En parcourant La Montagne
Trente ans d'images (1955-1984)
En parcourant La Montagne
Trente ans d'images (1955-1984)
Hier comme aujourd’hui, le journal La Montagne constitue pour nombre d’Auvergnats la référence en matière d’actualité locale. Sa longévité – le premier journal est créé à Clermont-Ferrand en 1919, avant que ne soit lancée en 1944 l’édition cantalienne – et sa couverture assidue des événements de proximité comme nationaux et internationaux, ont donné à ce quotidien une aura durable. Elles ont également fait de ce dernier, une source d’informations de premier ordre pour les amateurs d’histoire contemporaine, qu’ils soient chercheurs confirmés ou simples curieux.
L’une des richesses de La Montagne, peut-être encore trop méconnue, est son iconographie : journalistes et photographes, au cours de leurs reportages sur le terrain, ont ainsi réalisé un nombre considérable de clichés dont la variété reflète les aspects très divers que le journal a pu traiter : rassemblements, rencontres de personnalités, grands travaux, compétitions sportives, festivités, mouvements sociaux, aléas climatiques, faits divers, événements agricoles et culturels… qui sont autant de témoignages précieux et vivants d’une société connaissant alors de profondes transformations.
Suite à une collaboration lancée en 2011 avec le groupe Centre France, les Archives du Cantal sont dépositaires du fonds photographique de l’agence aurillacoise de La Montagne, dont elles assurent la valorisation. L’ensemble est constitué de près de 100 000 négatifs – tous au format 6x6 et en noir et blanc – et couvre une période allant de 1955 à 1993. Chaque cliché est numérisé, identifié, coté, décrit, indexé finement avant d’être mis en ligne sur le site des Archives : avec plus de 80 000 clichés traités à ce jour, pour l’immense majorité inédits, il s’agit donc d’une base de données riche et utile mise à disposition de tous.
L’exposition proposée ici, s’arrêtant à l’année 1984, n’a donc aucune prétention à une exhaustivité, de toute manière irréalisable : une soixantaine de clichés ont ainsi été retenus, sélectionnés pour leurs valeurs historique, sociale ou tout bonnement esthétique, parfois aussi par coup de cœur, par éclat de rire. À travers ces photographies, vous êtes invités à remonter le temps et à découvrir, ou vous remémorer, ces événements d’une époque pas tout à fait révolue.
Marion Blocquet, directrice des Archives départementales du Cantal
Conception : Laure Barbet, Marion Blocquet, Hortense Digonnet, Marie-Noëlle Gailhac, Philippe Michalet, Bernard Moissinac
Montage : Philippe Michalet, Laurent Joly
La banquise en Auvergne
14 mai 1966
Avec une fraiseuse de 14 tonnes, les Ponts et Chaussées ont creusé une tranchée de 2500 mètres, profonde à certains endroits de plus de 5 mètres, pour l’ouverture du col du Pas de Peyrol. Ce dernier a la triste particularité de compter parmi les cols routiers auvergnats fermés en premier au début de l’hiver et rouverts en dernier. La tâche est ardue, il faut d’abord piqueter le passage emprunté par la fraiseuse. Ce piquetage doit correspondre au tracé de la route afin d’éviter que l’engin ne butte dans le roc ou ne plonge dans le ravin. Pour partir à l’assaut de ce gigantesque mur blanc accroché au flanc de la face nord du Puy Mary, ceux qui marquent le tracé doivent s’engager sur la pente presqu’à l’à pic sur une couche de neige très dure et en résistant, autant que faire se peut, aux rafales de vent.
31 NUM 12988
24 mai 1980
Après plus de sept mois de fermeture le col du Pas de Peyrol est ouvert à la circulation. La fraiseuse a dégagé la dernière congère haute de deux étages, le vendredi 23 mai 1980.
31 NUM 59832
Spectacle chorégraphique de la fête départementale des écoles
4 juin 1961
Pour la fête départementale des écoles publiques, près de 6 000 personnes ont pris place dans les gradins du stade Jean-Alric afin d’assister, entre autres, à la « Leçon des Lendits ». Démocratisée dans les années 1950 par l’Union Sportive de l’Enseignement du Première degré (USEP), une partie de ses épreuves consiste en un mouvement chorégraphique spectaculaire réunissant de nombreux élèves, ici exécuté sur des airs folkloriques d’Auvergne.
31 NUM 5919
Massacre des toupines, place Saint-Géraud à Aurillac
15 juillet 1961
A l’occasion des jeux organisés à Aurillac pour célébrer le 14 juillet, les enfants du quartier Saint-Géraud ont pu s’adonner au « massacre des toupines » qui consiste à briser, à l’aide d’un bâton et les yeux bandés, de vieux pots et cruches remplis d’eau, de terre, ou de saucissons ! Malgré un temps peu clément ce jour-là, ils ont également pu participer aux traditionnelles courses en sac et à l’œuf.
31 NUM 6115
Doyen des chasseurs à Saint-Julien-de-Jordanne
30 août 1961
Précédant le dimanche de l’ouverture de la chasse, l’article dresse le portrait de Pierre Delcher, 89 ans, qui fut probablement le doyen des chasseurs auvergnats. Cet habitant d’un hameau de la commune de Saint-Julien-de-Jordanne s’adonne à sa passion, transmise de génération en génération, depuis l’âge de 13 ans. Son tableau de chasse se compose essentiellement de lièvres, perdreaux et cailles, et, à la marge, de moineaux qu’il tirait, enfant, avec son fusil à pierre chargé des grains de son chapelet, au grand dam du curé.
31 NUM 6336
Homme marchant dans le futur quartier des Alouettes
Centre d'accueil des réfugiés d'Algérie à Neussargues-Moissac : les jeunes rapatriés
26 juillet 1962
Durant les vacances d’été, l’école apostolique de Neussargues s’est transformée en centre d’accueil pour 181 réfugiés d’Algérie ayant fui le pays suite à la proclamation de l’indépendance, le 4 juillet. Près de la moitié d’entre eux sont des enfants. Préfet, sous-préfet, maire, directeur de l’école, hôpitaux, associations, locaux : l’accueil est collectif et chaleureux. Un autre centre sera aménagé au château Saint-Angeau, près de Riom-ès-Montagnes.
31 NUM 7856
Accident entre un autorail et une camionnette
23 août 1962
A 500 mètres de la gare de Riom-ès-Montagnes, l’autorail assurant la liaison Neussargues-Bort est entré en collision avec le camion d’un ouvrier se rendant à la sablière dite « de Chalvignac ». Le conducteur du véhicule s’en est sorti malgré de graves contusions et blessures, tandis que les passagers ont été ramenés à Neussargues. Il n’y avait ni barrière automatique, ni bonne visibilité à l’intersection entre ce chemin vicinal et la voie ferrée.
31 NUM 7999
Grève des ouvriers du bâtiment à Aurillac
28 mai 1964
Ce jour-là, à 11h45, près de 200 ouvriers du bâtiment se sont regroupés devant la statue des Droits de l’Homme, bloquant l’accès à la place du Square. A l’appel de la CGT et de la CFTC, ils revendiquent une revalorisation des salaires minima conventionnels, extrêmement bas et inférieurs à ceux des départements voisins. L’action s’est prolongée en juin, avec près de 800 ouvriers d’Aurillac en grève durant quatre jours, ce qui a abouti à quelques avancées pour les travailleurs.
31 NUM 10367
Visite ministérielle d’un enfant du pays
4 juillet 1966
Le voyage de M. Georges Pompidou dans le Cantal a montré l’attachement du premier ministre pour sa terre natale : nous le retrouvons ici, tout juste descendu d’hélicoptère, alors qu’il s’apprête à visiter la gare de départ du téléphérique au cœur de la future station du Super-Lioran, accompagné de Maurice Paraf, préfet du Cantal. Le même jour, il se rend également sur le chantier de construction du collège d’enseignement technique de Murat, pour lequel des entreprises cantaliennes se sont associées afin de faire face aux grandes entreprises extérieures très implantées dans l’ensemble des branches du bâtiment.
31 NUM 13256
Une figure familière sur le Square : "Charlot"
31 octobre 1966
Sur la place du Square est installé le traditionnel brasero du marchand de châtaignes et de marrons grillés, tenu par le populaire « Charlot ». Dix ans auparavant, ils étaient quatre marchands de marrons établis sur cette même place. Les braseros fonctionnaient alors au bois et au charbon, avant d’être remplacés par un système de chauffage au gaz butane. Le commerce des châtaignes diminue et cette spécialité se perd d’année en année, d’autant plus que la culture du châtaignier est délaissée face aux ravages de la maladie de « l’encre » qui décime « l’arbre à pain ».
31 NUM 13725
Les derniers jours d’un lavoir
15 mai 1967
Le lavoir public de l’angle du cours Monthyon et de l’avenue Gambetta, près de l’hôtel Saint-Pierre, s’apprête à disparaître. Cette fermeture fait suite à l’interdiction de la municipalité d’exploiter cette portion de canal, pour des motifs hygiéniques et esthétiques. Les lavandières ont alors encore la possibilité de se rendre dans les autres lavoirs publics de la ville, notamment celui situé à l’autre extrémité du cours Monthyon, au-dessous de la place Gerbert et en amont du Pont Rouge, près de la jetée.
31 NUM 14554
« De mémoire de montagnard, on n’avait pas vu ça depuis 1951 » : la flamme olympique traverse le Cantal
2 janvier 1968
« Dans la montagne, il faut que l’homme puisse oublier ce qu’il est, sublimer sa propre nature, atteindre l’humilité pour être, peu à peu, admis par les éléments comme si leur sève était la même que notre sang. » Après la traversée du Puy de Dôme dans la tourmente et le courage des porteurs, la flamme venue d’Olympie est passée par Saint-Flour, Murat et Le Lioran pour arriver à Aurillac. Jean Malroux, président de la section ski du Stade Aurillacois, est le dernier porteur de la torche. Escorté notamment de Mme Grimal, née Simone Henry – quelques années auparavant championne d’athlétisme et sélectionnée pour participer aux Jeux Olympiques de Melbourne de 1956 lors de l’épreuve du 200 mètres –, il gravit les marches du palais de justice avant d’allumer la vasque. Aurillac devient alors dépositaire et gardienne pour une nuit de cette flamme universellement respectée, avant de poursuivre sa route en vue des Jeux Olympiques d’hiver à Grenoble.
31 NUM 15823
Passage du bibliobus à Saint-Jacques-des-Blats
2 mars 1968
Les Bibliothèques Centrales de Prêts (B.C.P.) créées par l’Etat dès 1945, doivent desservir en priorité les petites communes de moins de 10 000 habitants et les zones rurales. Le transfert des B.C.P. aux départements ainsi que la création de la Médiathèque du Conseil général du Cantal en 1963 confirment cette volonté de développer des actions en faveur de la lecture pour tous. En 1968, le Cantal fait partie des six premiers départements à expérimenter le prêt direct notamment auprès des écoles du 1er degré et du 1er cycle du second degré. Deux bibliobus sont ainsi affectés pour desservir l’ensemble de la population scolaire du département, à savoir environ 22 000 élèves, soit par le prêt direct, soit par le dépôt à l’école. Ici, Mlle Paulette Lapeyre, directrice de la B.C.P., présente des livres à M. Cantournet, instituteur à Saint-Jacques-des-Blats.
31 NUM 17068
Avant sa démolition totale, incendie volontaire de la maison « des pêcheurs » au pont d'Aliès à Aurillac
17 avril 1968
Un incendie sur commande : voilà le choix de l’entrepreneur chargé de démolir la maison « des pêcheurs », cette dernière devant laisser place à une nouvelle résidence. Cette ancienne demeure datée du XVIIe siècle, accessible seulement par la passerelle du pont d’Aliès, a abrité plusieurs générations de pêcheurs et de tanneurs. Tous les entresols de cette bâtisse servaient de fosses aux cuirs et la proximité de la rivière facilitait le lavage des peaux. Quant à son nom, il s’explique par la pratique très fréquente de la pêche par les tanneurs, facilitée par la présence de nombreuses fabriques de filets de pêche d’excellente qualité à Aurillac.
31 NUM 17339
Voltaire, immortalisé
27 février 1975
Du Cantal…à Paris, une dernière inspection s'impose pour les bovins de race Salers avant le départ pour le rendez-vous du XIIe salon international de l'agriculture. Ici l’impressionnant taureau "Voltaire", appartenant à M. Fournier de Trizac, ne va pas tarder à rejoindre ses camarades « Vaillant », « Vigoureux », « Reine », « Mignonne », « Héritier », « Holf » et « Hadji ».
31 NUM 42938
Mise en place d'un télésiège au Super-Lioran
28 septembre 1980
Le samedi 27 septembre, l’équipe de la régie du Lioran procède à la pose des pylônes du premier télésiège de la station. Aidée d’un hélicoptère de type Puma, elle met en place les dix pylônes sur les 950 mètres du tracé. Avec une capacité de 1100 personnes, la nouvelle installation a pour objectif de doubler le téléphérique. Le démarrage du télésiège est alors prévu le 19 décembre.
31 NUM 61260
La mangoune
29 janvier 1981
« On tue le cochon » à Saint-Projet-de-Salers ou, dit-on plutôt en occitan, « on fait la mangoune » : cette expression désigne la tuée, ici la saignée, et la transformation du cochon. Après l’abattage du cochon par le tueur, la mangounière aide à la fabrication du boudin, des saucisses et du saucisson.
31 NUM 62589
Grève des ouvriers de l'usine Lafargue à Aurillac : manifestation du comité pour la reprise du travail
6 février 1981
A l’appel du Comité de survie, pour la seconde fois, les ouvriers non-grévistes de Lafargue manifestent dans les rues d’Aurillac et demandent « les moyens de la reprise du travail pour ceux qui le souhaitent ». Depuis une semaine, l’usine LAFA est occupée par les grévistes qui réclament l’ouverture de négociations. Le Comité de survie rappelle la décision du juge des référés qui ordonne l’expulsion des occupants, si besoin avec le recours de la force publique.
31 NUM 62676
Opération "Badailhac 82"
28 octobre 1982
Plus de 700 parachutistes ont sauté, mercredi 27 octobre, sur le plateau de Vernet, près de Badailhac. Plusieurs unités participaient à cet entrainement interarmées. Les parachutistes, une fois à terre, devaient rejoindre la ligne de crête située vers le col de Légal et le col du Bruel afin d’y subir un entrainement au combat défensif et motorisé offensif dans une zone de manœuvre située entre Mauriac et Aurillac.
31 NUM 69074
Une fontaine noyée
8 novembre 1982
Sans que cela ne préoccupe le moins du monde le jeune cycliste qui la parcourt, la place Saint-Géraud à Aurillac se trouve sous l’eau suite à la tempête qui a provoqué de nombreuses inondations dans tout le département. Outre la montée des eaux, le vent a soufflé jusqu’à 144 km/h et a causé de nombreux dégâts : toitures de bâtiments scolaires arrachées, voies de chemins de fer coupées, …
31 NUM 69179
Marins d’eau douce
30 août 1956
La fête du quartier du Buis, organisée chaque année par le Comité des Fêtes, a permis l’illumination des vieilles maisons avec près de 2000 lampions accrochés aux façades par les habitants du quartier, mais aussi des guirlandes lumineuses et un feu d’artifice…Cette édition amène également un peu de nouveauté car, pour la première fois à Aurillac, s’est tenue une compétition de joutes sur l’eau dites « joutes lyonnaises » avec les membres de « La Joyeuse de Penchot ».
31 NUM 12155
19 mars 1972
Curieux spectacle que celui de ce canoë franchissant hardiment la chaussée du Pont-Rouge. Ce jour-là, les passants ont pu observer six embarcations, pilotées par des étudiants de l’école nationale d’industrie laitière d’Aurillac, braver les flots de la Jordanne sur un parcours reliant Velzic à Aurillac.
31 NUM 31741
Souvenirs des Haras
1er août 1975
L'attelage revient à la mode ! Les haras d'Aurillac ont renoué avec cette tradition et les habitants entendront à nouveau les fers des chevaux résonner dans les rues. En effet, dans le cadre de la Quinzaine commerciale, un arrêté du maire autorise le Comité municipal d'animation et des fêtes, à faire circuler sept charrettes attelées. Ici, au départ des Haras, situés alors dans l'actuel jardin des Carmes.
31 NUM 44589
30 janvier 1980
A l’occasion d’une présentation des 80 étalons des Haras aux gendarmes de l’escadron mobile et à leurs familles, divers exercices sont exécutés dans l’enclos. Derrière cet étalon franchissant fougueusement un obstacle, on reconnaît les bâtiments des Archives départementales et de la médiathèque.
31 NUM 58610
Politiques de comptoirs
16 et 20 novembre 1980
Tandis que se profilent les élections législatives des 23 et 30 novembre 1980, les chefs de file des différents partis politiques se mettent en campagne à travers le pays. Jacques Chirac, président du Rassemblement pour la République, s’est déplacé pour soutenir Francis Tourdes et son suppléant Louis-Jacques Liandier : entre deux rassemblements, nous les retrouvons au café « Le Chiquito », près de l’hôtel de ville d’Aurillac. Face à eux, le Parti Socialiste est représenté par René Souchon et son suppléant Firmin Bédoussac, à qui François Mitterrand, alors premier secrétaire du parti, est venu apporter son appui quelques jours plus tard.
René Souchon l’emportera par 21 795 voix, contre 20 883 pour le représentant du RPR. Il s’agit de la première élection d’un député socialiste depuis 1956.
31 NUM 61857
31 NUM 61914
Une manifestation, plusieurs luttes
12 décembre 1980
Réunis pour une journée d’information et d’action à l’appel de l’Union départementale de la Confédération générale du travail (UD-CGT), les manifestants attendent sur la place de la Paix, devant la salle Herriot, avant de rejoindre la préfecture. Les différents intervenants rappellent la situation économique et sociale du département, marquée par des licenciements à l’entreprise Lafargue, des départs à l’usine Abeil, mais aussi des problèmes dans les services publics, avec notamment des réductions de postes dans les hôpitaux.
31 NUM 62149
Des vieux métiers en voie de disparition
5 décembre 1965
Autrefois très réputée, l’industrie de la galoche aurillacoise connait ses dernières heures. Au XVIIesiècle, les sabotiers se regroupaient dans la « rue des Esclots », qui deviendra la rue de Noailles. L’ouverture d’une première manufacture, vers 1870, met la galoche en concurrence avec le sabot de bois. Entièrement fabriquée à la main, elle est constituée de bois de noyer de la région et de cuir. Plusieurs villes du Massif Central s’avisèrent d’ailleurs de fabriquer des galoches à la machine, en leur donnant la forme caractéristique et même le nom de celles d’Aurillac. En 1935, l’industrie de la galoche employait 200 ouvriers à Aurillac : dix ans plus tard, il n’y restait plus qu’un seul sabotier. En parallèle, les établissements spécialisés dans la fourniture de cuirs vernis disparaissent également. En 1965, la dernière fabrique de pointes spéciales, vernies, vient de fermer.
31 NUM 12411
3 septembre 1980
L’une des dernières « matelassaires » est occupée à carder la laine, à Vic-sur-Cère. Un peigne métallique à dents est utilisé pour étirer et réduire la laine à l’état de flocons, avant d’être employée pour la fabrication des matelas. Ce travail long et pénible disparait peu à peu face au recours croissant à l’industrie et aux matériaux synthétiques.
31 NUM 60950
Pierre Cossoul, un Palace et des étoiles
30 mars 1960
Le quatuor des Frères Jacques entoure Pierre Cossoul, directeur et propriétaire du cinéma « Le Palace » à Aurillac, après leur récital. Composé d’André Bellec, Georges Bellec, François Soubeyran, Paul Tourenne et à l’époque au piano, Pierre Philippe, le groupe rencontre un franc succès, en France comme à l’international, en mêlant mime, humour et chanson. Pierre Cossoul, bénéficiant d’un réseau solide et d’un carnet d’adresses bien rempli, parvient au fil des années à faire monter de nombreuses vedettes sur la scène du Palace : Claude François, Dalida, Yves Montand, Christophe, et bien d’autres encore…
31 NUM 4250
7 mai 1964
Lors du tournage de La grande frousse, Bourvil s’entretient avec Pierre Cossoul. C’est au Palace qu’aura lieu la première projection mondiale du film. Le département du Cantal fait l’unanimité auprès des acteurs et des équipes techniques : accueil chaleureux, paysages somptueux, calme apaisant… mais ils déplorent également l’éloignement de Paris et le manque de moyens de communication.
31 NUM 10285
Actions radicales
30 janvier 1981
Suite à l’annonce, le jeudi 29 janvier, de 139 licenciements à l’usine Lafargue, deux manifestations successives se déroulent dans la journée. Dans l’après-midi, des ouvriers occupent les bâtiments et retiennent le directeur de production Paul Lafargue, ainsi que 29 cadres de l’entreprise. Ce n’est que vers minuit, après l’intervention des gendarmes mobiles, que les grévistes sont repoussés à l’extérieur. Ici, un manifestant s’enchaîne au portail de l’entreprise.
31 NUM 62607
29 mai 1984
Pour protester contre les quotas laitiers décidés par Bruxelles et les mesures d’accompagnement arrêtées par le Conseil des ministres, des membres du Centre départemental des jeunes agriculteurs a muré la porte d’entrée de la Direction départementale de l’Agriculture et de la Direction départementale de l’Equipement.
31 NUM 74677
En attendant le Tour…
Démolition de la maison Séguignol à Aurillac
28 février 1975
La place Saint-Etienne change d'aspect. L'enclos Séguignol, vestige du XVIIIe siècle situé tout en haut de la place, connait alors ses dernières heures : et sans nul doute, ce coin d'Aurillac risque de perdre dans cette nouvelle opération immobilière une partie de son cachet charmant et suranné.
31 NUM 42955
Le rugby, c’est du sérieux
18 octobre 1957
Dernières heures d’entraînement pour les joueurs du Stade Aurillacois, dans une ambiance bon enfant. Le lendemain s’ouvrira le championnat de France de rugby, avec un premier match de l’équipe aurillacoise disputé à domicile, au stade Jean-Alric, contre Montauban. Le journaliste se montre confiant envers l’équipe : « Ils ont les moyens physiques suffisants pour vaincre, s’ils mettent au service de leurs qualités musculaires l’énergique volonté qui les anime parfois et leur permet d’accomplir de belles performances. » Heureusement, les Aurillacois remportent la victoire, infligeant à l’équipe de Montauban un score de 14 à 6, au terme d’une partie « virile ».
31 NUM 1994
14 février 1965
Après leur arrivée en gare de Brive, des supporters du Stade Aurillacois tels des « conquistadores » font le tour du stade avant le coup d’envoi de ce match de championnat de France. Ce n’était plus une rencontre Club Athlétique Briviste contre le Stade Aurillacois, mais plutôt une question d’honneur entre le « Riant Portail du Midi » et le « Cœur du Pays Vert ». Hélas, l’équipe stadiste ne put résister au déferlement des Corréziens. Les « conquistadores » malheureux regagnèrent tous le « port » avec le sentiment que chacun avait fait l’impossible.
31 NUM 11392
Jeux de boules
19 juillet 1971
Une partie de pétanque, organisée par la Fédération de pétanque aurillacoise, se déroulant exceptionnellement sur la promenade du Gravier lors du grand prix du Président de la République. Malgré l’attrait de l’événement et la générosité des prix annoncés (dont un vase de Sèvres, offert par le chef de l’Etat), le mauvais temps a eu raison de la participation, et c’est finalement une triplette venue de Chamalières qui remporte la compétition. Parmi les joueurs, on reconnait Jean Loussert, journaliste de « La Montagne ».
31 NUM 28429
16 juillet 1973
Tout aussi appréciées dans la région, les quilles ont aussi droit à leurs compétitions : ce concours est ainsi organisé par le comité des fêtes et de bienfaisance de Polminhac, sur la place de la gare, au cours des fêtes de la mi-juillet. Les participants, venus nombreux, ont été encouragés par des supporters passionnés, ponctuant chaque action « d’applaudissements nourris » ou de « cris de déception », et ont pu profiter d’un beau buffet.
31 NUM 36556
Le porche d’entrée de l’agence de presse La Montagne, place du Square à Aurillac
1er juin 1970
Emergeant de la pénombre, on remarque des photographies affichées sur les portes : il s’agissait des derniers clichés réalisés par le quotidien dont chacun pouvait ainsi prendre connaissance avant, éventuellement, d’en demander une reproduction pour son usage personnel. L’agence a été ensuite transférée dans la rue des Carmes, avant d’occuper ses locaux actuels rue du 14-Juillet.
31 NUM 22855
L’idole des (très) jeunes : l’arrivée du Père Noël en gare d’Aurillac
15 décembre 1955
« Il était attendu sur les quais par une importante délégation d’enfants accompagnés de leurs mamans, » relate le quotidien. « Suivant un usage maintenant bien établi, le Père Noël, sorti de la gare au milieu d’une foule d’admirateurs et d’admiratrices, a pris place dans une automobile qui a lentement descendu l’avenue de la République. Sur tout le trajet, l’ambassadeur du paradis des enfants a été acclamé par la foule des tout petits, qu’il a salués sans se lasser avec son amabilité et sa bonté légendaires. » Le cortège s’est achevé comme d’accoutumée sur la place du Square, où le Père Noël « a pris des commandes et distribué des sourires ».
31 NUM 202
L’actualité nationale, vue d’Aurillac
14 septembre 1958
Pour le plus grand plaisir et soulagement des ménagères, les bouchers d’Aurillac, répondant à l’appel lancé par leur confédération et les pouvoirs publics, ont déclenché une offensive de baisse des prix de vente de la viande de bœuf. Quelques jours plus tôt, le gouvernement a rendu aux commerçants la liberté de fixer leurs prix, après plusieurs mois de contrôle destiné à en endiguer la hausse. Durant les Trente Glorieuses, les habitudes d’achat des Français, notamment alimentaires, évoluent : la viande, dont la consommation double et peut représenter alors près de 10 % des dépenses totales des ménages, est considérée comme un aliment de base et constitue un élément important de l’économie générale.
31 NUM 2806
12 février 1962
A l’appel de nombreux syndicats, environ 500 manifestants se sont rassemblés devant la statue des Droits de l’Homme, à Aurillac, en hommage aux huit personnes décédées lors de la manifestation anti-OAS (Organisation de l’Armée Secrète) violemment réprimée, le 8 février à Paris. Celle-ci avait été organisée en protestation contre les actes terroristes commis à la capitale quelques jours auparavant contre des hommes politiques et intellectuels par ce groupe hostile à l’indépendance de l’Algérie. En 2007, une place parisienne a été renommée en mémoire de ce jour.
31 NUM 7123
La fontaine du square Arsène-Vermenouze prise par la glace
s.d. (février 1956)
En février 1956, une vague de froid majeure s’abat sur l’Europe entière. Durant un mois, les reportages se multiplient et, photos à l’appui, égrènent ces températures toujours plus glaçantes : -38°C en Bavière, -27 à Strasbourg et -14 à Marseille contre -25 à Mauriac (10 février) … A Aurillac, où l’on mesure - 17° le 1erfévrier, on rappelle tout de même qu’un record de froid avait été atteint en 1953, avec -21°. Les routes sont partiellement bloquées, l’essence gèle dans les réservoirs ; certains cours d’eau, comme l’Allier et la Loire, charrient sur des dizaines de kilomètres de gros blocs de glace. Les pertes peuvent aussi être humaines, faisant tristement écho à l’hiver de 1954.
La fontaine du square Vermenouze d’Aurillac, particulièrement sensible à ces températures extrêmes, est photographiée à plusieurs reprises dans son saisissant habit de glace.
31 NUM 461
Un poil d’exotisme
11 janvier 1959
Le bestiaire des animaux de compagnie, peuplé des traditionnels chiens, chats, cochons d’inde et autres poissons rouges, s’est désormais enrichi d’une créature insolite. M. Bardy, gardien-chef du parc des sports d’Aurillac, s’est vu ainsi offrir un jeune fennec, ou renard des sables, rapporté par un soldat posté dans le Sahara : la sympathique petite bête est ici photographiée dans les bras de sa jeune maitresse, Katy.
31 NUM 3065
« Que d’eau, que d’eau… »
25 février 1957
« Fleuves et rivières en crue dans toute la France causent des inondations » lit-on à la une du quotidien. Les causes invoquées sont le mauvais temps et brusque hausse de température dans certaines régions enneigées. Les départements alors les plus touchés sont la Savoie, Haute-Savoie et l’Ain, tandis que la Seine monte aussi, plus lentement, à Paris. Le Cantal n’est pas épargné : le barrage de Grandval sur la Truyère est inondé, la Jordanne coupe les routes à certains points tandis que la Cère sort de son lit à Laroquebrou. Ici, les deux « sauts à ski » du barrage de Saint-Etienne-Cantalès fonctionnent à plein rendement, ce qui, malgré tout, ne suffit pas à délester suffisamment le lac de retenue.
31 NUM 1566
À bicyclette
19 juillet 1956
Alors que les Français suivent assidûment les péripéties quotidiennes du Tour de France, un cycliste aurillacois prend le temps de mettre le pied à terre pour saluer un ami. Il s’agit de Géo Degoul, collaborateur occasionnel de Centre Presse et La Montagne, pour lesquels il couvre de nombreux événements dans la préfecture cantalienne. On le voit ici serrant la main de Claude Robin, rédacteur des chroniques musicales de La Montagne, devant le pont Bourbon.
31 NUM 1000
7 août 1971
Le XVIIe Grand prix cycliste de Maurs en nocturne s’achève en beauté sur la victoire de Bernard Thévenet, à qui l’on remet la gerbe de fleurs traditionnelle. Ce critérium réputé, dont le parcours suit le tour de la ville en une piste naturelle de 570 mètres, est alors animé par le speaker corrézien Jean Tamain. Sur ce véritable « plateau de vedettes », on retrouve également l’Espagnol Luis Ocana, revenu perdant du Tour de France quelques jours plus tôt, mais aussi Raymond Poulidor, sorti troisième au chrono mais « vainqueur à l’applaudimètre ».
31 NUM 29649
Certificat d'études primaires à Vic-sur-Cère : l'inspecteur primaire donne lecture des résultats
19 juin 1956
L’instant est solennel car il s’agit d’un véritable rite de passage. En effet, le certificat d’études primaires marque à cette époque la fin de la scolarité pour la majorité des jeunes. Depuis 1936, l’instruction est obligatoire jusqu’à l’âge de 14 ans : il faut attendre 1959 pour que ce seuil soit rehaussé à 16 ans. Quant au certificat, son niveau d’exigence élevé et sa longévité (1882-1989) en ont fait un pilier durable de l’enseignement français.
31 NUM 810
Le retour des héros
31 janvier 1958
« On parlera longtemps encore à Aurillac du retour triomphal de Guy Monraisse et de Jacques Féret… ». La foule est venue en masse ce jour-là devant l’hôtel de ville d’Aurillac pour acclamer les deux pilotes cantaliens, vainqueurs du Rallye de Monte Carlo. Le premier, mécanicien et vendeur de tracteurs, le second, fabricant de cravates, ont su porter les couleurs de la France et de la régie Renault, remportant cette course difficile au volant d’une Dauphine 65, une première pour une si petite cylindrée. Accueillis en grande pompe, MM. Monraisse et Féret sont reçus à l’hôtel de ville où ils se voient offrir médailles, fleurs et honneurs… mais aussi, sur une note plus locale, deux belles fourmes acheminées par un attelage de bœufs conduit par deux Auvergnats en costume traditionnel. La remise est accompagnée du quatrain suivant :
« A défaut de bouquet pour vous fêter vainqueurs,
Nous voulions vous offrir de nos hauts pâturages
L’arôme, la saveur mêlés à ces fromages
Souvenir envolé de myriades de fleurs. »
31 NUM 2343
À tire-d’aile
8 mai 1959
Sur les marches du palais de justice, alors que s’achemine autour du monument aux morts le cortège des personnalités officielles, des corps constitués, des pompiers, des musiciens de l’Harmonie municipale et des enfants de la « Géraldienne », un hommage gracieux est rendu aux disparus à travers ce lâcher de pigeons voyageurs, mis à disposition par la société de colombophile « L’Hirondelle Aurillacoise ».
31 NUM 3368
Mille agriculteurs en colère
19 novembre 1970
Venus en masse, rassemblés pour une réunion d’information à l’invitation de la Fédération départementale des Syndicats d’Exploitants agricoles et du Centre départemental des Jeunes Agriculteurs, les agriculteurs manifestent devant les portes de la préfecture tandis qu’une délégation échange avec le représentant de l’Etat. Leurs revendications : le relèvement des prix agricoles (faisant suite à une sécheresse sévère durant l’été 1970) et des moyens de fonctionnement plus importants, visant à une meilleure prise en compte du monde rural en général comme des particularités cantaliennes. Cette égalité des territoires reposerait, notamment, par des mesures actives de désenclavement du département, parmi lesquelles la construction de nouveaux axes routiers. Au retour de la délégation, et malgré les appels au calme lancés par les organisateurs, des affrontements ne tardent pas à éclater avec les forces de l’ordre.
31 NUM 24380
Visions du monde moderne
8 octobre 1955
Des tuyaux massifs entassés sur la place devant l’église de Laveissière, attendant d’être enfouis dans une tranchée creusée le long de la route nationale : le fait peut sembler trivial, mais il marque au contraire une avancée considérable, à savoir le raccordement de la commune à l’eau courant et au tout à l’égout. Le village, du fait de cette innovation précoce mais ô combien utile, n’est plus à cette heure qu’un vaste chantier, obstruant la circulation des automobilistes : l’opération en vaut néanmoins la chandelle, tant les gains en hygiène et confort sont importants.
31 NUM 9
31 octobre 1970
Les cheminées de la tuilerie-briqueterie Louis Rispal se détachent devant les appartements hauts perchés de la cité de la Dorinière, dont la première pierre a été posée dix ans plus tôt. Rattrapée par l’expansion de la ville, l’entreprise aurillacoise, qui avait ouvert ses portes vers 1890, presque à la campagne, poursuit son activité jusque dans les années 1960 sous les noms de Rispal-Angelvy.
31 NUM 24235