien Maurice Fournier qui planche, en collaboration avec deux architectes aurillacois, Croizet et Terrisse.

Ce plan a été étudié par Vincent Flauraud, qui publiera sur lui une étude complète dans la Revue de la Haute-Auvergne. Voici comment on rêvait Aurillac en 1922 : tranchées impitoyables dans le centre ancien ; aménagement d’un marché couvert à la place de la maison Labroha ; construction d’un casino environné d’hôtels de luxe près du parc des sports et descendant en terrasses vers le centre-ville ; aménagement d’une sorte de boulevard périphérique ; aménagement d’une promenade aux Alouettes ; construction d’un abattoir au bord de la voie de chemin de fer ; construction à la gare d’une passerelle enjambant les voies ; aménagement d’un jardin public à Lescudiller ; construction d’un théâtre au Square, en face du palais de justice ; aménagement d’un jardin dans la cour de la caserne Delzons (le régiment venait d’être dissous) et se prolongeant jusqu’au bord de la Jordanne.

Partout sont créés des perspectives, des points de vue et des passages. Comme on le voit, si certains projets ont été repris, parfois des années plus tard, parfois sans se rappeler qu’ils avaient été imaginés en 1922, d’autres sont demeurés à l’état d’utopie. Mais l’étude rétrospective de la prospective ou, pour le dire autrement, l’histoire des utopies, nous instruit sur les aspirations (des architectes et des décideurs) d’une époque ; quant à l’utopie, elle capte un peu d’air du temps, le recycle et le retraite, et renvoie dans l’atmosphère des idées qui font parfois leur chemin.

1922

1 Fi 44

Projet d’aménagement du Lioran en 1962
Projet d’aménagement du Lioran en 1962

La station est alors embryonnaire, ne comptant que le téléski de Masseboeuf. Le groupement d’urbanisme du Lioran réfléchit, en fonction des deux projets de téléphérique, aux possibilités d’aménagement ; ce projet est dû à Silvy, architecte D.P.L.G. Si les ensembles résidentiels de Font-de-Cère et de Font-d’Allagnon se sont bien réalisés, en revanche Prat-de-Bouc n’a finalement pas connu de construction nouvelle, tandis que la prairie des Sagnes a quant à elle été largement construite. Un téléphérique montant de Font-de-Cère jusqu’au Plomb avait été envisagé. La départementale qui monte actuellement au col a suivi approximativement l’ancienne route impériale. Des terrains de camping et de caravaning étaient prévus sur la prairie des Sagnes.

C’était le temps où Veyrière, les Gardes et Rembertel n’étaient que des noms de burons, ni bleus ni rouges…

1962

1 J 151

Maçonnerie

Tableau
Tableau
Détail des signatures
Détail des signatures

Tableau des membres de la loge maçonnique de la Parfaite Unionde Saint-Flour en 5804

Tous les gens de robe de Saint-Flour (juges, avoués, notaires) ou presque s’y trouvent, ainsi que quelques fonctionnaires, propriétaires, ecclésiastiques ou négociants. Aucun homme du peuple, uniquement des notables, de ceux qui avaient tiré leur épingle du jeu après les remous de la Révolution, et qui tinrent le haut du pavé au moins jusque dans les années 1870. Le premier préfet du Cantal, Riou, a tenu à y figurer, probablement pour affirmer sa présence dans l’arrondissement de Saint-Flour aux côtés du sous-préfet de l’arrondissement.

Le tableau est daté de la création du monde, suivant la tradition maçonnique, en 4000 av. J.-C.

An XII (1804)

1 J 524

Diplôme de franc-maçon
Diplôme de franc-maçon

Ce diplôme de vénérable d’honneur ad vitam est donné à François Maurel, né en 1814, par la loge « La persévérante amitié » d’Aurillac. On y retrouve la plupart des symboles maçonniques : trois points, pelle, marteau, équerre, compas. La loge a été créée en 5825, c’est-à-dire, selon la tradition biblique qui date la création du monde de l’an 4000 avant Jésus-Christ, en 1825. Il n’est pas jusqu’à l’imprimeur parisien, Viallet, qui ne fasse suivre le « F » de « Frère » des trois points réglementaires.

1862

1 J 650

Décors maçonniques : tablier, cordons, bijou et cocardes
Tablier
Tablier

Tablier de peau blanche, doublé de tissu bleu (portant les lettres manuscrites A et C), peint au pochoir : le temple précédé de sept marches est entouré de rameaux d’acacia bleus et vert ; la coupole bleue du temple est environnée de sept étoiles bleues (trois de part et d’autre et une au-dessus) ; l’ensemble est surmonté d’un cordon d’or à quatre lacs d’amour, deux étoiles à cinq branches environnées d’une gloire et, au milieu, une faveur rouge. Au sommet figurent de part et d’autre le soleil et la lune environnés de nuages. Dans la bordure matérialisée par deux filets jaunes, des rameaux d’acacia vert et bleu. La bordure habituelle de ruban a disparu.

Cordons et bijou

  • Cordon de moire bleue à bordure rouge, portant, de haut en bas, des broderies dorées : lacs d’amour, trois étoiles environnées d’une gloire, la lettre G dans une étoile flamboyante environnée d’une gloire, le temple accosté des lettres B et J suivies chacune des trois points, deux étoiles environnées d’une gloire, la lettre M dans un compas et une équerre, un maillet, un mètre et un niveau ( ?) brochant en sautoir sur un lacs d’amour, des branches d’acacia nouées par une faveur ; une cocarde de moire rouge.
  • Cordon de moire bleue à bordure rouge et prolongé de passementerie dorée.
  • Bijou : foi dorée fixée sur un nœud de velours rouge décoré de passementerie dorée.
Cocardes
Cocardes

Deux cocardes noires et blanches prolongées de passementerie argentée.

Ensemble
Ensemble

Enfances

Cahier d’arithmétique au siècle de Pascal
Cahier d’arithmétique au siècle de Pascal

Ce cahier a appartenu à un sieur Tropenat, de Murat. Les « addictions » et « soustractions », sous l’Ancien Régime, nous semblent compliquées à nous qui sommes familiers du système décimal. Le système duodécimal et la complexité des unités de mesures rendent en effet les opérations assez délicates lorsqu’il faut additionner des poids (en marcs, onces, deniers et grains) ou des monnaies (en écus ou livres, sols et deniers).

Fin XVIIe siècle

101 F 22

Ensemble
Ensemble
Détails
Détails

Échantillons de dentelle

Ces échantillons évoquent les robes de baptême en dentelle que le XIXe siècle a affectionnées. Ils sont disposés sur un papier vert grâce à un point de cire ; au-dessus de chacun est porté le prix, manifestement proportionnel à la largeur du galon et à la complexité du dessin.

Les échantillons, réalisés aux fuseaux à la main dans le Massif central, sont classiques de la production de modèles dits "de rue", c'est-à-dire appartenant au domaine public, que les dentellières copiaient entre elles et vendaient ensuite au marchand le plus offrant.

Fin XVIIIe-début du XIXe siècle

Fonds de Comblat, en cours de classement.

Deux bonnets d’enfant
Deux bonnets d’enfant

Dans le fonds du tribunal de Saint-Flour se trouvent ces deux bonnets d’enfants, probablement à titre de pièce à conviction. On ne sait à quelle affaire triste ou sordide se rattachent ces deux objets, en toile imprimée bleue, et dont l’un comporte de surcroît un galon de dentelle.

Les dossiers judiciaires, notamment correctionnels et criminels, comportent parfois des plans, des dessins ou des photographies ; la présence d’objets est plus rare, d’autant que les pièces à conviction sont le plus souvent détruites par les greffes. Conservées dans du papier, et de petite taille, ces deux bonnets, correspondant à deux petites têtes d’enfants, sont parvenus jusqu’à nous.

Début XIXe siècle

Série U

Cheveux
Cheveux
Papier reliquaire
Papier reliquaire
Signature
Signature

Cheveux et signature d’Irène

Le cheveu est le matériau idéal à prélever pour constituer la relique d’un être vivant que l’on aime. Non sujet à la décomposition, il permet de conserver un souvenir tangible et réel (contrairement à la photographie) d’un être cher, enfant ou femme aimée. Parfois ces cheveux étaient tressés de manière à former le profil ou les traits du personnage, et mis ainsi sous verre. Ici les cheveux d’Irène de Labaume Pluvinel sont simplement rassemblés dans un papier, reliquaire plus rustique de la dévotion familiale.

Un fragment de lettre, où Irène signe une lettre écrite par sa mère, née Amélie Lacarrière de Comblat à son mari Gabriel de La Baume, marquis de Pluvinel, mentionne simplement « J’embrasse papa ».

Vers 1820

Fonds de Comblat, en cours de classement.

Prospectus pour le cirque Bureau
Prospectus pour le cirque Bureau

Le cirque Bureau constituait, pour les enfants d’Aurillac du début du XXe siècle, une distraction appréciée. Ce prospectus de 1899, mentionné dans l’inventaire parmi des « papiers divers trouvés dans le dépôt », est une trace précieuse de ce divertissement dont les archives sont fuyantes, à l’image du chapiteau qui déménage tous les jours ou presque.

1899

425 F 1/1

Affiche pour les Mongadors, jongleurs
Affiche pour les Mongadors, jongleurs

Cette troupe de jongleurs, dont le noyau est formé par la famille Chambeyron, issue du département de la Loire mais installée à Aurillac (33, boulevard du Pont-Rouge), a parcouru le monde. Le descendant de cette lignée, « Gaby Grossetto », habite Aurillac ; il a fait don aux Archives du Cantal d’affiches et de programmes des Mongadors.

Vers 1930

1 J 655

Papes

Supplique au pape Alexandre VI Borgia
Supplique au pape Alexandre VI Borgia

Ce document ne provient pas de la chancellerie apostolique, mais d’une officine privée, probablement romaine, qui rédige ces documents et les décore des armoiries du pape Alexandre VI Borgia afin de rendre la lettre de demande plus solennelle.

Antoine de Montel et Blanche de Montault, sa femme, demandent au pape plusieurs privilèges d’ordre spirituel : la faculté de choisir leur confesseur, la possibilité de faire célébrer chez eux la messe, le droit de recevoir une sépulture chrétienne même en période d’interdit, etc.

Une mention manuscrite de Giovanni Antonio Sangiorgio, cardinal et évêque d’Alessandria, indique : « Concessum ut petitur in presentia Domini nostri pape. Johannes cardinalis Alexandrinus » (Tout ce qui est demandé a été accepté en présence de Notre Seigneur le pape. Jean cardinal d’Alessandria).

Entre 1493 et 1503.

Fonds de Ribier, en cours de classement

Carnet
Carnet
Mgr JacquesMartin et Jean-Pauil II, dans la cour Saint-Damase, au Palais apostolique du Vatican, au début des années 1980
Mgr JacquesMartin et Jean-Pauil II, dans la cour Saint-Damase, au Palais apostolique du Vatican, au début des années 1980

L’élection de Karol Wojtyla vue de l’intérieur du Vatican

Le cardinal Jacques Martin (1908-1992), un Tourangeau venu à Rome avant la seconde guerre mondiale, y mourut cardinal et préfet de la Maison apostolique. Véritable directeur de cabinet du pape, il raconte ici la mort subite de Jean-Paul Ier et l’élection de Jean-Paul II, en octobre 1978.

Ces carnets de « Souvenirs romains », qui détaillent la vie au Vatican vue de l’intérieur, ont été déposés aux Archives du Cantal par sa nièce, Mme Frégeac. Jacques Martin porte aussi un regard sans concession sur les soubresauts de l’après-concile, notamment en France.

Ces carnets, qui étaient conçus comme un aide-mémoire sans idée de publicité, ne seront communicables au public, sauf autorisation de la donatrice, qu’en 2040. Ils ont servi à l’écriture d’un ouvrage autobiographique posthume, Mes six papes, paru chez Mame en 1993.

Jacques Martin est photographié avec le pape Jean-Paul II, dans la cour Saint-Damase du palais apostolique (Vatican), avant 1988 (année de sa création cardinalice), comme l’atteste sa ceinture violette d’évêque.

1978 (carnet), début des années 1980 (photographie)

1 J 502

Poèmes

Un dramaturge poète : Eugène Scribe
Un dramaturge poète : Eugène Scribe

Eugène Scribe (1791-1861), prolifique auteur dramatique, dédie ici un poème à Hélène de Tournemine, intitulé Vaudeville d’Elle et lui. Ces huit vers voient alterner décasyllabes et octosyllabes :

Lorsque tremblant, et sans expérience,

nous débutons, bien timides acteurs,

C’est pour venir en aide à la souffrance

et pour essuyer quelques pleurs,

Pour essuyer, en riant, quelques pleurs !

quand il suffit, pour consoler la peine

D’un peu d’or, tombé de vos mains,

daignez, messieurs, secondant la marraine

Au malheur servir de parrains.

1e moitié du XIXe siècle

1 J 648

Le géologue Pierre Marty, poète et peintre
Planche 1 La vallée du rames avant l'éruption du basalte des plateaux
Planche 1 La vallée du rames avant l'éruption du basalte des plateaux

Pierre Marty (1868-1940), géologue, paléontologue et botaniste, était non seulement un dessinateur précis et scientifique, mais aussi un aquarelliste sachant faire de ses relevés de véritables œuvres d’art, comme le montre cette carte géologique des futures vallées de la Cèreet de la Jordanne, reconstitution de ce lieu « avant l’éruption du basalte des plateaux », où coulait alors un fleuve préhistorique qu’il baptise Rames, en hommage au célèbre naturaliste aurillacois Jean-Baptiste Rames (1832-1894).

Début du XXe siècle

1 J 104/1

Le tumulus
Le tumulus

Pierre Marty est non seulement peintre, mais aussi poète. Il caresse les octosyllabes comme Ingres jouait de son violon. Mais ses poésies sont géologiques, comme celle qu’il consacre aux Tumulus, écrite sur le plateau de Badailhac un soir de janvier. L’austérité hivernale imprime aux vers un peu de nostalgie des époques géologiques révolues.

Et le sommeil des volcans, la lune qui fait briller les « anciens tumulus », amènent les pensées du poète vers sa propre mort, comme le montre la dernière strophe :

Et que l’on me dresse un menhir

Près duquel je pourrai dormir

Sous la bruyère et la callune,

Parmi les anciens tumulus,

Témoins des âges révolus,

Qui s’alignent au clair de lune.

30 janvier 1893

1 J 104/1

Allanche
Allanche
Massiac
Massiac
Ensemble
Ensemble

Poèmes acrostiches sur les communes du Cantal

Dans un poème acrostiche, les initiales de chaque vers, lues verticalement de haut en bas, composent un mot ou une expression se rapportant au sujet du poème. Jean Sarraméa, né en 1951, professeur agrégé d’histoire-géographie, enseignant au lycée Saint-Exupéry de Saint-Raphaël, propose dans son livre Mon prof, c’est le meilleur, coécrit avec d’autres enseignants qui constituent le « collectif d’enseignants heureux », des exemples vécus de réussite pédagogique. On ne sait si l’acrostiche entre dans la méthode ; voici en tous les cas ce que l’auteur propose pour Talizat :

Talizat, grand terroir au plateau cristallin,

Auprès des Puys charmeurs sous le ciel opalin,

L’antimoine au sous-sol brillait en ses cristaux,

Il faut voir les dolmens, menhirs et vieux châteaux,

Zéphyr des jours d’été parfumant son ramage,

Aux prairies les troupeaux sont berceaux de fromages,

Tintement de l’église au gothique message.

Fin du XXe siècle

1 J 421

Remplois

Ensemble
Ensemble
Remplois
Remplois

Fragment du 1er livre des Rois

Cette page de parchemin contient le passage du 1er livre des Rois (1, 8-20) où Bethsabée, sur le conseil du prophète Nathan, annonce au roi David vieillissant qu’Adonias s’apprête à monter sur le trône, alors que c’est Salomon, son fils, qui doit normalement lui succéder.

Le texte latin comprend des rubriques alternativement rouges et bleues, qui marquent le début de chaque verset. Dans la marge de droite se trouve une glose du texte. La marge du haut indique le 3e livre des Rois : c’est que les deux livres de Samuel qui précèdent étaient alors considérés comme les deux premiers livres des Rois.

Un notaire d’Aurillac, nommé Cabrespine, a réutilisé ce parchemin, au XVIIe siècle, pour en faire une reliure. Sur le texte a été dessiné, à la plume, un buste de femme vêtue d’un pourpoint. Un usage curieux et désinvolte de la pagina sacra !

Fin du XIIes. et remploi du XVIIe s.

1 J 530

Chemise fermée
Chemise fermée
Chemise fermée
Chemise fermée
: on distingue le nom de « Julius » en haut et à gauche du texte de la bulle
: on distingue le nom de « Julius » en haut et à gauche du texte de la bulle

Une bulle du pape qui se déguise en chemise de notaire

Par une bulle de 1505, le pape Jules II Della Rovere (1503-1513) confère la cure de Fournoulès à Patrice de Jonquières, clerc du diocèse de Cahors. Le parchemin a servi de reliure (ou chemise) au registre du notaire Jacques Dumas, au XVIIe siècle. Ce parchemin, donné en 1974 aux Archives du Cantal par celles de l’Aveyron, montre que l’on n’avait pas toujours conscience de la valeur patrimoniale des documents d’archives ; une fois périmés, ils étaient réutilisés, la valeur vénale du parchemin permettant alors une substantielle économie. La bulle de plomb, qui authentifiait l’acte, a disparu.

1505 et remploi du XVIIe s.

474 F 1/1

Un faire-part réutilisé
Un faire-part réutilisé

Le faire-part de décès de Marguerite de Cambefort, épouse de Pierre Delzons, a été minutieusement réutilisé en dépit d’une iconographie sans équivoque.

Squelette portant sa faux (la Mort), environné de larmes ; crânes et tibias ; brûle-parfums ; seau et goupillon (pour l’absoute) ; catafalque : l’annonce du décès et des funérailles (le lendemain du décès) est encadrée d’un décor macabre fort impressionnant.

Ce faire-part de décès, imprimé le jour même du décès, sert de couverture à un manuscrit où sont copiées, dans la décennie 1780, des notes de conférences juridiques (tant en droit civil qu’en droit canonique).

1779 et remploi dans la décennie 1780

Fonds Cambefort de Mazic, en cours de classement

Diaspora

Grammaire hébraïque du XVIe siècle

Jean Cinquarbres, De re grammatica Hebraeorum opus, in gratiam studiosorum linguae sanctae methodo quam facilima conscriptum…, Paris, Martin Le Jeune, 1582.

L’auteur de cette grammaire, Jean Cinquarbres (vers 1514-1587), se présente sur la page de titre comme « Aurillacois » ; professeur d’hébreu et de syriaque au collège de France (alors Collège royal), dont il devient le doyen, il était aussi directeur du collège Fortet à Paris. Une rue d’Aurillac porte son nom depuis 1903.

Fondé par l’Aurillacois Pierre Fortet au XIVe siècle, ce collège, situé dans l’actuelle rue Valette (Ve arrondissement) accueillait des boursiers du diocèse de Saint-Flour. C’est ainsi que le jeune Jean Cinquarbres put étudier et devenir une sommité de son temps dans les langues orientales, dont Paris était un lieu important d’étude au XVIe siècle. Il y eut comme condisciple Jean Calvin.

L’imprimeur de la grammaire, installé rue Saint-Jean de Latran, a mis sa marque « à l’insigne du serpent ». Le livre se lit, comme l’hébreu, de droite à gauche, de sorte que la page de titre est inversée par rapport à ce que nous connaissons dans les alphabets grecs et latins. Cette Grammaire, publiée pour la première fois en 1546, fut souvent rééditée durant le XVIe siècle.

1582

3 BIB 650

Affiche de la confrérie de Notre-Dame de Montserrat
Affiche de la confrérie de Notre-Dame de Montserrat

La présence, dans un fonds familial cantalien, d’une affiche en langue française présentant la confrérie catalane de « Camera angelical de Nuestra Señora de Montserrate » prouve que la dévotion à ce sanctuaire insigne dépassait la Catalogne, et qu’elle s’étendait jusqu’en Auvergne ; elle montre indirectement l’attachement des habitants des montagnes de Haute-Auvergne à ce sanctuaire qu’ils devaient fréquenter dans leurs migrations et leurs activités commerciales.

Le bois gravé, repris de la version catalane de l’affiche, montre une Vierge à l’enfant vénérée par des confrères ; en arrière-plan se trouve le mont Serrat et ses treize ermitages. Le haut de l’affiche détaille les obligations des membres de la confrérie ; en bas, on trouve une « oraison pour une femme qui est en travail d’enfant » qui, paraphrasant le « Je vous salue Marie », demande à la mère de Jésus de protéger le fruit des entrailles de la parturiente.

XVIIe siècle

Bibliographie : L.-M. Bélard, « La frairie sanfloraine de Notre-Dame de Montserrat », dans Revue de la haute-Auvergne, 1944, p. 155-185.

Procès contre la compagnie de Chinchon
Procès contre la compagnie de Chinchon

Mémoire en réponse pour Joseph Peitavy et Jeanne Pradenhes son épouse, contre Antoine Martin et Pierre Crueghe, négociants et la compagnie des négocians français établie à Chinchon, en Espagne.

Ce procès oppose des négociants cantaliens installés en Espagne à propos d’impayés de dettes formées par des parts dans la Compagniede Chinchon (ville située à 50 km au sud-est de Madrid). Les défendeurs avaient quant à eux formé une société de commerce appelée de Colmenaz d’Aureza.

Pour donner de la publicité à leur cause, il n’était pas rare que les parties fissent imprimer le mémoire de leur avocat. Ce procès évoque la saga des négociants auvergnats dans la péninsule ibérique, qui dura jusqu’au début du XXe siècle.

Vers 1804

226 F 1

Le courrier de la Grande armée en Dalmatie
Le courrier de la Grande armée en Dalmatie

Le directeur en chef des postes de l’armée de Dalmatie charge Benoît Delzons, contrôleur des postes, d’enquêter sur les raisons du retard des dépêches de l’armée et de faire en sorte que les inconvénients du mauvais temps ne ralentissent pas le courrier.

Le provéditeur général, qui porte l’illustre nom vénitien de Dandolo, ajoute sur la lettre de mission de l’Aurillacois que toutes les autorités civiles et militaires devront lui apporter assistance dans l’exercice de cette mission. Chacune de ces deux autorités a apposé un magnifique cachet de cire rouge.

L’aventure impériale mit sur toutes les routes d’Europe des Français que rien ne semblait destiner à de telles carrières internationales. Il en résulte que les Archives du Cantal, dans le fonds de la famille Delzons, d’ailleurs récemment enrichi par un nouveau dépôt, conservent des archives sur l’organisation des postes dans les provinces illyriennes.

31 janvier 1807

Fonds Delzons, en cours de classement, carton 111

Le fabuleux destin de Gabriel Régeasse

Pierre Besson, Gabriel Régeasse. Chiffons, peaux et métaux en gros, meubles d’occasion à Laval, Mayenne.

L’auteur du célèbre Pâtre du Cantal, décrit, en un texte encore inédit, la superbe réussite professionnelle d’un cadet d’une famille de quatorze enfants de Ségur-les-Villas, monté chercher (et trouver) fortune à Laval. À la tête d’une florissante entreprise de récupération, il était parti à 14 ans, vers 1865, au service d’un ramoneur et marchand de peaux de lapins. Le pillarot fit fortune à force de travail et d’ingéniosité. Le destin de Gabriel Régeasse est le prototype de la success story à la Cantalienne.

Début XXe siècle

1 J 621

Maux et maléfices

Un incunable sur les sorcières et les devineresses
Un incunable sur les sorcières et les devineresses

Ulrich Molitor, De laniis (alias lamiis) et phitonicis mulieribus, Bâle, Johannes Amerbach, 10 janvier 1499.

On ne connaît qu’un exemplaire de cet incunable (ouvrage publié avant 1500, au berceau [en latin incunabula] de l’histoire de l’imprimerie). Dédié à Sigismond, archiduc d’Autriche, par U. Molitor, juriste de Constance, ce Traité sur les sorcières et les devineresses, dont la première édition parut en 1489, accompagna le grand mouvement de chasse aux sorcières que connut l’Occident entre les années 1480 et 1650. Le texte, qui se présente comme un dialogue entre l’auteur, l’archiduc et un magistrat chasseur de sorcières, donne les méthodes à suivre pour reconnaître les sorcières.

On les voit ici, sur ce bois gravé, jeter dans une sorte d’amphore posée sur le feu, une poule et un serpent vivants, préparant une inquiétante et répugnante potion.

1499

1 BIB 10073

Traitement de la chaudepisse
Traitement de la chaudepisse
Eau Dorval
Eau Dorval

Méthode pour traiter la chaudepisse

Des recettes manuscrites et imprimées d’apothicaires sont liées par une ficelle. On y trouve pêle-mêle : « propriété de l’eau d’émeraude », « tisanne laxative », « remede pour la fystule et les hemorroydes », « pour faire l’eau de noix », « eau Dorval », « reflexions sur la conservation des dents » et cette « méthode pour traiter la chaudepisse, les chancres, les poulains et les carnositez. »

Jean-Adrien Helvétius (1661-1727), le père du célèbre philosophe, fut un médecin fameux, qui soigna rois, princes et ministres et publia des ouvrages constamment réédité au XVIIIe siècle. Il commence sa méthode de soin des maladies sexuellement transmissibles par un diagnostic sans concession : « La chaudepisse est un écoulement de semence, tantôt vert, tantôt jaune, ou tirant sur le noir, qui survient à la suite d’un commerce impur ».

XVIIIe siècle

412 F 1

Pour préparer un collyre vitriolique
Pour préparer un collyre vitriolique

Ce recueil, compilé à Aurillac, contient des recettes pharmaceutiques, hygiéniques (« pour chasser les puces d’une chambre »), médicales (« Membre foulé : Faites pourrir dans du fumier bien chaud des fleurs de giroflées jaunes qui croissent sur les murailles »), de cuisine (« bouillon de veau rafraichissant »), ainsi qu’une copie des Annales de Labroha racontant la destruction des églises de la ville par les Huguenots en 1569. Ce mélange des genres n’a rien d’exceptionnel, et il faut attendre le XIXe siècle pour voir la médecine et la pharmacie se dissocier de la cuisine et de l’économie domestique, dans un discours évidemment plus scientifique, plus efficace, mais aussi moins poétique.

Cet inquiétant collyre au vitriol sert « contre la foiblesse des yeux, contre les serosités et l’inflammation de ces organes ».

Vers 1780

312 F 3

Alphabet manuel de sourd-muet

Aujourd’hui, dans les trains, on est parfois surpris de voir se poser en silence sur la tablette un menu objet, porte-clefs accompagné d’une petite carte expliquant que la somme recueillie en échange est le moyen de subsistance du sourd-muet qui l’a déposé.

Cet alphabet manuel en est l’ancêtre direct. La langue des signes française (LSF) ou alphabet dactyologique est légèrement différente actuellement de l’alphabet manuel de cette carte vieille d’un siècle environ.

Fin XIXe siècle

1 J 732

Guerres

Diplôme de la Légion d’honneur
Diplôme de la Légion d’honneur

Eugène de la Rocque, capitaine d’artillerie né en 1837 au Puy-en-Velay, est nommé chevalier dans l’Ordre de la Légion d’honneur. Le diplôme porte la griffe du maréchal de Mac Mahon, duc de Magenta, président de la République, ainsi que le timbre sec de la Grande chancellerie de la Légion d’honneur.

Fils d’Édouard de la Rocque et d’Ernestine Denier, il reçoit la Légion d’honneur après la guerre de 1870 ; il en deviendra officier en 1894. Ce type de diplôme figure souvent dans les archives familiales.

1875

385 F 1/50

Les embusqués au front ! Les Murataises se mettent en colère
Les embusqués au front ! Les Murataises se mettent en colère

Cette affiche, manuscrite et anonyme (mais provenant de « mères et de femmes de mobilisés ») réclamant l'application de la loi Dalbiez (« assurant la juste répartition et une meilleure utilisation des hommes mobilisés ou mobilisables ») à Murat. Les épouses de combattants n’hésitent pas à mettre en cause nommément les « embusqués civils », en particulier des fonctionnaires :

Nous voulons que ces hommes partent

Nous voulons l’application de la loi

Nous voulons la JUSTICE !!

1917-1918

1 J 484

Photographie
Photographie
Citations
Citations

Aurillac et son Poilu

Avec sa capote bleu horizon du 339e régiment d’infanterie, sa canne blanche, ses presque trente décorations et ses moustaches inimitables, Pierre Recobre (Marcolès, 1889 – Aurillac, 1983) fut, jusqu’au début des années 1980, l’archétype de l’ancien combattant de la grande guerre. Il figurait en tête des défilés commémoratifs, et les Aurillacois se souviennent de cette silhouette inimitable, personnifiant la place du premier conflit mondial dans la mémoire familiale et collective au XXe siècle.

Après son service militaire au 139e RI (1910-1912), Pierre Recobre fait la guerre entre le 4 août 1914 et le 8 août 1919. Blessé en 1915, il est plusieurs fois cité à l’ordre du régiment comme de la division, comme « brancardier courageux et dévoué ». Le 17 mai 1918, sa troisième citation le décrit comme un « brancardier dévoué, d’une audace allant jusqu’à la témérité. Volontaire pour toutes les opérations du régiment, après 22 jours de durs engagements et l’attaque du 18 avril, [il] s’est encore présenté comme volontaire pour l’attaque du 2 mai 1918, où il s’est admirablement dévoué ». Il reçoit, par décret du 2 février 1928, la croix de guerre avec étoile d’argent. Il est photographié comme soldat de 1e classe, brancardier au 339e RI, avec, outre la croix de guerre et la médaille militaire, la légion d’honneur (chevalier en 1968), le mérite (officier), sans compter d’innombrables décorations.

Photo Studio Valette

Années 1970

1 J 241/2 (photographie) et 1 R 1684, matricule 226 (citations)

Détail des corrections
Détail des corrections
Ensemble
Ensemble

La censure pendant la « Drôle de guerre »

L’Auvergne républicaine, comme tous les journaux, était censurée durant la guerre. M. Trin, ancien correcteur à l’imprimerie moderne, fit don en 1964 aux Archives départementales des épreuves, corrigées par la commission de contrôle, des éditions de la guerre, ce qui nous permet de savoir quels genres d’articles dérangeaient la préfecture.

Le 15 novembre 1939, les passages citant Bainville et Gaxotte pour mieux brocarder les projets de Société des nations chers aux radicaux comme « M. Paul Bastid », sont censurés. Pour l’État, ce qui prime, c’est l’unité nationale et la fin des querelles de l’entre-deux-guerres. À noter, une phrase malheureusement prophétique, et censurée car elle était en contradiction avec la pensée stratégique française fondée sur la ligne Maginot : « Le Roi [des Belges] et les gouvernements ont eu cette illusion terrible qu’ils pourraient conserver une quiète neutralité, sur cette terre belge, placée entre les formidables défenses de la ligne Maginot et la mer, dans une guerre de l’Allemagne contre l’Angleterre et la France »…

1939

386 F 1

La façade
La façade
Plan du rez-de-chaussée
Plan du rez-de-chaussée
Plan du 1er étage
Plan du 1er étage

Projet d’aménagement du siège de la légion française des combattants à Aurillac

La légion française des combattants est l’organisation vichyste des anciens combattants, créée le 29 août 1940 par Xavier Vallat et présidée par le maréchal Pétain. La section cantalienne entend aménager un nouveau local à Aurillac, 18 rue des Carmes. Le 8 octobre, l’architecte Pierre Terrisse présente son projet, avec les plans, l’élévation et un devis de 73.500 francs.

La façade porte l’emblème de la Légion, un casque ailé (gaulois) brochant sur un écu tricolore, lui-même posé sur une épée basse. On remarquera, sur le plan du rez-de-chaussée, à droite en entrant, le bureau des prisonniers, communiquant avec le hall d’attente par un guichet. À l’étage, outre le bureau du président et celui du trésorier, on trouve une salle de réunion, une salle d’archives et deux pièces baptisées sobrement « propagande ».

Ces papiers ont été donnés aux Archives départementales par l’historien Michel Leymarie en décembre 1965.

1941

394 F1

La flamme du soldat inconnu sous l’Occupation
La flamme du soldat inconnu sous l’Occupation

Ce flambeau a transmis la flamme du soldat inconnu de Saint-Urcize à Aurillac les 30 et 31 août 1941, à l’occasion du 1er anniversaire de la légion française des combattants.

Ce « Flambeau du souvenir » porta la flamme venant de la tombe du soldat inconnu sous l’Arc de triomphe à Paris ; il matérialise la mission, assignée par l’État français à la Légion, de « régénérer la Nation, par la vertu de l’exemple du sacrifice de 1914-1918 ».

1941

1 J 435

Brassard et béret de capitaine de FFI de Pierre Parra
Brassard et béret de capitaine de FFI de Pierre Parra

Ces deux objets proviennent de la succession de Pierre Parra (1886-1970), ancien combattant de la 1eguerre mondiale (dans les rangs du 339e RI) et membre des Forces françaises de l’Intérieur durant la Seconde. Instituteurà Pleaux, Pierre Parra est donc combattant des deux guerres, comme il l’écrivit dans ses mémoires, suggestivement intitulées Des tranchées au maquis (Aurillac, 1964).

Le sergent héroïque qui reçoit la médaille militaire de Pétain, « maréchal de France, commandant en chef des armées françaises de l’Est », en avril 1918, est le même qui, devenu capitaine de FFI, participa à la libération du territoire. Après la guerre, Pierre Parra est conseiller général de Pleaux (jusqu’en 1958) et maire de Barriac (jusqu’en 1959).

1944

532 F 1

Langue d'Oc

Liève de la cure de Sainte-Eulalie
Liève de la cure de Sainte-Eulalie

Si le terrier est un registre mentionnant avec précision les reconnaissances de tenanciers envers leur seigneur, la liève est un résumé de terrier ne comportant que les noms et le montant des cens dus. Ce petit livre résume donc le contenu d’un terrier de 1219, contenant les redevances dues au curé de Sainte-Eulalie, dans le canton de Pleaux.

Les redevances sont principalement en seigle (segil), en froment (fromen), en avoine (civada), en œufs (uous) ou en espèces comptées en deniers (diniers). On trouve aussi la mention de la dîme à la fourche (desme am forcha) : une fourchée de blé sur dix revenait au curé.

Peu après 1219

Fonds Ribier, en cours de classement

Bibliographie : R. Grand, « Les plus anciens textes romans de la Haute-Auvergne », dans Revue de la Haute-Auvergne, 1900, p. 222-228.

La parabole de l’enfant prodigue en patois d’Aurillac

L’abbé Jean Labouderie (1776-1849), vicaire général d’Avignon, chanoine honoraire de Saint-Flour, traduit phonétiquement, dans les différents parlers auvergnats, le livre de Ruth et la parabole de l’enfant prodigue. Il donne plusieurs versions de ces textes : dans « l’idiome de la paroisse de Chalinargues », en « patois d’Aurillac », en « patois de Saint-Amand-Tallende », « en dialectes romans des départements de la Charente, Haute-Vienne, Puy-de-Dôme et Cantal » – cette dernière version étant synoptique, pour permettre des comparaisons.

Le savant abbé précise qu’il est parti de la version syriaque du texte saint, « parce qu’elle doit s’approcher davantage du dialecte que parlait Jésus-Christ ». Il ajoute qu’il a voulu « faire voir l’analogie qu’il peut y avoir entre une des langues sémitiques et les idiômes du Midi de la France, qui ont dû tant emprunter de l’arabe, de l’hébreu, du syriaque et du chaldaïque, pendant les croisades et durant le séjour que les Maures ont fait dans les provinces situées au-delà de la Loire ».

Originaire de Chalinargues, Jean Labouderie fut successivement prêtre assermenté sous la Révolution, vicaire à Langeac au début du Concordat, étudiant à Paris à partir de 1804, vicaire bibliophile et érudit à Notre-Dame de Paris à partir de 1811, abbé philosophe et gallican sous la Restauration, où ce n’était plus de mode, infirme des suites d’une crise d’apoplexie à partir de 1838. Son appartenance à la Rose-Croix explique peut-être sa fascination pour les langues orientales anciennes, dans lesquelles il croit voir une source de la langue d’oc.

1825

101 F 11

Bibliographie :

Noël Lafon, Écrits occitans. Dix siècles d’écrits occitans (XIe-XXIe siècles), Aurillac, Lo Convise, 2008, p. 132-135 et ad indicem.

Hihouhou ! Traces de celte ? L’avis de Camille Gandilhon Gens-d’Armes
Hihouhou ! Traces de celte ? L’avis de Camille Gandilhon Gens-d’Armes

Le poète Camille Gandilhon-Gens d’Armes (1871-1948), originaire de Lavigerie, écrivait en langue française mais s’intéressait évidemment à la langue de son pays. Dans le cri « Hihouhou », par lequel les bergers cantaliens s’interpellent, il croit reconnaître le vieux cri celte conservé par les Irlandais. Alors que l’abbé Labouderie voyait dans l’occitan les traces de langues orientales, Gandilhon est plus sensible au substrat celte.

1941

261 F 1

Bibliographie :

Noël Lafon, Écrits occitans. Dix siècles d’écrits occitans (XIe-XXIe siècles), Aurillac, Lo Convise, 2008, p. 449-452 et ad indicem.

P. Bonnaud, « Premier retour vers Gandilhon Gens-d’armes », dans Bizà Neirà, Revue auvergnate bilingue, juin 2009, p. 11-22.

Gros livres

Un bréviaire franciscain de 20 cm d’épaisseur (avec les clous)

Breviarium romanum ex decreto sacrosancti concilii Tridentini restitutum, S. Pii V Pontificis Maximi jussu editum, Clementis VIII et Urbani VIII auctoritate recognitum ; et ad usum Fratrum et Monialium Trium Seraphici Patris sancti Francisci ordinum dispositum.

Le terme latin de « breviarium » signifie « abrégé » : il s’agit normalement d’un livre « de poche » permettant aux clercs de réciter l’ensemble de l’office divin.

C’est donc peut-être par antiphrase que ce monument de 20 cm d’épaisseur, muni d’une forte reliure renforcée de forts coins et de huit clous, s’appelle « bréviaire » ; on n’ose imaginer le volume de la version complète. En réalité, cet ouvrage était destiné à la récitation de l’office dans le chœur de l’église. Les clous et les coins métalliques permettent de préserver la reliure de ce bréviaire, d’un usage quotidien.

Ce bréviaire à l’usage de la famille franciscaine porte ses armes en frontispice : les deux mains du Christ et de saint François, marquées du stigmate (trace du clou) croisées devant la croix.

1696

F BIB 96

Terrier pour le roi de la châtellenie des Bros
Terrier pour le roi de la châtellenie des Bros

Cet imposant volume (près de 20 cm d’épaisseur) rassemble les reconnaissances féodales rendues au roi de France comme vicomte de Murat. La châtellenie des Bros (commune de Chastel-sur-Murat) faisait partie de la vicomté de Murat, réunie à la couronne en 1532, et dont le roi était donc seigneur sans intermédiaire.

Sont énumérés les biens et cens (redevances) des tenanciers envers le roi leur seigneur. Ce document donne un état incomplet, mais précis et précieux, des terres de la paroisse : incomplet, car les seigneuries n’étaient jamais d’un seul tenant, et les enclaves étaient légion ; précis, car tous les confronts de chaque parcelle sont détaillés ; précieux, car on n’a pas en Haute-Auvergne de cadastre systématique avant le XIXe siècle ; or le terrier mentionne avec précision les nom et localisation des parcelles.

1680-1682

1 J 126

Tyrans d'ailleurs

Le petit livre blanc et bleu de Kim Il Sung
Le petit livre blanc et bleu de Kim Il Sung

Kim Il (député), A propos du bilan de l’exécution des « Thèses sur la question rurale socialiste dans notre pays », élaborées par le camarade Kim Il Sung, leader respecté et bien-aimé, et des tâches ultérieures, Pyongyang, 1974. Vers le milieu des années 1970, toutes les bibliothèques et toutes les archives du monde reçurent en don les œuvres complètes de Kim-Il-Sung. La plupart des centres d’archives, qui ont toujours du scrupule à jeter des livres (en langage de bibliothèque, on emploie plutôt l’euphémisme « désherber »), ont scrupuleusement catalogué et coté ces ouvrages. L’honnêteté amène à confesser qu’ils sont peu consultés, et la justice conduit à exposer ce petit livre imprimé en république populaire démocratique de Corée.

Kim Il-Sung (1912-1994) a été le premier dirigeant de la Coréedu Nord entre la fin de la guerre et sa mort ; en 1998, il a reçu le titre de « Président éternel ». Son fils Kim Jong-Il lui a succédé, selon un étonnant principe dynastique à la fois confucéen et socialiste ; la lutte semble ouverte, en cet été 2009, entre deux des fils de Kim Jong-Il, celui-ci étant souffrant : Kim Jong-un et Kim Jong-Chul ; le beau-frère du leader, Jang Song Taek, est aussi sur les rangs.

Quoique certains classements mettent la Corée du Nord au rang du pays le moins démocratique du monde, on apprend avec intérêt qu’elle comprend au moins un député, l’auteur de l’opuscule, qui est également, il est vrai, premier ministre du Conseil de l’Administration, en vertu d’une saine séparation des pouvoirs – et qui succèda à son père sous le nom de Kim Jong-Il. Par ailleurs, l’utilisation de l’anglicisme « leader » est plutôt étonnante, de la part d’un pays qui n’est pas reconnu par les États-Unis, tout en recevant d’eux une importante aide alimentaire.

Le mot de la fin revient au camarade Kim Il : « Vive le camarade Kim Il Sung, Leader respecté et bien-aimé, grand penseur et théoricien et génie de la révolution ! ».

1974

8 BIB 809

Les joyaux du sacre de Bokassa

Jean-Bedel (1921-1996) et Catherine Bokassa, désirant se faire couronner empereur et impératrice de Centrafrique, firent réaliser par le joailler Van Cleef et Arpels, installé place Vendôme à Paris, une couronne et un diadème dignes de leur dignité.

M. Roger Salles, un Massiacois, travailla en 1977 à la réalisation de ces élégants objets ; la couronne fermée de l’Empereur est sommée d’un globe où l’Afrique argentée est percée en son centre d’un clou figurant la Centrafrique, élégamment suggérée par les lettres écrites en diamant « ECA » (Empire de Centre-Afrique). Mais ni le sérieux du joailler, ni la précision de son geste, ni la majesté des cérémonies de 1978 n’excluent la bonne humeur.

1977

1 J 429

Souverains français

Page d’écriture des rois fainéants

Les documents datant de l’époque mérovingienne sont très rares ; aux Archives du Cantal, on n’en conserve aucun. L’écriture, ici reproduite sur une planche gravée, en est caractéristique, et nous apparaît chaotique. Tranchant avec ces étranges figures, la minuscule caroline, qui s’impose dans les chancelleries et les scriptoria à l’époque carolingienne, est au contraire un modèle de clarté, qui sera d’ailleurs repris à la Renaissance et pour l’imprimerie.

Les rois Childebert III (roi d’Austrasie, 656-662), Chilpéric II (roi de Neustrie 715-719 puis roi de tous les Francs 719-721) et Childéric III (roi des Francs 743-751) n’ont pas laissé beaucoup de souvenirs dans l’histoire. Childéric III, « roi fainéant », est le dernier souverain mérovingien ; il est déposé en 751 par le maire du palais Pépin, tondu puis enfermé au monastère de Saint-Bertin.

Cette planche illustre l’ouvrage consacré par Jean Mabillon († 1707) à la « diplomatique » (De re diplomatica). Dans cet ouvrage fondamental, le savant religieux fonde la science des documents d’archives sur des principes d’examen et de critique (interne, externe) qui sont encore en vigueur de nos jours dans le métier d’archiviste ; les planches , qui présentent les écritures de façon très didactique, permettent, lorsque l’on rencontre d’autres documents, de les identifier et de les dater plus sûrement, grâce à des rapprochements formels.

1681

1 BIB 51

Matrice de sceau de la ville d’Aurillac

Le sceau et le contre-sceau, tous deux d’argent, attachés entre eux par une chaîne également d’argent, ne sont pas de la même époque. Le contre-sceau (destiné à s’imprimer au revers du sceau) est à l’origine un petit sceau de la fin du XVe siècle. Un ange en buste, nimbé, porte un écu à trois coquilles sous un chef à trois fleurs de lis. Les coquilles sont empruntées aux Astorg d’Aurillac ; le chef de France (à trois fleurs de lis) est adopté par beaucoup de villes françaises après la fin de la guerre de Cent ans, pour manifester leur loyauté à la royauté française, dont le tenant héraldique classique, depuis le XIVesiècle, est l’ange que l’on retrouve ici. La légende indique « SIGILLUM PARVUM VILLI AURELIACII » (Petit sceau de la ville d’Aurillac).

Le sceau quant à lui, qui porte les mêmes armes, est de la fin du XVIIe siècle ou du début du siècle suivant. Il est anépigraphe (dépourvu de légende). Les émaux héraldiques y sont marqués sous forme de hachures : le rouge (gueules) du champ est figuré par des hachures verticales ; le bleu (azur) du chef, par des hachures horizontales. Deux chérubins complètent la décoration.

XVe siècle (petit sceau) ; fin XVIIe-début XVIIIe siècle (grand sceau anépigraphe).

Le grand-sceau de Louis XV
Le grand-sceau de Louis XV

Louis XV avait pourvu Achille-Joseph Robert, marquis de Lignerac, de la charge de lieutenant-général de Haute-Auvergne. Mais par une autre lettre, scellée du grand sceau de France, il le dispense du serment du fait de son jeune âge et lui donne la permission de jouir des gages et appointements de sa charge. Le grand sceau de France de cire vierge représente Louis XV en majesté. La signature « Louis » est celle du secrétaire de la main, qui signait pour le roi.

1752

1 J 666

Pater, Ave et Credo nationaux, ou la chute de Charles X
Pater, Ave et Credo nationaux, ou la chute de Charles X

Il s’agit d’une transposition satirique contre le roi Charles X du Notre Père et du Je vous salue Marie. Le roi Charles X avait pris des ordonnances restreignant la liberté de la presse, ce qui provoqua dans Paris une révolution : ces Trois Glorieuses des 26, 27 et 28 juillet 1830 voient le départ de Charles X et son remplacement par Louis-Philippe d’Orléans, qui devient roi des Français, et sera chassé à son tour en 1848.

Pater

Notre Roi, qui est a Saint-Cloud, que votre nom soit detesté, que votre régne finisse tout de suite, que votre volonté soit nulle en province comme à Paris ; laissez-nous nos journaux quotidiens, pardonnez-nous la Révolution, comme nous pardonnons les ordonnances à ceux qui les ont faites, et ne nous laissez pas succomber sous les balles de Soult, mais délivrez-nous de votre presence pour toujours. Ainsi soit-il.

Ave

Je vous salue Marie patrie, au règne de la liberté que nous avons acheté au prix de notre sang, d’Orléans et La Fayette sont avec nous pour nous assurer la conservation, vous êtes la racine de tous les peuples, le successeur de Charles X est une execration a l’univers entier et la charte de 1830 est reniée ( ?) au Roi de France. Soyez maudit vous et votre clique jesuitique, maintenant et a l’heure de votre mort.

Ainsi soit-il

Fin juillet-août 1830

1 J 46

Revers
Revers
Avers
Avers
Détail de l'avers
Détail de l'avers

Grand sceau du roi Louis-Philippe

Le duc d’Orléans devient Louis-Philippe Ier roi des Français (et non de France) après la chute de Charles X. Il inaugure une nouvelle forme de monarchie : représenté de profil et tête nue, il est le premier (et le dernier) roi français à ne pas être couronné. La couronne qui figure à l’avers du sceau timbre en revanche un écu portant sobrement les tables de la loi portant l’inscription « Charte de 1830 », qui modifiait substantiellement celle de 1814, octroyée par Louis XVIII. C’est ce texte qui fonde la monarchie de Juillet jusqu’en 1848.

Le président de la République, chef de l’État, utilise encore un sceau pour sceller les lois constitutionnelles ; mais le sceau de Ve République représente la Liberté assise.

1830-1848

Sceau détaché

Hymne à Paul Doumer
Hymne à Paul Doumer

Paul Doumer (1857-1932), né à Aurillac dans la rue où se trouvent les Archives départementales, est élu président de la République le 13 juin 1931. À cette occasion, hommage lui est rendu dans son pays natal, avec lequel il n’avait d’ailleurs gardé aucun lien, même pas électoral.

Louis Debrons (1881-1941), majoral du Félibrige, est l’auteur de chansons en français et en occitan ; il met ici en musique, pour une voix accompagnée d’un piano, les paroles d’Alfred Prody.

Le début de l’hymne donne le ton : « Quelle fierté pour la terre auvergnate d’avoir vu naître et grandir Paul Doumer » ; puis Prody d’évoquer « l’humble maison », le « burin » de l’artisan, les quatre fils morts à la guerre, et la belle carrière républicaine de l’illustre Aurillacois.

La chanson est enregistrée à la S.A.C.E.M. le 5 décembre 1933, c’est-à-dire l’année qui suit l’assassinat par le Russe Gorgulov du président en exercice.

1932

1 J 38

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