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Un exemple de procédure. En août 1698, devant Antoine Contrastin, "advocat en parlement, expéditeur en la cour ordinaire" de la justice seigneuriale d'Anjony, se présente Bertrand Camy, de Tillit de Tournemire, âgé de 62 ans. Il dépose sa plainte en racontant que, la veille, en allant de Cros à Tillit, " en son chemin et a l'endroict qu'on nomme Lou Pompet proche le Puy Deltelhiol, il entendit et vist venir apprès luy Jozeph Fayet, aussy habitant dudict village de Tillit, quy estoit a cheval, tout esmu de collère ; et lorsqu'il fust proche de luy, il luy demanda d'où il venoit, a quoy ledit Camy respondit qu'il venoit de Cros, et ledit Fayet luy dict aussy qu'il venoit de Saint-Cirgues-de-Malbert ; et, ensuitte, dans un dessein premeditté, et en haisne de ce que le jour deparavant le gendre dudict Camy, plaintif, estant allé dans son pré appelé de Lassaigne, il trouva le bouvier dudit Fayet quy detournoit l'eau de fortune qui dessant dudit village lorsqu'il pleut. "Evidemment le gendre se fâcha" un peu" (son beau-père n'en dit pas plus) à l'encontre du bouvier, qui répond qu'il agit sur l'ordre de son maître. Le lendemain, donc, le maître et le beau-père se rencontrent, et les choses s'enveniment : "Ledit Fayet poussa son cheval proche dudit plaintif, le print par les cheveux, les luy tira en hauteur ". L'autre, pour se garantir des mauvais traitements, comme " il ne pouvoit resister a sa force et viollence, il s'ecarta après luy avoir eschappé ; quoy voyant, ledit Fayet, perseverant dans sa mallice et furrye, descendit de cheval et reprint derechef ledit plaintif par les cheveux, le jeta par terre et le mordit a la main droite, en deux endroits, l'un a un doigt et l'autre au-dessus de la main, et encore le mordit a la main gauche, comme vous est apparu par les blessures et cicatrisses et sanie qu'il en estoit sorty (…) comme il luy rompit et dessus son justaucorps en trois ou quatre endroits, en profferant toujours des injures atrosses et diffamatoires, l'appelant "coquin", "pendu", "voulleur et crocheteur des coffres de la maison et chasteau de Regaud" [Ragheaud], et qu'il meristoit d'estre pendu ; et, sans l'assistance d'aucunes personnes, quy y accoururent, ledit Fayet auroit achevé d'assommé (…) ledit plaintif. "On ne connaît la suite donnée à cette plainte, cette requête demeurant une pièce isolée des archives familiales. Ce type de document, en tous les cas, donne une illustration très éloquente des rapports sociaux : l'eau est un enjeu majeur de la vie agricole et villageoise. Les choses, sous ce rapport, n'ont guère changé. On est étonné de la manifestation de cette violence : tirer les cheveux et mordre ne nous paraissent guère des moyens "virils" de régler un contentieux - mais foin des stéréotypes ! Les injures, aussi, traduites en français mais probablement échangées en langue d'oc, font penser à Molière.
- Commentaire
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Ancienne cote : Tournemire 76, 77
- Mots-clés lieu
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- Tournemire (Cantal, France)
- Tournemire (Cantal, France) -- Château d'Anjony
- Mots-clés matière
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- Procès
- Château
- Mots-clés personne
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- Anjony, Jacques d' (1647-1717)
- Salers, Louise de
- Salers, François de
- Mossier, Marguerite
- Léotoing d'Anjony (famille de)
- Anjony (famille d')
- Léotoing (famille de)
- Tournemire (famille de)
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