Archives du Cantal

Entre Collaboration et Résistance

Les Cantaliens dans la Seconde Guerre mondiale

Affiche de l'appel du 18 juin 1940
Affiche de l'appel du 18 juin 1940

L’appel du 18 juin 1940 par le général de Gaulle, depuis Londres, par la radio (BBC), n’a pas été enregistré. Il a été diffusé plusieurs fois afin d’être entendu par les Français.

Cet appel constitue l’acte de naissance de la Résistance, même si dans les faits, les réseaux de résistance en France mettront plus de deux ans à s’organiser.

1940

1 Fi 3​

La Seconde Guerre mondiale est une période de l’histoire de France encore vive dans les esprits. Par sa proximité temporelle d’abord – que sont 75 ans par rapport aux millions d’années écoulées depuis la naissance de l’Homme ? – par sa proximité géographique également, puisque le territoire français fut envahi. Par son ampleur, menant à un choc des puissances mondiales sur trois continents. Mais pas seulement. La Seconde Guerre mondiale est également un traumatisme pour les populations, qui subirent les privations, la peur, l’absence des prisonniers de guerre, la déportation, les représailles, les morts arbitraires. Bien plus, ces persécutions furent mises en œuvre par l’ennemi, mais aussi par le voisin ; il faut craindre les dénonciations, les traîtres, quel que soit le parti que l’on ait choisi : collaboration, résistance, opportunisme ou, comme la majorité de la population, profil bas. Malgré les beaux discours du général De Gaulle, vantant une France résistante unie, la France est déchirée et certains ne s’en remettront pas. Encore aujourd’hui, des tabous persistent.

La Seconde Guerre mondiale est un traumatisme pour ceux qui l’ont vécue, mais elle pose également question à ceux qui sont nés après. Comment aurais-je réagi si j’avais été député, invité à voter les pleins pouvoirs à Philippe Pétain ? Aurais-je pu risquer ma vie, celle de mes enfants, pour sauver des inconnus ? Aurais-je pris les armes alors que la Libération était encore une vague utopie ? Serons-nous capables de reconnaître le prochain Hitler s’il se présente, et ferons-nous quelque chose pour l’arrêter ?

Toutes ces questions valent la peine d’être posées, et expliquent la nécessité de continuer à enseigner cette période aux plus jeunes. Collaboration et Résistance, le thème fait partie du programme scolaire des 3es et des terminales. C’est pourquoi le service éducatif des Archives départementales a souhaité mettre à la disposition des enseignants des ressources leur permettant d’aborder cette période sous l’angle de l’histoire locale.

L’objectif de cette exposition n’est pas de retracer la période de 1939 à 1945 dans son exhaustivité. Il faudrait bien plus que ce petit espace et ces quelques textes introductifs pour le faire. Il s’agit plutôt d’une sélection de documents permettant d’évoquer les principales mesures collaborationnistes prises par l’Etat français et leur application dans le Cantal, de donner un aperçu de la vie quotidienne des Cantaliens à cette époque et de présenter quelques actes de la Résistance jusqu’à la Libération. Tous mes remerciements vont à Stéphanie Duplay, professeur d’histoire au lycée Emile Duclaux et responsable du service éducatif, pour la conception de cette exposition, et à Laurent Joly et Philippe Michalet pour l’encadrement et l’éclairage.

Conçue pour les jeunes, cette exposition s’adresse à tous. J’espère que chacun y trouvera un enrichissement et de nouvelles questions à méditer.

Lucie Dorsy

Directrice des Archives

départementales du Cantal

La Collaboration

En déclarant la guerre à l’Allemagne le 3 septembre 1939, la France se place dans une situation qu’elle voulait à tout prix éviter, encore traumatisée par le massacre de 1914-1918. De septembre 1939 à mai 1940, c’est la « drôle de guerre », une guerre sans combats, les armées françaises étant retranchées dans une attitude défensive derrière la « ligne Maginot ». Le 10 mai 1940, les Allemands mettent fin à la « drôle de guerre »
en attaquant à l’ouest. A la mi-juin, la « campagne de France » est perdue pour les Français.

L’effondrement militaire provoque la chute de la IIIe République. Le 16 juin, Paul Reynaud, président du Conseil, démissionne et est remplacé par le maréchal Pétain. Il sollicite de l’Allemagne un armistice qui est signé le 22 juin 1940. Puis le président
de la République, Albert Lebrun, convoque les deux Chambres (Chambre des députés et Sénat) qui votent le 10 juillet 1940 un texte donnant les pleins pouvoirs au maréchal Pétain.

Philippe Pétain est désormais le chef de l’Etat français, dont la capitale est Vichy. Très populaire auprès des Français pour qui il est toujours le « héros de Verdun », sa popularité est entretenue par la propagande qui passe par les affiches, les mes-
sages radiodiffusés, la presse.

Des chantiers de jeunesse sont crées, destinés à partir de janvier 1941 à tous les Français en âge d’accomplir leurs obligations militaires, pour un service de huit mois. Il s’agit de conserver, malgré les dispositions de l’armistice, un embryon de service militaire et d’endoctriner les jeunes Français dans le cadre de la Révolution nationale dont la devise est « Travail, famille, patrie ».

Le régime de Vichy met en place la collaboration avec l’Allemagne. Celle-ci prend différentes formes : politique, économique, administrative. Par exemple, l’Allemagne demande à la France de lui fournir de la main-d’œuvre. En 1942 est mis en place le système de la Relève : si trois hommes viennent travailler en Allemagne, un prisonnier français sera libéré. Mais devant le manque de volontaires, une loi instaure le service du travail obligatoire (STO) en septembre 1942, pour répondre aux besoins de main-d’œuvre de l’Occupant : les classes d’âge de 1920, 1921 et 1922 sont mobilisables pour le travail en Allemagne. Les départs en masse de l’été 1943 désorganisent en profondeur l’économie française et notamment les campagnes. De nombreux jeunes Français, réfractaires au STO, partent rejoindre les maquis.

La collaboration s’illustre aussi dans le domaine policier et dans la traque de ceux que les nazis considèrent comme des adversaires ou des « indésirables » : les Juifs, les communistes et les résistants paient le plus lourd tribut. Le régime de Vichy, qui interne dans des camps tous les étrangers, promulgue en 1940 et 1941 deux statuts des Juifs : ils sont d’abord exclus de toute fonction qui leur permet d’exercer une autorité (fonctions électives, fonction publique, enseignement, cinéma, théâtre, radio…), puis leurs entreprises sont confiées à des administrateurs-gérants et ils doivent se faire recenser et porter l’étoile jaune. En attendant leur déportation vers l’Allemagne, ils sont regroupés dans des camps. Dans le Cantal, c’est à Chaudes-Aigues, station thermale dont les hôtels offrent de nombreux logements, que les juifs étrangers sont regroupés, s’attirant les foudres de nombreux habitants qui rédigent des pétitions.

Afin de traquer les opposants, le régime de Vichy crée en 1943 la Milice, force paramilitaire et police parallèle officialisée par le gouvernement. La Milice est l’héritière de la Légion française des combattants, créée dès 1940 par la fusion des associations d’anciens combattants.​

Propagande et culte du Maréchal

Affiche de propagande du gouvernement de Vichy
Affiche de propagande du gouvernement de Vichy

Paroles de Maréchal

[1940-1944]

1 W 61​

Photographie de propagande
Photographie de propagande

Je fais à la France le don de ma personne » : photographie de propagande de Philippe Pétain.

1940

5 E 1389/13 ​

Affiche de propagande destinée aux paysans
Affiche de propagande destinée aux paysans

Le maréchal Pétain lance un appel aux paysans afin de les inciter à battre les blés pour assurer le ravitaillement en pain des Français et assurer ainsi le ralliement de la population. Un bon ravitaillement est une condition nécessaire pour rallier la population au régime de Vichy.

[1940-1944]​

5 E 1344/6​

Courrier du maire de Maurs au Maréchal Pétain
Courrier du maire de Maurs au Maréchal Pétain

Le maire demande entre autres à ce que la place de la Grande Fontaine soit baptisée place du Maréchal Pétain.

La date de ce courrier est erronée puisque Philippe Pétain n’est élu Président du Conseil que le 16 juin 1940 et que l’Etat français, mentionné dans l’en-tête du courrier, est mis en place le 10 juillet.

12 mai 1940 [1941 ?] ​

1 W 61

Enfants et propagande

Dessin et paroles de chanson sur l’air de « En passant par la Lorraine » réalisés par des enfants de l’école de Viescamp-sous-Jallès (Lacapelle-Viescamp) en l’honneur du maréchal Pétain.

[1940-1944]

1 W 61​

Cartes postales de propagande adressées aux enfants.

[1940-1944]

40 Fi 672, 696 et 708​

Mouvements de la Collaboration

Défilé des chantiers de jeunesse
Défilé des chantiers de jeunesse

Défilé sur la place du Square à Aurillac, probablement lors de la visite du général de la Porte du Theil. La foule s’est alignée pour les regarder passer.

[1941-1942]

48 Fi 14 ​

Défilé de miliciens à Aurillac
Défilé de miliciens à Aurillac

Défilé à Aurillac, probablement lors de l’anniversaire de la légion française du combattant. A droite, la statue du général Delzons. En tête du défilé, une fanfare.

[30 août 1941]

48 Fi 8

Messe sur les marches du palais de justice d'Aurillac
Messe sur les marches du palais de justice d'Aurillac

Probablement pour l’anniversaire de la légion française du combattant. Sur la façade, le portrait du maréchal Pétain et l’insigne de la légion française du combattant sont accrochés. Sur les marches, les jeunes du chantier de jeunesse du camp n°40 d’Albepierre. A gauche, une estrade pour un discours à venir.

[30 août 1941]

48 Fi 9 ​

Relève et STO

Affiche de propagande en faveur de la Relève
Affiche de propagande en faveur de la Relève

En 1942, le système de la Relève est mis en place par le régime de Vichy afin de fournir la main d’œuvre exigée par l’Allemagne. Pour trois travailleurs volontaires pour partir en Allemagne, un prisonnier français sera libéré.

Cette affiche insiste sur la nécessité d’être solidaire afin de remplacer ceux qui sont partis se battre.

[1943-1944]

9 PH 19 ​

Service du Travail Obligatoire
Convocation au STO
Convocation au STO

Cet habitant de Thiézac doit se présenter au lycée Emile Duclaux le 10 août 1943, dans le cadre du Service du Travail Obligatoire, afin d’aller travailler en Allemagne. Après une visite médicale et l’examen de sa situation, le jeune homme doit se préparer à partir dès le lendemain, en gare d’Aurillac, avec des effets pour le voyage dont on lui donne la liste.

6 août 1943

Coll. privée (photocopie 40 Fi 217)​

De nombreux jeunes Français refusent le STO et préfèrent se cacher ou entrer en résistance plutôt que d’aller travailler en Allemagne. Certains proches de ceux qui sont partis dénoncent les réfractaires. Sur un total de 650 000 convoqués jusqu’en juin 1944 au titre du STO, environ 200 000 réfractaires préfèrent prendre le maquis.

Statut des juifs

Questionnaire que doivent remplir les juifs en vertu de la loi du 2 juin 1941 sur le statut des juifs

La loi du 2 juin 1941 remplaçant la loi du 3 octobre 1940 sur le statut des juifs, dite « second statut des juifs », est un acte édicté par le régime de Vichy par lequel celui-ci précise la définition, à son sens légale, de l'expression de « race juive ». Cette loi rapporte l'appartenance à la « race juive » à la religion des grands-parents, comme le montre l’intitulé des questions auxquelles doivent répondre les juifs.

Juin 1941

1 W 153-1


Lettre d'auto-déclaration d'une personne juive au préfet
Lettre d'auto-déclaration d'une personne juive au préfet

Lettre d’Hélène Claire Veil, habitante d’Aurillac, qui écrit au préfet du Cantal pour se soumettre à la loi du 2 juin 1941. Elle y rapporte qu’au regard de la loi, elle est juive car issue de quatre grands-parents nés dans la religion juive.

11 juillet 1941

1 W 153-1 ​

Liste de recensement des juifs de la commune de Maurs
Liste de recensement des juifs de la commune de Maurs

Tous les maires doivent adresser à la préfecture la liste des juifs français et étrangers résidant dans leur commune. Le préfet du Cantal transmet à Vichy un premier résultat du recensement des juifs dans son département le 4 juillet 1941 : 207 juifs français et 167 juifs étrangers. Mais le 25 septembre 1941, une rectification portait les chiffres à 248 juifs français et 240 étrangers. Un certain nombre avait échappé au recensement soit en se cachant, soit grâce à la complicité de quelques maires.

15 juillet 1941

1 W 153-1 ​

Lettres du président de la Légion française des combattants, section de Chaudes-Aigues transmettant à son supérieur une pétition des habitants contre les juifs

Au début de l’année 1942, le préfet décide de regrouper à Chaudes-Aigues les Israélites étrangers. La station thermale offre des hôtels et des meublés et elle est isolée des grandes voies de communication, ce qui facilite la surveillance. En janvier 1942, 65 juifs s’y installent mais ils se heurtent rapidement à l’hostilité de la population conservatrice, catholique et pétainiste de la station.

23 mai 1942

1 W 213​

La vie quotidienne des Cantaliens sous l'Occupation

La France est soumise entre 1940 et 1944 à un véritable pillage : outre l’indemnité d’occupation que la France doit payer à l’Allemagne (400 millions de francs par jour), de nombreux prélèvements sont faits sur la production. Il en résulte pour les Français une pénurie de produits de première nécessité qui exige la mise en place d’un rationnement strict dès 1940. En août-septembre 1940, les mairies distribuent des cartes individuelles de rationnement. Le système est fondé sur un certain nombre de catégories qui dépendent du sexe, de l’âge, de l’état de santé et de l’activité des détenteurs de cartes de ravitaillement.

En moyenne, en 1941, la ration calorique fournie par les cartes de ravitaillement est de 1 230 Kcal par jour, en 1942, elle n’est plus que de 1 100 Kcal par jour alors qu’on estime qu’un homme adulte et actif a besoin d’au moins 2 200 Kcal pour demeurer en bonne santé. A la même époque, les Allemands disposent de plus de 3 000 Kcal par jour.

Chaque fin de mois ou chaque fin de trimestre, pendant 7 ou 8 ans, la population défile dans les mairies pour le renouvellement des tickets de pain, de viande, de matières grasses, de sucre, de café. A mesure que la guerre se prolongeait, tous les produits furent rationnés : denrées alimentaires sans exception, textiles, chaussures, métaux et objets métalliques, tabac (à partir de 18 ans pour tous, hommes et femmes), articles de papeteries (les écoliers recevaient une carte de cahiers) et même semences de jardin (on avait sa carte de jardinage).

Le système de rationnement est tellement insuffisant qu’il incite les Français à le contourner par des pratiques allant du système D au marché noir en passant par la fraude (fausses cartes de ravitaillement). Le régime de Vichy autorisa certaines pratiques comme l’élevage de lapins ou le jardinage.

Les Cantaliens sont également sollicités par les autorités pour accueillir des réfugiés, c’est-à-dire des Français provenant de la zone occupée. Ceux-ci sont acheminés par train dans le Cantal, hébergés dans des hôpitaux ou établissements scolaires puis répartis chez les habitants, dans tout le département. Si, au début de la guerre, on voit arriver des familles du nord et de l’est de la France, notamment de la région parisienne, l’année 1943 connaît un afflux d’enfants évacués de Marseille pour les protéger des bombardements des alliés ; ils sont surnommés les « Petits Marseillais ». Au total, plus de 63 000 personnes trouveront refuge dans le Cantal, dont environ 5 000 Petits Marseillais.

Parallèlement, la population cantalienne subit de nombreux dommages, prise parfois dans les combats entre maquisards et armée allemande. Les Allemands n’hésitent pas à s’en prendre à des villages entiers, soupçonnés d’abriter des maquisards, ou à prendre des otages comme à Maurs. Comme le montre le tableau II d’Eugène Martres, intitulé « Motifs d’arrestation », sur les 131 Cantaliens déportés comme otages lors de rafles, 87 ne sont pas rentrés.

Déportation et répression

Tableaux sur les déportés élaborés par Eugène Martres, correspondant pour le comité d'histoire de la Seconde Guerre mondiale

Répartition des déportés :

  • par année et par âge
  • par motif d’arrestation
  • par profession
  • par camp de déportation​

1963

4 BIB 80-26​

Lettre du maire de Maurs au préfet, évoquant la rafle subie par sa commune

Le 12 mai 1944, la commune de Maurs est victime d’une rafle infligée par les troupes allemandes stationnées dans le Lot. Maurs fut la seule commune du Cantal raflée au milieu de villes du Lot. Il y eut dans toutes ces villes, en plus des pillages et des incendies, près de 800 arrestations, dont 8 femmes, et quelques exécutions (une douzaine ?). A Maurs, deux colonnes allemandes se présentèrent dans la matinée du 12 mai 1944. Tous les hommes furent rassemblés dans une prairie et le soir, furent emmenés en camions à Montauban. Dans son rapport au préfet le lendemain, le maire de Maurs dresse le bilan : 117 ou 118 hommes raflés et un mort.

13 mai 1944

1 W 97 ​


Note d'information sur les conséquences pour la population des combats entre Allemands et maquisards

La population de la commune de Clavières, victime des représailles des Allemands, a été particulièrement touchée : personnes tuées, carbonisées, disparues, gravement blessées. Outre les pertes humaines, de nombreux dégâts matériels sont à constater.

21 juin 1944

1 W 97 ​


Tableau récapitulatif des « incidents de guerre » de juin 1944

Pour le seul mois de juin 1944, 38 civils ont été tués et 137 partisans dans le Cantal, sans compter les maisons détruites.

Juin 1944

1 W 121​

Vie quotidienne

Compte-rendu de la préfecture sur l'activité du marché noir

Pour faire face au problème de rationnement, le marché noir est mis en place clandestinement. Des équipes spécialisées vont dans les campagnes pour rafler tous les produits contre de l’argent ou d’autres marchandises, puis les produits collectés gagnent les grandes villes et le sud de la France en zone libre où ils sont revendus au prix fort. De 1941 à 1943, 2 592 contraventions sont dressées par les services des répressions.

1943

8 W 289 ​


Fiches médicales de « Petits Marseillais » placés à Joursac

Avant leur transfert vers les campagnes, les enfants sont examinés par un médecin qui met à jour leurs vaccins et détermine en fonction de leur état de santé s’ils peuvent partir.

1943

E DEP 1432/4​


Demande d'autorisation de bal adressée au sous-préfet de Mauriac et note du chef de cabinet du préfet au commandant de gendarmerie autorisant ce bal

Les bals étant condamnés moralement par le régime de Vichy, ils ne sont permis que par autorisation du préfet. Les habitants doivent donc demander l’autorisation de danser pour les mariages.

14 et 16 février 1944

1 W 128 ​

La Résistance

La Résistance naît avec l’appel du général de Gaulle, lancé le 18 juin 1940 depuis Londres. C’est l’avènement de la « France libre » par opposition à la France de Vichy.

Au sein du territoire français, des mouvements de résistance se constituent dès l’automne 1940. Dans la zone sud, où se trouve le département du Cantal, trois grands mouvements se créent : Combat, Franc-Tireur et Libération.

Jusqu’en 1941, l’action essentielle de la Résistance consiste à s’affirmer par des tracts, des journaux, à collecter des renseignements pour les Alliés, à aider les évadés. Mais les résistants sont peu nombreux et dispersés.

Alors qu’en novembre 1942, l’armée allemande envahit la zone Sud, la Résistance décide de se rassembler en mars 1943 dans les Mouvements Unis de la Résistance (MUR), alliant les trois grands mouvements (Combat, Franc-Tireur et Libération-Sud) pour gagner en efficacité en mettant en place des actions de grande envergure.

C’est au début de l’année 1943 qu’apparaissent les premiers maquis dans le Cantal comme à La Luzette (Saint-Saury), puis de nombreux maquis se constituent à différents endroits du département.

Les actions de la Résistance sont nombreuses : sabotages (pylônes électriques, locomotives, voies de communication, usine d’oxygène liquide à Massiac…) mais aussi distribution de tracts et presse clandestine. Les résistants trouvent également des terrains de parachutage qui doivent être validés par un spécialiste et parfois par l’aviation alliée qui en prend des photographies. Lorsque le terrain est homologué, il reçoit, de Londres, un nom de code et une phrase qui sert d’indicatif. La phrase choisie est communiquée aux équipes locales qui reçoivent les parachutages. Quand la phrase-clé passe à la radio à 13 heures, 19 heures, 20 heures (ou 21 heures), c’est l’annonce du parachutage pour la nuit même. Il faut donc écouter les messages chaque jour. 289 containers ont touché le sol cantalien avant le 31 mai 1944 (source : Eugène Martres).

De nombreux maquisards seront tués les 10 et 11 juin 1944 au Mont Mouchet, où les résistants cantaliens s’étaient regroupés avec ceux des départements voisins. La répression allemande a fait, selon les données d’Eugène Martres, 64 ou 68 morts cantaliens chez les combattants et 35 civils, essentiellement à Clavières (au total, sur les trois départements du Cantal, de la Lozère et de la Haute-Loire, entre 175 et 198 morts, tant combattants que civils). Les combats du Mont Mouchet sont la défaite la plus marquante des maquisards cantaliens contre l’Allemagne.


Photographies d'immeubles détruits

Après l’assassinat de Geissler, chef du SD à Vichy (Sicherheitsdienst = service de renseignement de la SS), lors de sa visite à Murat le 12 juin 1944, des représailles ont lieu le 24 juin à la suite d’un combat entre maquisards et Allemands dans Murat : une centaine d’arrestations et de déportations ainsi que des maisons détruites.

Juin 1944

48 Fi 115
48 Fi 115
48 Fi 116
48 Fi 116

Vue du village de Saint-Martial. Au premier plan, les voitures que les maquisards ont dû abandonner, détruites par les Allemands. A l’arrière-plan, le bourg du village totalement détruit, hormis l’église.

Juin 1944

48 Fi 123​

Appel à la résistance
Appel à la résistance

Cette affiche, éditée par le Comité départemental de Libération, s’adresse spécifiquement aux Aurillacois. Sur fond bleu, blanc, rouge, avec la croix de Lorraine, symbole de la Résistance, elle appelle les Aurillacois à résister à l’Occupant​

Sans date

21 Fi 2

Drapeau tricolore avec la croix de Lorraine peinte à la main
Drapeau tricolore avec la croix de Lorraine peinte à la main

La croix de Lorraine est adoptée dès 1940 par le général de Gaulle comme symbole de la France libre et de la Résistance à l’occupation nazie. Elle est une réponse à la croix gammée nazie.

Sans date

1 W 52

Béret et brassard FFI
Béret et brassard FFI

Ces deux objets proviennent de la succession de Pierre Parra (1886-1970), ancien combattant de la Première Guerre mondiale (dans les rangs du 339e RI) et membre des Forces françaises de l'Intérieur durant la Seconde. Instituteur à Pleaux, Pierre Parra est donc combattant des deux guerres, comme il l'écrivit dans ses mémoires intitulées Des tranchées au maquis (Aurillac, 1964).

Le sergent héroïque qui reçoit la médaille militaire de Pétain, "maréchal de France, commandant en chef des armées françaises de l'Est", en avril 1918, est le même qui, devenu capitaine de FFI, participa à la libération du territoire. Après la guerre, Pierre Parra devient conseiller général de Pleaux (jusqu'en 1958) et maire de Barriac (jusqu'en 1959).

[1943-1944]

532 F 1​

Groupe de maquisards
Groupe de maquisards

Groupe de 15 hommes du maquis Revanche, durant la construction d’une cabane.

[1944]

48 Fi 44

Containers dans la forêt
Containers dans la forêt

Containers dans une forêt de Saint-Martial probablement parachutés avec des armes ou des vivres pour la Résistance.

[1943-1944]

48 Fi 44

Village maquisard
Village maquisard

Cette photographie montre l’arrivée d’une voiture dans un village contrôlé par les maquisards. Une banderole annonce que ce village est résistant avec la croix de Lorraine, le V de la victoire et l’expression de « France libre » qui s’oppose à la France occupée par Vichy. A l’arrière-plan, une infirmière vient rejoindre les hommes.

[1944-1945]

85 Fi 1​

Rapport sur les différents actes de résistance

Rapport du préfet du Cantal au préfet régional sur les différents actes de résistance commis dans le département du 22 septembre au 6 octobre 1943.

8 octobre 1943

1 W 58 ​

Note des renseignements généraux sur les combats entre maquisards et troupes allemandes entre Thiézac et Saint-Jacques-des-Blats
Note des renseignements généraux sur les combats entre maquisards et troupes allemandes entre Thiézac et Saint-Jacques-des-Blats

8 août 1944

1 W 121​

Tracts de contre-propagande

Tout au long de l’Occupation, les tracts demeurent des vecteurs essentiels de la contre-propagande menée par les résistants pour s'opposer aux sources d’information officielles. Les tracts parachutés permettent également aux Anglais et à la France Libre de lutter contre les attaques lancées par le régime de Vichy et l’Occupant contre les Alliés, notamment après le décès de civils au cours de bombardements. L’aggravation des peines encourues pour distribution de tracts clandestins ne freine pas le phénomène qui ne cesse de s’amplifier, jusqu’à la Libération.

1943 (1 W 52)

1943 (1 W 58)

Sans date (1 W 52)

Photographie du drapeau au monument aux morts d'Arpajon-sur-Cère
Photographie du drapeau au monument aux morts d'Arpajon-sur-Cère

Le 11 novembre 1943, la Résistance fête l’anniversaire de l’armistice de 1918. Dans 14 communes, les résistants marquent l’anniversaire à leur façon : des drapeaux français et alliés garnissent les monuments aux morts à Calvinet, Vic-sur-Cère, Murat, Saint-Cernin, Vézac ou encore Saint-Mamet.
A Arpajon-sur-Cère, des drapeaux français et américains sont placés sur le monument aux morts avec une inscription sur la Résistance et une croix de Lorraine.

11 novembre 1943

48 Fi 45

Le docteur Louis Mallet et ses fils

Hommage au docteur Mallet et à ses fils

Compte-rendu retraçant l’engagement dans la Résistance du docteur Louis Mallet et de ses deux fils, Etienne et Pierre. Tous les trois seront exécutés par les Allemands.

Sans date

1 W 331​

Le docteur Mallet et ses fils Etienne (à gauche) et Pierre (à droite)
Le docteur Mallet et ses fils Etienne (à gauche) et Pierre (à droite)

Sans date

Archives municipales de Saint-Flour, 3 Fi 1776​.

La Résistance dans le département du Cantal : combats
La Résistance dans le département du Cantal : combats

Carte dressée par M. Martres, correspondant départemental du comité d’histoire de la Seconde Guerre mondiale.

Sans date

1 Fi 326 ​

La Résistance dans le département du Cantal : sabotages, maquis, parachutage, groupes francs
La Résistance dans le département du Cantal : sabotages, maquis, parachutage, groupes francs

Carte dressée par M. Martres, correspondant départemental du comité d’histoire de la Seconde Guerre mondiale.

Sans date

1 Fi 323​

Affiche interdisant l'accès à la ville de Saint-Flour aux hommes
Affiche interdisant l'accès à la ville de Saint-Flour aux hommes

Pendant le mois de juin 1944, Saint-Flour et ses alentours sont victimes d'une répression intense. Plusieurs personnes sont fusillées dans le canton de Pierrefort dont deux à Cézens.

A Saint-Flour, de nombreuses altercations ont eu lieu entre le maquis et les troupes allemandes. On estime le bilan à plusieurs dizaines de morts. Dans le canton de Saint-Flour et à Vedrines-Saint-Loup, plusieurs incendies ont été aperçus.

L’interdiction aux hommes d’entrer dans Saint-Flour vise à freiner la circulation des résistants et leurs contacts avec la ville.

13 juillet 1944

1 W 97 ​

La fête de la Libération à Aurillac
La fête de la Libération à Aurillac

Les Allemands reçoivent l’ordre d’évacuer Aurillac le 11 août pour se replier sur Saint-Flour, puis quittent définitivement le Cantal le 24 août.

La Libération est fêtée à Aurillac le 3 septembre 1944 lors d’un défilé sur l’avenue de la République. Les troupes qui défilent sont les FFI (Forces Françaises de l’Intérieur).

Des drapeaux tricolores sont accrochés aux fenêtres, certains portant la croix de Lorraine.

3 septembre 1944

48 Fi 98​

La Libération à Aurillac
La Libération à Aurillac

La Libération commémore aussi les morts pour la France. Lors de la fête de la Libération du 3 septembre 1944, deux résistants vont déposer une gerbe de fleurs au monument aux morts.

3 septembre 1944

48 Fi 95​

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