Comme l'écrit Jean-Loup Lemaitre, "Étienne Baluze, né à Tulle le 24 novembre 1630 et mort à Paris le 28 juillet 1718, est sans conteste l'un des plus grands érudits du règne de Louis XIV, l'égal de Mabillon, dont il fut l'ami. Son œuvre est immense - deux cent soixante quatre notices au catalogue de la Bibliothèque nationale de France. C'est un de ces érudits dont on utilise toujours les travaux : (…) son histoire généalogique de la Maison d'Auvergne est toujours en usuel au département des manuscrits de la Bibliothèque nationale de France" (1).
Outre la transcription d'actes médiévaux (dont certains ont disparu désormais) pris dans tous les dépôts d'archives d'Europe (trésor des chartes, cartulaire de Sauxillanges, archives pontificales, etc.), Baluze reproduit l'image de sceaux, de tombeaux, d'objets et de monuments significatifs. A ces gravures il ajoute des lettrines, des vignettes et des culs-de-lampes décoratifs.
Bertrand V [nommé VI par Baluze] de la Tour, comte d'Auvergne († 1461), donna au XVe siècle à l'église de Vic-le-Comte un reliquaire d'une dent de la Vierge ; la boîte est tenue par deux anges ; elle porte les armes écartelées, au 1 et 4, comté d'Auvergne ; aux 2 et 3, La Tour ; brochant sur le tout, Boulogne.
L'une des vignettes du tome II, due à S. le Clere, met en scène le meuble héraldique parlant des la Tour d'Auvergne : une tour. Une tour est juchée au sommet d'un rocher ; des boucliers y sont suspendus, et elle porte à son sommet sept étendards portant un dauphin (Dauphiné d'Auvergne), un gonfanon (Comté d'Auvergne), un léopard, un semé de lis (France et/ou évocation du semé de lis des armes de la Tour), trois tourteaux (Boulogne), une fasce (Bouillon) et la croix de Jérusalem. Le rocher est environné d'une mer déchaînée, où un navire est en perdition ; le ciel est zébré d'éclairs. Devant le rocher flotte un cartouche portant "IMMOTA ET INCONCUSSA EST" (Elle [la tour] est inamovible et intouchée). Un phylactère, entouré de deux anges embouchant les trompettes de la victoire, est déployé au-dessus du ciel d'orage : "MILLE CLYPEI PENDENT EX EA" (Mille boucliers y sont suspendus). En bas de l'image, un gonfanon auvergnat repose sur un autre phylactère portant "FUNDATA SUPRA FIRMAM PETRAM" (Fondée sur une pierre ferme). Cette tour inexpugnable et bâtie sur le roc, insensible aux éléments, ornée de mille trophées et de prestigieuses bannières, représente la maison de la Tour d'Auvergne dans sa puissance et sa gloire. Peut-être l'allusion à la pierre sur laquelle repose la tour, qui évoque la pierre évangélique et pontificale ("Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église", Mt 16), rappelle-t-elle le mariage de Marie-Madeleine de la Tour d'Auvergne avec Lorenzo II de Medici, neveu du pape Léon X (1513-1521).
Cote ADC : A BIB 11 (1 et 2), Étienne Baluze, Histoire généalogique de la maison d'Auvergne justifiée par chartes, titres, histoires anciennes et autres preuves authentiques, Paris, Antoine Dezallier, 1708, t. II.
(1) Jean-Loup Lemaitre, préface de GILLET, Patricia, Étienne Baluze & l'histoire du Limousin, Genève, 2008
- Vic-le-Comte (Puy-de-Dôme, France)