Je crois vous voir encor, grand et presque trop beau,
Si charmant ! Ayant tout du héros romanesque.
Et voici qu'aujourd'hui vous êtes au tombeau...
Votre mort, comme vous, semble trop belle, presque.
L'âge aurait pu marquer sur vos traits sa douleur,
Blanchir vos cheveux noirs et courber votre taille.
Vous tombez, jeune encor sur le champ de bataille
D'une balle rapide et glorieuse au coeur.
Salut à votre fin, belle comme une strophe !
Elle est digne de vous, ô poète profond,
Digne du gentilhomme artiste et philosophe,
Et les hasards, parfois, savent bien ce qu'ils font.
Mais quels pleurs laissez-vous à votre jeune femme,
Si nous, simples amis, nous les lointains élus,
Nous sentons le sanglot qui nous ravage l'âme
Lorsque nous murmurons : "Il ne reviendra plus...".
Document reproduit dans le catalogue n° 56 de vente d'"Arts et autographes. Jean-Emmanuel RAUX, expert - 9, rue de l'Odéon 75006 Paris", sous le n° 21693