Le volcan, la Jordanne et la Cère : aquarelles de Monique Gonnelle
Le village de Bénech, au-dessus de Mandailles, constitue pour Monique Gonnelle un belvédère sur le volcan, à l’ombre du puy Mary et du puy Griou. Rayonnant autour de la maison de famille où elle vient se ressourcer chaque année, elle lave des aquarelles non seulement dans sa vallée de la Jordanne, mais également dans celles de la Cère et de la Doire, et dans le Cantal : Apchon, Fabrègues, Moissac, Bredons, Roffiac, Dienne. Mais les sujets se concentrent naturellement sur le volcan et ses sommets ou ses cols : Usclade, Bataillouze, Rombières, Griounot, Elancèze.
Née à Paris en 1934, elle est la fille de Pierre Gonnelle, dessinateur d’ascendance lyonnaise et savoyarde et d’Eugénie Magne, originaire de Mandailles. Durant la guerre, la famille est repliée dans le Cantal ; son père travaille dans le cabinet de l’architecte Pierre Terrisse. Sa mère peint ; son frère cadet deviendra architecte des bâtiments de France : la famille a des prédispositions pour le dessin !
Élève, durant la guerre, à l’externat Sainte-Marie rue du général Destaing à Aurillac, elle entre ensuite au lycée Jules-Ferry, puis rejoint le lycée Fénelon à Paris, où elle obtient un baccalauréat littéraire. Professeur d’art plastique de la ville de Paris, Monique Gonnelle est intégrée à l’Éducation nationale avec l’équivalent du CAPES. Elle suit en parallèle, avec son père, les cours du soir de l’École du Louvre. Sa carrière se déroule dans plusieurs collèges de l’académie de Créteil – moins verte que celle de Clermont. Elle s’est adonnée à son art dans diverses techniques : gouache, aquarelles, huile, croquis, et, sur le tard, photographie. En Auvergne, elle a exposé à Mandailles, à Lascelle, à Aurillac, à Brioude et à Lavaudieu.
Les aquarelles de Monique Gonnelle révèlent un paysage intérieur doux et clair, construit dans l’harmonie et la couleur. Elle maîtrise avec virtuosité les verts cantaliens, dont la palette estivale est si complexe et si belle ; elle les harmonise avec les bleus et les mauves, et les rehausse des touches de couleurs vives des fleurs de montagne, dont est plein sont beau jardin de Bénech.
Ces aquarelles évoquent le Poème à vivre de Pierre Moussarie (1910-1978), le poète de la vallée de Mandailles, d’une génération son aîné, paru en 1962 dans son recueil Campagne :
Loin de la ville dévorante
Et de sa vorace banlieue
Nous nous trouverons, un matin,
Dans quelque chemin de traverse,
Etonnés, muets et ravis
D’entendre le chant d’une caille
Blottie sous un coquelicot.
Et nos yeux, qui savent toujours
La juste valeur d’une larme,
Luiront comme des feuilles neuves…
Mme Gonnelle avait déposé en 2012 un travail artistique réalisé en 1960 sur les burons (figurant dans l’exposition) ainsi que des dossiers documentaires, les vierges et majestés romanes comme sur les croix. À l’issue de l’exposition, les aquarelles ici présentées entreront à leur tour dans les collections des Archives départementales.