La loi Cornudet, votée en 1919, oblige les villes de plus de 10.000 habitants à se doter d'un plan d'aménagement, d'embellissement et d'extension. À Aurillac, c'est l'architecte parisien Maurice Fournier qui planche, en collaboration avec deux architectes aurillacois, Croizet et Terrisse.
Ce plan a été étudié par Vincent Flauraud, qui publiera sur lui une étude complète dans la Revue de la Haute-Auvergne. Voici comment on rêvait Aurillac en 1922 : tranchées impitoyables dans le centre ancien ; aménagement d'un marché couvert à la place de la maison Labroha ; construction d'un casino environné d'hôtels de luxe près du parc des sports et descendant en terrasses vers le centre-ville ; aménagement d'une sorte de boulevard périphérique ; aménagement d'une promenade aux Alouettes ; construction d'un abattoir au bord de la voie de chemin de fer ; construction à la gare d'une passerelle enjambant les voies ; aménagement d'un jardin public à Lescudiller ; construction d'un théâtre au Square, en face du palais de justice ; aménagement d'un jardin dans la cour de la caserne Delzons (le régiment venait d'être dissous) et se prolongeant jusqu'au bord de la Jordanne.
Partout sont créés des perspectives, des points de vue et des passages. Comme on le voit, si certains projets ont été repris, parfois des années plus tard, parfois sans se rappeler qu'ils avaient été imaginés en 1922, d'autres sont demeurés à l'état d'utopie. Mais l'étude rétrospective de la prospective ou, pour le dire autrement, l'histoire des utopies, nous instruit sur les aspirations (des architectes et des décideurs) d'une époque ; quant à l'utopie, elle capte un peu d'air du temps, le recycle et le retraite, et renvoie dans l'atmosphère des idées qui font parfois leur chemin.
Cote ADC : 1 Fi 513 (ex 1 Fi Aurillac 14)
Centre historique des Archives nationales, F/2/2951
Centre de documentation de l'urbanisme à Paris : rapport de Viviane Claude intitulé « Les projets d'aménagement, d'extension et d'embellissement des villes (1919-1940). Sources et questions », 1990
Liste de villes françaises visées par la loi Cornudet (CHAN, F/2/2951) :
Pour le Cantal, Aurillac figure donc parmi les villes de plus de 10000 habitants et son projet a abouti (décret d'utilité publique du 18/2/1926). Mais Riom-ès-Montagnes et Neussargues figurent dans la catégorie des communes « ayant demandé leur assujettissement à la loi » (cf. regsitre de délibération de Riom-ès-Montagnes, conservé en mairie), sans que le projet n'ait abouti . Aucune commune ne figure dans le Cantal dans les catégories « en voie d'accroissement », ni « station balnéaire, maritime, hydrominérale, etc, soumise à la taxe de séjour », ni « agglomérations présentant un caractère pittoresque, artistique ou historique ». A l'échelle de l'Auvergne, 29 villes étaient visées (dont 3 dans la catégorie « ayant demandé leur assujettissement » où se trouve, en plus des 2 villes du Cantal, Bellerive-sur-Allier, qui elle a vu son projet aboutir en 1931). En tout, sur les 29, 8 projets ont abouti. (Informations communiquées le 27 novembre 2009 par Bénédicte Renaud, conservateur du patrimoine au Service de l'inventaire - Conseil régional d'Auvergne)
- Aurillac (Cantal, France) -- Plan -- 1900-1945