Archives du Cantal
Biographie ou histoire

Le monastère bénédictin Saint-Pierre de Mauriac fut fondé pour permettre aux moines de l'abbaye de Saint-Pierre-le-Vif de Sens de gérer les domaines auvergnats qu'une princesse mérovingienne, Théodechilde, avait donnés à cet établissement au VIe siècle. Le prieuré dirigé par un doyen, - on dira donc plus exactement le prieuré ou le doyenné de Mauriac -, s'émancipa partiellement de la tutelle sénonaise au cours du Moyen Age, jusqu'à finalement perdre son indépendance au profit d'une famille aristocratique, les Montal, barons de Laroquebrou, au début du XVIe siècle. La commende et la confidence ruinèrent l'établissement durement secoué par les guerres de Religion au même moment (prise de Mauriac en 1574 par les huguenots).

La réforme fut introduite en 1628-1630 par des mauristes de Limoges à la demande d'un petit groupe de moines. Dès lors le monastère connut une période de calme et se maintint jusqu'à la Révolution, qui lui fut fatale comme institution, tandis que les bâtiments étaient aliénés, réaffectés ou détruits (l'église du monastère fut démolie à l'initiative du maire Grasset, sous Louis XVIII).

L'établissement était richement possessionné tout autour de Mauriac, dont la seigneurie appartenait à l'abbé-doyen. Des prieurés et cures rurales dépendaient du monastère (Arches, Le Vigean, Bassignac) dont les domaines corporels et incorporels s'étendaient aussi en Limousin (Soursac).

Historique de la conservation

Un établissement de l'importance de Mauriac (une vingtaine de moines à la belle époque médiévale ?) aurait dû laisser un riche fonds d'archives. De fait c'est le seul monastère de Haute-Auvergne qui ait laissé un ensemble cohérent. Cependant les protestants au XVIe siècle, des fermiers-hommes d'affaires abusifs au XVIIe siècle, la Révolution au XVIIIe siècle éprouvèrent un ensemble que selon toute vraisemblance des dispersions affectèrent au XIXe siècle encore : les réintégrations ou dons de particuliers et les découvertes fortuites (jusqu'au presbytère d'Arpajon) en témoignent assez.

Présentation du contenu

Fonds riche pour ce qui concerne les domaines et la censive, il avait été classé au XVIIIe siècle et doté d'un plan de classement en 27 layettes (augmenté jusqu'à 29) qu'il n'a pas été possible de respecter, en raison principalement de la complication qu'avait introduite la réforme mauriste (suppression des offices claustraux) et la séparation entre la mense conventuelle et la mense abbatiale. La suppression des offices n'avait pas aboli titres ou appellations des officiers, mais seulement l'affectation particulière des revenus.

Le cadre de classement était le suivant (par layette) :

- 1 : lettres patentes des rois et fondation, privilèges et réforme ;

- 2 : fontaine, bâtiments, hommages et revenus, rentes ;

- 3 : pitancerie ;

- 4-6 : office de cellérier ;

- 7-9 : office de chambrier ;

- 10 : office d'infirmier ;

- 11 : office d'aumônier ;

- 12 : prieur claustral ;

- 13 : office de trésorier ;

- 14 : titres communs ;

- 15 : prieuré de Bassignac ;

- 16 : prieuré du Vigean ;

- 17 : prieuré du Falgoux, d'Orcet, de Saint-Etienne et Saint-Victour ; vicairie Saint-Thomas ;

- 18 : nouvelles égalations de cens et rentes ;

- 19 : pensions, droits et affaires réciproques entre doyen et religieux ;

- 20 : affaires avec les jésuites ;

- 21 : vicairies dépendant du monastère ; sacristie, prêtres et curé de Mauriac ;

- 22 : anciens égalements ;

- 23-24 : procédures ;

- 25 : rentes dues, mémoires de fournisseurs, etc. ;

- 26 : doyenné en commende ; hôpital de Mauriac ;

- 27 : consuls et ville de Mauriac ; copie de titre, etc.

Ce cadre a été suivi cependant pour le classement des titre anciens (XIIIe-XVe siècle), pour des raisons de commodité de conditionnement. Quant aux cotes anciennes en usage aux archives départementales (17 H 1 à 30), elles ne correspondaient à aucun classement et aucunes concordance ne pouvait être dressées dès lors que l'ancienne cotation avait même précédé l'éviction du fonds de documents sans rapport avec le doyenné de Mauriac.

On déplorera certainement le caractère inégalitaire des lacunes, qui affectent principalement le personnel monastique et les bâtiments. Il faut espérer que les sources complémentaires apporteront un secours décisif dans ces deux domaines au moins.

Sources complémentaires
Sources internes

La caractéristique principale des sources complémentaires de l'histoire du monastère de Mauriac est leur dispersion et leur faible importance quantitative pour la plupart.

Série B (cours et juridictions avant 1790) : la justice seigneuriale de Mauriac, qui appartenait aux bénédictins, n'a laissé que des épaves, cotées en sous-série 16 B.

En revanche, les juridictions royales qui eurent à connaître des affaires contentieuses du monastère (bailliages d'Aurillac et de Salers) ont laissé des fonds (sous-séries 1 B et 14 B).

Sous-série 3 E (notaires) : le minutier notarial de Mauriac devrait livrer une importante documentation de la fin du XVIe siècle à la fin du XVIIIe siècle.

Série F (acquisitions par voie extraordinaire) : les dons et dépôts concernant les bénédictins de Mauriac sont peu nombreux et de peu d'importance. On se raportera dans l'inventaire manuscrit de la série aux analyses des articles côtés 106 F ; 113 F 7 ; 118 F 54, 57, 610 et 612 ; 157 F 1 ; 310 F (plans) ; 346 F 3 (chronique de Mauriac de L. Mourguyos) ; 366 F 7 et 12 ; 403 F 3 et 4.

Série L (administrations du département, des districts et des cantons, 1790-1800) : tout le fonds du département et celui du district de Mauriac devront être consultés pour connaître le sort des moines et surtout la dévolution des biens du couvent. Registres de délibérations et de pétitions fourmillent de renseignements.

Sous-série 4 N (bâtiments départementaux) : on y consultera les dossiers relatifs à la prison et au palais de justice de Mauriac, établis dans l'enceinte monastique.

Sous-série 1 Q (domaines nationaux) : outre les documents communs relatifs aux estimations et aux ventes, on consultera 1 Q 496, 499, 502, 528, 545, 578 et 592 (dossiers relatifs aux biens corporels et incorporels et aux cures à Ally, Anglards, Arches, Bassignac, Chalvignac, Drugeac et Jaleyrac) ; 1 Q 631 (description des bâtiments, 1792), 635-637 (déclaration des biens et comptabilité pré-révolutionnaire) ; 1 Q 1299 (vente de l'église, 1813).

On trouvera un complément concernant le sort des bâtiments de Mauriac dans les dossiers d'administration communale de Mauriac (sous-série 2 O).

Sous-série 1 Mi (microfilm de complément) : 1 Mi 42, terrier du cellérier du monastère (1471-1479).

Sources externes

Archives du Puy-de-Dôme et de l'Yonne :

Mauriac et son doyenné se trouvaient dans la généralité de Riom et dans le diocèse de Clermont. C'est pourquoi il sera nécessaire de consulter aux Archives départementales du Puy-de-Dôme la série C (intendance) et la sous-série1 G (évêché), ainsi que la sous-série 2 G (chambre ecclésiastique) pour ce qui concerne la fiscalité de l'Eglise. On n'oubliera que les procès du monastère, en première instance mais aussi en appel, se déroulèrent pour certains d'entre eux à la sénéchaussée de Riom, et que la série B du département du Puy-de-Dôme devra être consultée.

Série C : il y a lieu de renvoyer le chercheur à l'index de l'inventaire de la série, composant la plus grande partie du tome 7, paru à Clermont-Ferrand en 1937 (p. 334-335). Les ocurences sont nombreuses.

Série G : - 1 G 5/28 (folio 11) et 1 G 978 (folio 2 v°) : visites de l'évêque de Clermont, 1490 et 1508 (voir aussi les visites des prieurés et cures rattachés au monastère) ;

- 1 G 1516, 1518 : généralités et droit de visite de l'évêque au monastère de Mauriac ;

- 1 G 1258-1456 : insinuations ecclésiastiques (1554-1789), pour tout ce qui concerne les "carrières" monastiques notamment ;

- 2 G : passim pour tout ce qui concerne la consistance des bénéfices, les aliénations au XVIe siècle, les impositions (décimes et dons gratuits).

Le fonds de l'abbaye de Saint-Pierre-le-Vif-lès-Sens, aux Archives départementales de l'Yonne, sera consulté avec profit pour les documents ou copies de documents anciens relatifs au doyenné de Mauriac et à ses relations avec l'abbaye de Sens (cotes H 167 et 244).

Archives nationales :

On ne peut que se borner à indiquer des documents aisément repérables au moyen des instruments de recherche des Archives nationales, et le chercheur devra inévitablement se tourner vers les fonds massifs et moins accessibles eu égard à leur richesse, tels que celui du parlement de Paris (série X), auquel aboutirent en appel la plupart des procès du doyenné du Moyen Age à la Révolution, et celui du Conseil du roi (série E), car les moines eurent forcément recours à cet organe de gouvernement et haute juridiction.

Les sous-séries G8 (agence générale du clergé, voir notamment G8 1203 et cotes suivantes sur les aliénations temporel ecclésiastique au XVIe siècle) et G9 (commissions des réguliers et des secours, intéressante pour la partie concernant la commission des réguliers) devront être consultées également. Enfin les sous-séries F13 et F16 livrent quelques cotes de dossiers relatifs au bâtiment de la prison de Mauriac (ancien doyenné) : ces cotes sont détaillées dans le répertoire de la série Y des Archives du Cantal (établissements pénitentiaires), publié en 1992.

Dans le détail on peut donc citer, dans un ordre logique :

L 861, n° 17 (abbaye de Saint-Denis) : état des bénéfices dépendant du doyenné de Mauriac (s.d.) ;

M 723, n° 150-154 : notes préparatoires au Dictionnaire historique de l'ordre de Saint-Benoît (XVIIIe siècle) ;

F14 8497, fol. 14 : plan de Trudaine (XVIIIe siècle ;

F19 410-411 : comptes des bénédictins de Mauriac (1792) ;

F19 600 : déclarations d'intention et inventaire de biens des bénédictins de Mauriac [1790] ;

4 AP (chartrier de Brienne) : les dossiers de la commission des réguliers, créée en 1766 pour examiner l'état des établissements et envisager des suppressions, furent partiellement conservés dans les papiers des Loménie de Brienne. Voir notamment 4 AP 66-74 (congrégation de Saint-Maur) et 4 AP 94 ;

D XIX (comité ecclésiastique de l'Assemblée nationale constituante) : notamment D XIX/14 (dossier 208, n° 72), D XIX/18 (dossier 272, n° 5 et 9), D XIX/50 (dossier 72, n° 9), D XIX/99 (feuille 96, n° 14), D XIX/101 (feuille 405, n° 1).

Voir également les archives de la congrégation des Sacrés coeurs de Jésus et Marie, qui récupéré un dépôt non classé du couvent des Vaysses (monastère et congrégation de Mauriac).

Bibliographie

Le monastère de Mauriac a inspiré d'excellents auteurs, bien documentés, mais qui n'eurent pas le loisir ou l'envie de donner une synthèse générale de l'histoire de l'établissement. Ces monographies et articles anciens sont voués à la narration d'évènements parfois très marquants et à la description ou à l'édition des sources, et notamment des sources parisiennes dispersées entre Bibliothèque nationale et Archives nationales.

Enfin les fouilles archéologiques menées au cours des dernières années sur le site du monastère ont relancé une recherche documentaire un peu assoupie depuis le début du siècle.

Dictionnaire statistique, ou histoire, description et statistique du département du Cantal, tome 4, Aurillac, 1856, article Mauriac, page 207-306 (par Emile Delalo) (cote ADC : 2 BIB 5078).

Ribier (Louis de), La chronique de Mauriac par Montfort, suivie de documents inédits sur la ville et le monastère, Paris et Mauriac, 1905, 260 pages [dont 170 d'édition de textes commentés.] (cote ADC : 2 BIB 515).

Joubert (Edouard), "Le monastère bénédictin de Mauriac aux XVIIe et XVIIIe siècles d'après les papiers de l'abbé Chabau", dans Revue de la Haute-Auvergne, 1981, pages 1-12 [sur les documents et copies de documents conservés dans un fonds privé.] (cote ADC : RHA 1981).

Larcena (Dominique), "Les origines du monastère de Mauriac", dans Revue de la Haute-Auvergne, 1987, pages 123-138 (cote ADC : RHA 1987).

Phalip (Bruno), "La Charte de Clovis", dans Revue de la Haute-Auvergne, 1987, pages 567-607 (avec cartes), et 1988, pages 670-696 (cote ADC : RHA 1987 et 1988).

Missonnier (Jeanne), "Le monastère Saint-Pierre de Mauriac", dans Revue de la Haute-Auvergne, 1987, pages 179-271 (photos et plans) [mise au point après les récentes campagnes de fouilles.] (cote ADC : RHA 1987).

Missonnier (Jeanne), "Mauriac, le monastère Saint-Pierre", dans Bulletin monumental, tome 146/1 (1988), pages 37-40 (avec photos) (cote ADC : 106 PER 10).

Réseau paroissial et établissements monastiques : 1-La charte de Théodechilde, la paroisse carolingienne de Soursac, le prieuré Saint-Pierre de Mauriac / Christain Bouiges ; Françoise Daymard. – Édition de 2004 mise à jour. – [Chez l'auteur], 2010 (Cote ADC : 4 BIB 1237).

Permalien de la notice
Partager sur