Gerbert en lumières
Enluminures de Siloë
De mai à mi-août 2013, aux Archives départementales du Cantal (Aurillac), l’exposition « Gerbert en lumières » réunit douze enluminures sur parchemin réalisées par l’artiste enlumineur Siloë illustrant la vie et l’œuvre d’une personnalité hors du commun : Gerbert d'Aurillac, pape de l'an mille sous le nom de Sylvestre II : savant, philosophe, inventeur, professeur des rois et des empereurs, bibliophile éclairé et passionné de savoir.
Une leçon de vie, d'intelligence et de courage pour les hommes du XXIe siècle.
Au-delà des prédictions de fin du monde qui ont aussi bien existé autour de l’an mille comme de nos jours, l’histoire de Gerbert d’Aurillac est de nos jours éclairante car notre temps est aussi un moment de transition et de questionnement qui rappelle la fin du Xème siècle.
Cette exposition est aussi l’occasion d’évoquer la magnificence des manuscrits sur lesquels Gerbert, homme de savoir, travailla toute sa vie : des enluminures de style insulaire à celles des renaissances carolingienne et ottonienne (soit du VIIème au tout début du XIème siècle).
Siloë a réalisé douze œuvres originales sur grands parchemins de format A3 souvent pourprés et ornés de feuille d’or 23 carats pour les fonds, ou d’or à la coquille pour les lettres calligraphiées. Les scènes seront inspirées des Bibles et Evangiles ou ouvrages scientifiques de l’époque : bordures richement décorées, lettres ornées, arcatures illustrant les Tables de Canons, scènes figuratives en bandeaux horizontaux.
Composées de riches fonds ornementaux illustrant ces manuscrits anciens (entrelacs, spirales, feuillages, personnages monumentaux, architectures et animaux stylisés) l’exécution des enluminures est conforme à l’esprit et aux usages du temps de Gerbert, peinture aux pigments liés à l’œuf, dorure sur assiette artisanale, gamme colorée en harmonie avec les manuscrits de cette époque.
Ces douze enluminures sont ornées de pensées issues des écrits de Gerbert qui nous a laissé une vaste correspondance et illustrent les facettes de sa vie et de sa personnalité (la traduction latine a été supervisée par Madame Martine Vermande).
La source de Gerbert, homme de foi et de paroles : évocation d’un manuscrit de style insulaire.
Ses origines, son éducation religieuse et intellectuelle, sa vie au monastère, sa découverte de l’amitié qui jouera un rôle très important dans sa vie : bordure et lettres ornées carolingiennes.
Barcelone, Rome, Reims, Bobbio, Aix la chapelle, les influences Mozarabe, Byzantine, Romaine, Grecque… Evocation de son voyage vers la Catalogne par des scènes narratives de style antique inspirées du Livre d’Egbert (Reichenau vers 980).
Ses rencontres avec le Pape et Otton Ier, sa tentative de restaurer le monastère de Bobbio… Portrait de Gerbert dans son cabinet de travail entouré de ses inventions, d’après l’un des chef-d’œuvres de l’enluminure ottonienne : les Evangiles de la Sainte-Chapelle.
Ecolâtre, conseiller et secrétaire, réformateur et administrateur. Grand portrait de Gerbert sur fond pourpre terrassant les démons de l’ignorance et enseignant le jeune Otton III. (Or à la coquille)
Son élection, son action de réformateur et de conseiller des Rois et de l’Empereur : grande lettre ornée de style ottonien et lettres d’or sur fond bleu outremer.
La force de sa foi l’aide à traverser les tourments. Grand personnage sur fond pourpre sous arcatures inspiré de l’Evangéliaire d’Otton III. (Reichenau vers 998).
Fidélité et soutien de Gerbert pour la construction d’un empire européen chrétien. Début de réalisation en Pologne et en Hongrie. L’enluminure représente l’hommage des provinces à l’Empereur en présence de Gerbert dans un style évoquant l’influence byzantine apportée par l’Impératrice Théophano, épouse d’Otton II.
Portrait de Gerbert en pape dans un style roman (inspiré de la Bible de Saint-Martial de Limoges et d’après des dessins de chapiteaux ottoniens de l’église Saint-Géraud d’Aurillac).
Evocation de la dépravation des mœurs et de l’espoir de la révélation finale dans le style d’une page du Beatus de Facundus (Espagne, début XIe siècle).
Son grand savoir lui vaut sa réputation sulfureuse. Evocation du Péricope d’Henri II (début XIe siècle) pour illustrer sa force intérieure.
Création du blason de Gerbert avec cri de guerre et devise soulignant son identité et son idéal.