Archives du Cantal
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Document sonore Collation : 1 disque compact audio
Présentation du contenu

Présentation du contenu par Frédéric Bianchi :

Monsieur Gatinot tient à signaler que bien qu'étant un employé EDF il a toujours adoré La Dordogne et beaucoup moins les barrages car il l'adorait cette « Dordogne qui coulait ». Puis il raconte que son grand souvenir est de se rappeler que c'est là, que, tout seul, qu'il a appris à nager. Puis il signale qu'il évoque dans son autobiographie cet Anneau d'Arches où il avait beaucoup de copains, de copines…et il se souvient que tous ses amis avaient, pour déjeuner, juste un petit seau ou un petit « carselou » comme ils disaient en patois, dans lequel ils n'avaient qu'un peu de pain qu'à l'heure du repas ils allaient tremper dans un bouillon qu'un des restaurateurs d'Arches avait préparé pour le repas de midi. Puis il signale qu'il a été frappé tout jeune par l'ambiance qu'il y avait à l'Anneau d'Arches, il y avait des cultivateurs qui s'appelaient peut-être Gensoni, d'autres qui s'appelaient Petitou et

ils avaient une petite fille dont il se souvient bien car il allait avec elle à l'école et qu'il voulait, à sept ans, épouser. Il se souvient de Gensoni qui était aussi un camarade d'école qui est devenu adjoint technique puis est passé ingénieur des ponts et chaussées à Condat. Armelle demande à Monsieur Catinot si cette petite école d'Arches avait formé d'autres personnes très qualifiées comme lui ce à quoi il répond qu'à part Gensoni il ne voit pas. Puis il signale qu'à Arches il a un témoin qui en connaîtra plus que lui sur les noms des habitants c'est son frère qui est le seul des six à être resté à Arches pour s'occuper de la ferme familiale. Puis il présente à Armelle une photographie des écoliers d'Arches en 1937, il avait alors 10 ans et il y avait six autres élèves du même âge. Il intéressant de noter qu'il a inscrit tous les noms des élèves dont un autre Gensoni qui a fait Ecole Nationale Professionnelle. Puis il explique qu'à la retraite il s'est fait construire une petite maison à Arche, maison qu'il a récemment vendue car ils ne peuvent plus y aller. A Arches il confirme qu'il y avait deux bons petits restaurants, un qui se nommait « L'accueil » que l'on nommait également en patois « Chez Saoutoro » et « Chez Dinou » que l'on nommait également « Chez la Bouillon ». Puis il signale que l'on y mangeait très bien et que lorsqu'ils avaient bien travaillé, lors des fenaisons, ils leurs arrivaient les dimanches ou exceptionnellement un jour de semaine d'y descendre. Puis il poursuit son évocation du village de l'Anneau d'Arches en expliquant que lorsqu'ils étaient enfants pour éviter de passer sur le pont et pour pouvoir ainsi gagner un peu de temps les femmes leurs faisaient traverser la Dordogne en barque à « la godille » et elles godillaient bien car elles arrivaient piles à l'endroit où il fallait attacher la barque. Armelle est surprise que ce ne soit que des femmes assurent cette traversée. Puis il explique que beaucoup de ces femmes venaient vendre du poisson à Arches, qu'elles le portaient dans des paniers en osier, très larges, rectangulaires, où il en rentrait beaucoup, paniers qu'elles tenaient du bras sans les mains ce qui leur permettait de les avoir libres afin de pouvoir tricoter des chaussettes, des…Puis il se souvient qu'une fois arrivées elles posaient les poissons sur des fougères fraiches avec les truites d'un côté, puis les poissons un peu dur et les poissons à arêtes au fond. En ce qui concerne la vente elles passaient d'abord chez les riches comme la famille Delbeuc pour leur vendre des truites, puis elles allaient vendre les autres poissons moins nobles aux personnes moins riches avant de redescendre à l'Anneau d'Arches. Puis il évoque les repas formidables qu'ils faisaient « Chez La Bouillon » car il y avait des tables qui allaient jusqu'au bord de la Dordogne, il y avait des barrières en bois, une cuve en bois où se trouvaient les poissons avec de l'eau de la rivière qui y passait pour garder la fraîcheur. Puis il explique qu'ils y venaient pour déguster des poissons, des truites, des fritures de goujons, des omelettes aux cèpes, des fromages de chèvres et souvent comme désert ils y avaient de délicieuses pêches car il y avait beaucoup de pêchers. Puis il évoque Altéro Betti avec qui sa femme, qui était bonne soprano a chanté « Le temps des gabarriers » pour la télévision. Puis il explique qu'il n'allait pas à Nauzenac et qu'il n'est allé qu'une fois à Saint-Projet. Puis il poursuit en signalant qu'en ce qui concerne les barques seules les femmes s'en occupaient, pas les hommes. Puis il explique que comme il n'était pas très riche pendant les vacances il faisait facteur et que cette tournée lui a permis de connaître Saint-Projet. Pour arriver à Saint-Projet il descendait et passait par des petits villages qui se nommaient « Les Andrieux », « Soultz », « Vesac » et de là il plongeait sur Saint-Projet ou sur Lanau. Dans ce cadre il a rencontré les ouvriers qui travaillaient sur le pont. Puis il explique qu'il était payé pour faire facteur mais beaucoup moins que pour faire enfant de cœur pour les mariages, les enterrements ou les baptêmes. Puis il développe ce point en expliquant que ce qu'il avait trouvé de curieux à cette époque c'est que lors des enterrements, lorsque le défunt était pauvre il était au ras du sol sur un petit catafalque, puis s'il était de classe moyenne il avait un étage supplémentaire, puis s'il était riche son catafalque était encore plus élevé. Puis il complète en expliquant que pour l'enterrement d'un pauvre il recevait 10 francs, pour la classe moyenne il recevait 15 francs et que pour les plus riches il recevait 20 francs. Puis il complète ce point en signalant que pour les riches le catafalque était très haut et qu'il était recouvert de beaux tissus de draps noirs, blancs et argentés avec beaucoup de cierges autour. Puis il poursuit et explique que le défunt était conduit au cimetière d'Arches pour y être inhumé et qu'il y était conduit en corbillard tiré par des chevaux. Puis il explique que ce qui n'était pas drôle c'était d'aller avec le curé donner l'extrême-onction aux mourants et il se rappelle qu'un jour un homme qui était communiste et contre la religion a demandé à voir le et que lorsque celui-ci lui a tendu le Christ (la croix) « il l'aurait mangé ». Selon lui il voulait le garder car c'était son dernier recours. Puis Armelle lui demande d'évoquer la seconde guerre mondiale, il explique alors qu'il se souvient qu'à Egletons ils mangeaient des pommes de terre à l'eau, ils avaient des fromages de Lapleau immangeables ainsi que des boudins pas très bons. En revanche ce qui était intéressant c'est qu'ils recevaient des colis des parents et qu'alors ils partageaient tout car il y avait une caisse à provisions où ils mettaient tous les produits reçus et où chacun allait se servir même ce qui ne recevaient rien. Il se souvient qu'un jour des Allemands ont menacé le directeur de l'école Abel Gaillard ainsi que certains élèves mais au final rien de grave n'est arrivé. Puis il explique que les Anglais ont bombardé l'école d'Egletons et que lorsque les Allemands tentaient de s'enfuir par des souterrains des résistants les attendaient à la sortie et les assommaient. Mais il explique qu'à cette époque ils étaient tout de même jeunes, qu'ils aimaient rire et que tout cela leur paraissait normal. Puis il raconte avoir porté de fausses cartes d'identité à des gens dans les bois et qu'un jour les Allemands qui cherchaient des vivres, œufs…ont voulu rentrer dans la ferme familiale et que c'est sa grand-mère de 80 ans qui leur a dit « sortez » et qu'ils ont écouté ce qu'il trouve curieux. Puis il explique qu'il a su, après la guerre, qu'il y avait un poste radio à l'école d'Arches qui communiquait avec les Anglais. Il pense que c'est son ancien instituteur, Monsieur Selves, qui avait organisé cela. Puis il raconte que le facteur d'Arches et son fils ont été fusillés par les Allemands dans la forêt. Pour lui il est donc possible qu'il y ait un rapport entre l'émetteur d'Arches et La Poste. Par la suite il confirme qu'il avait entendu parler du barrage de l'Aigle où il y avait des résistants. Monsieur Audy y était et Monsieur Decelle, directeur général d'EDF, recrutait des ingénieurs qu'il protégeait au barrage. Puis il explique que tous ces ingénieurs se sont par la suite retrouvés au barrage de l'Aigle pour « La Fête de la Résistance », un de ses amis Monsieur Battu y participait. Puis il se souvient d'André Coyne et de son gendre Monsieur Bélier. Pour lui qu'André Coynes représentait l'ingénieur des barrages de France et d'ailleurs. En ce qui concerne le barrage de Marèges il n'a pas beaucoup d'information si ce n'est une anecdote concernant un des deux « magasins restaurants » d'Arches dont un se nommait « Chez Barrier » où le fils du propriétaire fabriquait le pain et faisait cuire celui de tous les agriculteurs qui le lui apportaient. Puis il poursuit en évoquant l'autre restaurant « Chez Hélène » dont Madame Hélène Doustésier était propriétaire. Pour lui c'était une femme extraordinaire qui gérait un café, un restaurant, un bureau de tabac et faisait même taxi pour conduire les personnes qui le souhaitaient visiter le chantier de construction du barrage de Marèges. Pour Armelle il s'agit là d'un premier exemple de tourisme industriel. Mais en revanche Monsieur Catinot pense que la majorité des habitants d'Arches ne s'intéressaient pas au barrage et ne connaissaient pas le nom d'André Coyne. Pour lui c'était surtout les touristes qui aimaient visiter le chantier de construction ou d'anciens habitants d'Arches partis à Paris et qui, lorsqu'ils revenaient au pays, aimaient également visiter ce chantier. Pour lui André Coyne représentait une grande personnalité, un technicien de haut vol qui avait la science de la résistance des matériaux. Pour lui le bureau Coyne était important d'ailleurs il explique que le Colonel Ménières était un ingénieur conseil payé par ce bureau mais pas par EDF. Puis Armelle lui demande si, en ce qui concerne l'hydro-électricité, il connaissait un autre personnage du même niveau qu'André Coyne, Monsieur Catinot répond que non mais que ce domaine n'était tout de même le sien. Puis il ajoute qu'en ce qui le concerne il n'a jamais entendu parler d'autres prestataires susceptibles de réaliser un barrage car il faut d'énormes connaissances. Puis il explique qu'en ce qui concerne l'aval du barrage du Chastang il s'agit d'un « limaçon de Pascal » c'est-à-dire d'une formule mathématique rigoureuse, soit un cercle qui varie à chaque niveau et dont le parement amont est un cercle, vertical contrairement à l'aval. Puis il raconte qu'il a assisté au procès concernant le barrage de Malpasset et ce à titre personnel et il précise qu'il s'est déroulé à Aix-en-Provence en 1959 et qu'il n'y avait pas André Coyne mais qu'il y avait Monsieur Bélier. Puis il poursuit et explique qu'il s'est également s'occupé d'appareils d'auscultations c'est-à-dire des sondes thermométriques ainsi que d'autres appareils dont il donne la description et le mode de fonctionnement. Puis Armelle Faure lui demande d'évoquer le barrage de Tignes « Le géant » de 180 mètres de haut. Monsieur Catinot explique que la construction du barrage de Tignes était une aventure exceptionnelle car ils n'y travaillaient que l'été, que ce chantier a bénéficié des aides du plan Marschall, que le personnel était payé au rendement, qu'il y avait des bennes de 6 M3 de béton, qu'il y avait deux blondins de 20 tonnes et un blondin de 10 tonnes et que cet ensemble était piloté par radio ce qui avait entrainé de nombreux accidents d'ouvriers qui ont été projeté à l'eau par ces bennes. Puis il complète ce point en signalant qu'à l'entrée de ce barrage sont inscrits tous les noms des personnes accidentées qui sont décédées suite à sa construction. Puis il lui semble se rappeler que c'était André Coyne qui expliquait que le nombre de mort d'un chantier dépendait de l'investissement, plus le chantier était gros plus il y avait de morts. Puis pour expliquer la dureté de la vie à Tignes il raconte qu'il avait comme aide, un parricide, un dur, qui lui avait demandé un jour de lui montrer son patron et que si un jour celui-ci l'embêtait il aurait « vite fait de lui casser la gueule ». Par la suite il explique qu'il n'y avait peut-être que 10 à 15 % de Français sur ce chantier, pas plus, le reste du personnel était Espagnol, Portugais, Polonais, Arabes…et il signale que la population locale les appelait les doryphores. Et que c'était Jean Raymond qui avait lancé l'idée d'appeler tous les employés d'EDF les doryphores. Puis il poursuit en signalant que ce qui l'avait surpris et ce qui l'avait ému lors de ce chantier c'est qu'ils avaient déterrés les morts pour les déposer dans un autre cimetière. Armelle complète ce point en expliquant qu'à Tignes ils ne pouvaient pas enterrer les morts l'hiver et que le problème était que peu de monde connaissait l'identité des morts et qu'ils s'étaient disputés avec les autorités et n'ont donc pas été conviés pour étiqueter les corps, ce qui a entrainé une pagaille énorme. Puis Monsieur Gatinot poursuit en signalant que la population qu'il connaissait et qui habitait à 2 000 mètres d'altitude, soit 500 mètres au-dessus du barrage, était constituée de familles nombreuses dont le taux de mortalité infantile était important. Puis il poursuit sur ce point en ajoutant qu'ils se soignaient avec des plantes et que l'hiver, lorsqu'il y avait un mort, il le posait sur le toit parce qu'ils ne pouvaient pas le descendre et qu'ils attendaient également le printemps pour pouvoir l'enterrer. Puis il confirme à Armelle qu'il a bien été surpris par la résistance des populations à l'implantation de ce barrage mais que de l'autre côté il y avait tout de même l'appât du gain. D'ailleurs il raconte à ce sujet l'anecdote suivante : il habitait à « l'hôtel de la Sassière » et un 15 août, ils ont voulu aller déjeuner à « l'hôtel du Mont Pourri » et les hôteliers les ont alors littéralement « matraqués » avec une très grosse note à régler alors qu'ils n'étaient pas très riches à cette époque. Puis Armelle complète ce point en signalant qu'à Tignes et à Bort les deux populations n'ont pas réagi de la même manière et que ces deux cas ne sont pas du tout comparables. Puis Monsieur Catinot signale qu'en effet, selon lui, les deux populations n'ont pas la même mentalité ce que confirme Armelle en expliquant que les habitants de Tignes étaient eux sur une frontière, ils étaient contrebandiers, faisaient du troc…ce qui n'était pas le cas des gens de Bort. Puis Monsieur Catinot indique que le chantier le plus haut d'Europe à cette époque était le barrage de la Sassière au-dessus de Tignes. Puis il raconte un mauvais souvenir en évoquant la mémoire d'un homme qui un jour en conduisant un Dumper s'est renversé avec et s'est fait alors sectionner une partie du cou ce qui a fait que sa tête s'est alors rabattue en arrière mais qu'il continuait tout de même à vivre et à courir en tendant ses mains qui semblaient demander de l'aide vers toutes les autres personnes qui elles n'avaient eu, pour réflexe, que de courir par peur de cet homme sans tête. Puis finalement un courageux l'a pris en charge mais il est tout de même décédé par la suite dans la descente entre Tignes et Saint-Maurice. Puis il explique qu'il a vu des accidents en pagaille et qu'il n'en a pas dormi pendant quinze jours. Puis il raconte qu'un jour le téléphérique pour touristes qui montait à Val d'Isère a eu un accident qui a fait sept morts. Puis il poursuit en signalant qu'un des téléphériques des ouvriers était lui très primaire et dangereux et qu'il y est même monté un jour alors qu'il y avait trois caisses de dynamites et une caisse de détonateurs dans la benne ce qui a fait dire au chef de poste « Eh bien vous avez de la chance » et puis de poursuivre « pas tellement dans le fonds parce que si ça avait sauté vous n'auriez pas souffert ». Armelle conclut cet entretien en signalant que de telles anecdotes la confirment dans son idée que ce chantier de Tignes n'était pas un chantier facile.

Autres données descriptives
Notes ISBD

(Cote de l'original : Fg 1374 [1956] et de conservation : A [1955] 2252** et A [1955] 2252 *** pour les photographies).

Auteur
  • Bianchi, Frédéric
  • Faure, Armelle
  • Catinot, Louis
Mots-clés lieu
  • Dordogne (cours d'eau)
  • Argentat (Corrèze, France)
Mots-clés matière
  • barrage
  • Électricité de France (EDF)
Mots-clés personne
  • Bianchi, Frédéric
  • Faure, Armelle
  • Catinot, Louis
Permalien de la notice
4 AV 520-2
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