Cette "Lettre d'un électeur royaliste à M. de Pradt" est publiée en novembre 1820, à l'occasion des élections à la Chambre. Ces pages, pleines de drôlerie et d'ironie, manifestent l'incompréhension d'un royaliste anonyme pour les prises de positions libérales de l'abbé : comment, malgré tous ces "gages donnés à la royauté et à la religion", qui le lui ont bien rendu, et malgré "trois ou quatre ans d'élucubrations philosophiques et même un peu jacobines", l'abbé peut-il être du côté des libéraux, c'est-à-dire favorable à l'instauration d'un régime représentatif (alors que la loi sur les élections supprime la gauche de la chambre des députés) et à des réformes de structure (plutôt qu'à une politique ultra et contre-révolutionnaire) ?
L'opposition de De Pradt à la loi sur les élections lui vaudra d'être jugé (et acquitté) par le cour d'assises de la Seine ; il est surveillé par le police durant toute la durée de la Restauration. L'abbé, gallican et libéral, n'est pas de la race des Ultras qui voteront, cinq ans plus tard, la loi sur le milliard des Emigrés, contre laquelle il se battra avec force.
ADC, D BIB 554