Archives du Cantal
Cote
Date
Description physique
Document sonore Collation : 1 disque compact audio
Présentation du contenu

Madame Anne-Marie Couturon, de son nom de jeune fille Espinasse, est née à Egletons le 15 avril 1929. Elle a vécu à Egletons et pour elle les moments le plus importants de son existence se sont déroulés durant la seconde guerre mondiale, en 1944, avec le maquis qui se trouvait à Egletons et avec son frère qui était parti à la guerre. Ce qui l'a le plus marqué durant cette période c'est l'occupation et elle évoque ses peurs, celles qui planaient sur sa famille, sur son grand-père qui était maire d'Egletons, sur son père qui était une grande personnalité d'Egletons et naturellement sur son oncle Pierre qui était un ancien ministre recherché par le régime de Vichy car considéré comme collaborateur. Ils avaient alors peur qu'une action des maquis puisse entraîner des représailles de la part des Allemands qui auraient alors pu exécuter toutes ces personnalités. Mais elle indique qu'une fois cette période d'occupation passée sa vie a été tout à fait normale. Puis elle signale qu'elle ne souhaite rien dire de personnel sur elle. Puis elle évoque la question des barrages et explique qu'elle a peu de lien avec le barrage, certes les prés que l'on voit ici ont été expropriés par EDF mais cela s'est passé en 1936 et qu'à cette époque c'est Mademoiselle de Bouchard, sa tante, vivait alors avec son père que se sont eux qui ont alors étaient expropriés. En ce qui concerne cette expropriation elle explique que la construction du barrage de Marèges a représenté environ 12 hectares de terres familiales expropriés mais qu'en fait, par la suite, ils les leur ont restitués. Puis en ce qui concerne le chantier de construction du barrage de Bort elle se souvient du train qu'elle utilisait pour aller à Ussel, c'était la ligne Eygurandes - Bort-les-Orgues et elle se souvient également l'avoir pris lorsque le barrage de Bort-les-Orgues se construisait. Puis elle explique que par la suite cette ligne de chemin de fers s'est fermée et qu'alors Bort « est mort ». Par la suite elle raconte qu'elle a connu, jusqu'en 1970 – 1975 les prairies d'ici inondées mais que par la suite des actions ont dû être réalisées car ils n'ont plus eu ce problème. Puis elle souligne que s'ils avaient été expropriés c'est bien pour qu'ils ne puissent absolument rien dire en cas d'inondation de leur terre. Par la suite elle précise qu'elle a repris cette propriété vers 1965 et que cette année-là ils y ont connu une crue qui a duré plus d'un mois presque deux mois et elle complète ce point en signalant qu'il y avait également des crues « qui allaient et qui venaient » mais qui de fait duraient moins longtemps. Puis Armelle Faure précise que là où ils sont situés ils ont deux causes de crue possible, la première qui serait un lâché des eaux du barrage de Brot-les-Orgues, ce que Madame Couturon confirme en signalant qu'elle connait bien cette possibilité qui n'entraîne que peu désagréments. Puis Armelle Faure poursuit et évoque la deuxième cause qui serait un trop plein gardé au barrage de Marèges qui entraînerait la montée des eaux du lac. Puis Armelle suppose que sa tante avait dû connaître les crues naturelles de la Dordogne, concernant de point Madame Couturon tient à préciser qu'elle ne vivait ici que six mois de l'année et que les six autres mois elle partait vivre dans son hôtel particulier de Bordeaux. Puis elle raconte qu'elle se souvient que sa tante lui avait dit que les ingénieurs qui venaient souvent la voir, pour boire une tasse de thé, lui avaient expliqué que s'il y avait un problème elle aurait juste le temps de monter à sa chapelle en haut de la colline c'est tout et qu'alors elle serait sauvée. Elle précise que c'est une information qu'elle a transmise à ses enfants et petits-enfants. C'est alors qu'Armelle Faure explique que ces ingénieurs devaient alors évoquer un problème qui pourrait subvenir au barrage de Bort-les-Orgues car ici ils sont situés en amont du barrage de Marèges et de ce fait ils n'ont rien à craindre de ce dernier. Puis Madame Couturon explique qu'aucun autre membre de sa famille en Limousin ou en Auvergne ne se c'est trouvé sur des terres impactées par la construction d'un barrage. Par la suite Armelle lui demande de bien vouloir évoquer cette différence quelle fait entre le Cantal « ce pays de granit » et le Limousin « ce pays de l'eau ». Elle explique alors qu'il y a pour elle des constructions de granit magnifiques dans le département du Cantal, qui sont solides et qui défient le vent, la tempête, la neige, le soleil, elles sont là et elles restent. Pour elle c'est ça le Cantal quelque chose de très bien construit, de bien ancré dans la terre, qui est là et qui ne bouge plus. Puis complète ce point en ajoutant que si toutes les toitures des châteaux cantaliens avaient été en bon état il y aurait aujourd'hui des centaines de châteaux qui ne seraient pas démolis. Puis elle poursuit en expliquant que pour elle en face il y a ce « Limousin de l'eau » où il y a moins de belles demeures, moins de « familles », moins de gros châteaux qui sont plutôt du côté Cantal. Puis elle explique que pour elle Brive est également une autre Région, plus chaude et plus agréable, que les châteaux y perdurent parce qu'il y a moins d'intempéries, parce qu'ils sont « gardés par le soleil ». Puis elle explique que cette Corrèze de la Haute-Dordogne se caractérise comme un pays de l'eau parce qu'elle est entourée de rivières. Puis elle raconte qu'ils ont une propriété aux alentours d'Egletons et elle se souvient que son père disait souvent à son fermier « surtout n'oubliez pas de faire les rigoles » car l'eau a son importance. Puis elle complète ce point en signalant qu'il y a beaucoup d'étangs dans le Limousin contrairement à ici, que la terre et les herbes ne sont pas les même, qu'il n'y a pas de montagnes dans le Limousin alors qu'ici une propriété sans montagne était « une propriété boiteuse » car il fallait que les vaches montent quarte mois de l'année en montagne. Puis elle complète en signalant qu'ici ils possèdent une montagne alors que dans leur propriété en Limousin les vaches restent là où elles sont. Puis elle confirme à Armelle qu'elle a connu l'époque où ils faisaient monter les vaches à leur montagne à pieds, que cette période n'est pas ancienne et que cela s'est arrêté lorsqu'elle a loué sa ferme à un fermier qui lui n'a plus voulu faire cette transhumance à pied. Puis elle se remémore ces montées qui pour elles étaient superbes, elle avait même des amis qui lui téléphonaient pour lui demander s'ils pouvaient venir y participer. Par la suite elle explique que ce jour-là ils partaient à 3 heures du matin et que les vaches arrivaient à leur montagne à midi et qu'ils redescendaient donc tous faire un bon repas à la ferme. Puis elle complète ce point en expliquant qu'elle a fait cette montée pendant trente ans et que son fils l'a également faite jusqu'à ses vingt-cinq ans et que lui aussi appréciait cette journée. II lui racontait d'ailleurs comment les vaches étaient heureuses et couraient lorsqu'elles partaient pour leur montagne. Puis elle poursuit en expliquant qu'ils faisaient également la descente de la montagne à pied mais qu'en revanche il n'y avait pas de repas et pas de fête à cette occasion car la fête était uniquement organisée pour la montée des vaches. Puis elle explique que du temps de sa tante c'était les fermiers qui s'occupaient de cette montée et que pour eux c'était un honneur, ils étaient fiers de la faire avec leurs amis. Puis Armelle Faure fait un parallèle avec le récit de Patrick Henault (fils des châtelains du château de Val) qui a un souvenir inoubliable de retour ??? Puis Madame Couturon explique qu'actuellement les camions à bestiaux sont beaucoup plus grands est permettent de transporter beaucoup de vaches ce qui facilite les transhumances. Puis elles évoquent ensemble les différentes fêtes de la transhumance qui ont lieu dans les Pyrénées et dans le Cantal. Pour Armelle c'est donc désormais une histoire d'urbains qui viennent des villes pour y participer. Pour Madame Couturon ces fêtes sont totalement stupides voir dangereuses car une vache avec son veau peut avoir de mauvais réflexes envers le public. Puis elle explique que cette montée et utile pour le renouvellement de l'herbage mais Armelle complète ce point en signalant qu'elle est également utile pour la production de fromage. Ce que Madame Couturon confirme et complète en signalant qu'à son époque elle n'a élevé que des veaux sous la mère mais qu'antérieurement sur cette ferme ils produisaient bien des fromages. Puis elle pécise qu'elle n'a pas voulu poursuivre cette production car cela demandait trop de domestique et entrainait trop de frais. Puis elle évoque les fenaisons à la ferme qui dans le temps se faisaient sous formes de petites bottes carrées et qui maintenant sont de très grosses qu'ils réalisent avec l'aide d'énormes tracteurs. Par la suite elle répond à Armelle qu'ici elle n'a pas connu de grande fête organisait pour marquer la fin de fenaison mais elle suppose qu'elle était peut-être organisée par ses fermiers. Puis Armelle revient au témoignage de Patrick Hénault qui lui avait signalé que les deux grosses fêtes dont il se souvenait étaient « celle du retour de la montagne et celle des foins ». Mais Madame Couturon signale qu'il y a vingt kilomètres de différences entre ces deux lieux, que là bas c'est le Puy-de-Dôme et que c'est déjà totalement différent d'ici. Elle confirme qu'elle n'a jamais entendu parler de fête des foins dans le Cantal. Elle précise que ce qui les inquiétaient à cette époque de fenaison c'était la peur des orages, de la pluie qui risquaient de mouiller et donc d'abimer toute la récolte. Puis Armelle évoque le récit de Madame Pers, membre d'une famille de fermiers de Saint-Martin-la-Méanne, qui lui a raconté le système qu'ils avaient mis en place afin de réaliser la fenaison. Ils avaient une grande prairie avec un système d'irrigation et ils avaient mis en place, d'une façon extrêmement codifiée, un système de roulement où chaque famille, il y en avait 12 sur cette pairie, pouvait, les unes après les autres, faire le foin qui se trouvait sur leur parcelle. Puis elle répond à Armelle que personne dans sa famille ne s'intéressait à la pêche mais qu'il y avait tout de même des pêcheurs sur la Dordogne. Puis Armelle précise sa question et explique que si elle a posé cette question c'est pour savoir si le fait d'avoir la Dordogne toute proche était une attraction pour la vie sociale entre châtelains, comme la chasse peut l'être dans d'autres pays. A cette question Madame Couturon répond, non, parce qu'avec la Dordogne il y avait toujours des risques de crues difficiles et que la Dordogne n'est pas un étang. Mais elle fait un parallèle et signale qu'elle a été une des premières à avoir une piscine et là ça lui a ramené beaucoup d'amis et d'enfants d'amis. Puis elle explique qu'ici on ne se baigne pas dans la Dordogne parce qu'il y avait des crues, parce qu'il s'agissait également d'une propriété privée et ce que sa tante ne pouvait pas permettre de rentrer chez elle pour se baigner. Puis elle conclut ce point en signalant que ce n'est pas une plage ici car la Dordogne est bordée d'herbe. Puis elles abordent la question de la chasse qui pour Madame Couturon ne représente rien et elle confirme à Armelle que ce n'était pas une chasse recherchée. Puis Armelle demande si dans les autres activités qui pouvaient être liées à ces ressources naturelles, à ces paysages naturels superbes quelle pouvait être l'attrait, d'un point de vue social, d'une telle propriété et pour étayer sa demande elle donne pour exemple la Brêmes où les gens s'invitent pour aller à la pêche, la Sologne où les gens s'invitent pour allait chasser le faisan. A cette question Madame Couturon répond « rien », il n'y a rien c'est comme en Corrèze il y a peu de chose. Puis Madame Couturon explique que Paris n'a jamais était un attrait pour eux, cette ville n'est juste qu'un repli l'hiver pour les gens qui y ont un appartement. Puis elle développe ce point en signalant que pour sa tante ce repli se faisait à Bordeaux où elle avait un hôtel particulier. Puis elle explique que dans le Cantal 80% des châtelains ont leur château fermé 6 mois de l'année et que leur retour se fait aux alentours de Pâques. Puis elle complète en signalant que les châtelains n'avaient aucun métier dans le Cantal, qu'ils devaient s'expatrier et que c'étaient eux par leur métier qui « géraient ». Puis Madame Couturon pense que dans le Cantal il y a des richesses insoupçonnées de la terre, qu'il y a surement des richesses dans la pierre, qu'il doit y avoir du fer, du cuivre. C'est une impression qu'elle a, elle est persuadée qu'il y a des richesses insoupçonnées nées des bouleversements de la terre. Puis Madame Couturon confirme qu'elle n'a pas de souvenirs du chantier du barrage car il était vraiment trop loin. Puis elle répond à Armelle que le nom d'André Coyne (l'ingénieur des barrages) ne lui dit rien. Puis Armelle lui demande si elle pouvait évoquer les marchés aux vaches. Elle explique qu'en ce qui concerne les marchands de bestiaux il ne fallait surtout les écouter mais savoir ce que vous vouliez en étant très au fait des prix du moment. Pour elle dans ce marchandage tout dépend de l'état financier du propriétaire qui a les moyens ou pas de repousser la vente à plus tard. Puis elle explique qu'il y avait d'abord les marchands de bestiaux qui venaient à la ferme et complète ce point en signalant qu'elle a beaucoup travaillait avec un marchand de Menet « qui avait bien compris qu'elle avait compris » la manière dont doit se conduire une vente. Puis elle explique que son domestique pouvait également les conduire à la foire de Mauriac ou de Riom. Puis elle cite également les foires de Bort et d'Auriac où elle n'allait pas car elles étaient trop loin. Puis elle cite celles de Trizac et de Sagnes. Pour elle, en ce qui concerne l'ambiance des foires, on peut raconter tout ce que l'on veut mais dans la réalité le vendeur et l'acheteur sont là pour gagner leur vie et là ils s'en foutent un peu des ambiances de roman pour les urbains. Pour elle les marchands sont là soit pour vous ruiner si vous êtes zéro ou pour vous faire gagner votre vie normalement. Puis elle explique que les marchands se téléphonent entre eux ce qui fait que vous pouvez voir arriver des marchands de partout, de Toulouse…ils se téléphonent pour se faire passer des informations sur des taureaux Salers…Puis Madame Couturon raconte une anecdote marante qui lui est arrivé. Un jour elle est allé avec une de ses amies, toutes les deux très bien habillées, acheter un taureau charolais chez un éleveur qui la connaissait bien, elle a discuté avec lui et a entendu un marchand de bestiaux qui disait à cet éleveur « ne te tracasse pas, ce soir elles vont allé diner chez les Trois Gros, elles vont allé coucher chez les Trois Gros, alors ne te tracasse pas vend le cher ton taureau » ce à quoi elle a répondu « Mais pas du tout, on peut, peut-être, rentrer à Madic ce soir » et au final ils ont bien ri, elle a été boire un verre chez l'éleveur et elle a acheté une belle bête. Puis elle confirme à Armelle que dans ce milieu il n'y avait qu'une femme ou milieu d'hommes c'était elle mais qu'ils étaient tous très aimable avec elle et qu'ils ne l'auraient pas chahuté. Puis elle complète cette anecdote et raconte qu'elle les a par la suite reçu le vendeur ici lorsqu'il a conduit le taureau qu'elle avait acheté, qu'elle leur a offert l'apéritif, qu'elle ne l'a tout de même pas invité à déjeuner mais qu'il a peut-être dîné à la ferme. Puis elle explique qu'un taureau peut faire la monte pendant environ 10 ans et qu'il est très rare, même aujourd'hui, qu'il y existe un troupeau sans taureau car l'insémination artificielle ne les a pas fait disparaitre. Puis elle complète ce point en signalant qu'il faut toujours deux taureaux dans une propriété importante car si l'un se foule un pied, se fait mal, il ne va pas pouvoir alors saillir les vaches et s'il n'y en a pas un second pour suppléer à cette absence il n'y aura pas de naissance de veau. Bref pour Madame Couturon tout est mécanique et il ne faut pas s'imaginer qu'un taureau c'est de la rigolade, qu'une vache c'est de la rigolade et que les chaleurs sont une rigolade comme pour les chiens. Pour elle il y a un calendrier très net et très important à suivre il faut que les vaches prennent tel mois, il faut que les veaux soient vendus tel mois. Pour elle c'est un travail formidable c'est beaucoup d'observations, de connaissances… pour elle « c'est un métier de calendrier » et si vous le suivez-vous aurez une exploitation qui marche bien. Puis elle change de sujet et explique que cette maison est l'ancienne écurie de la famille Chabanes sur laquelle un de ses ancêtres a monté cette demeure en 1830, seule cette pièce existait alors, c'était là où couchaient les gardes des écuries. En regardant le paysage elle confirme à Armelle qu'il lui semble que les bois gagnent du terrain et descendent. Pour elle le Cantal n'est pas une « endroit de forêt » mais il le devient ce qui est ridicule.

Autres données descriptives
Notes ISBD

(Cote de l'original : Fg 1396 [1986] et de conservation : A [1986] 2328).

Auteur
  • Bianchi, Frédéric
  • Faure, Armelle
  • Couturon, Anne-Marie
Mots-clés lieu
  • Dordogne (cours d'eau)
  • Madic (Cantal, France)
Mots-clés matière
  • barrage
  • Électricité de France (EDF)
Mots-clés personne
  • Bianchi, Frédéric
  • Faure, Armelle
  • Couturon, Anne-Marie
Permalien de la notice
4 AV 536
Partager sur