Archives du Cantal
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Présentation du contenu par Frédéric Bianchi :

Madame Simone Gaillard signale qu'il y avait autrefois un pont suspendu entre Nauzenac et Chalvignac, que le village de Saint-Projet-le-Désert dépendait de Neuvic en Corrèze, que Bort-les-Orgues lui se situait à moitié dans la Corrèze et à moitié dans le Cantal et qu'il aurait totalement intégré la Corrèze car son église s'y trouvait.

Madame Gaillard, de son nom de jeune fille Brousse, est née à Spontour le 19 août 1919. Son père était natif de Spontour et sa mère du Rouffy. Elle a bien connu le village du Rouffy car sa grand-mère y vivait. Elle raconte l'histoire d'un homme qui faisait de petits travaux (jardinage…) et qui ramassait les gros galets de la Dordogne lorsque son niveau était très bas, galets qu'il stockait par la suite chez la grand-mère de Madame Gaillard et qu'il emportait au fur et à mesure à Auriac afin de les vendre. Elle se souvient qu'il disait, en patois, « Vèni quère les òmes de pè per les fenmas d'Orlhac » ce qui donne en français « Je viens chercher les hommes de pied pour les femmes d'Auriac ». Les « hommes de pied » étaient donc les galets qui une fois réchauffés dans les braises du foyer de la cheminée pouvaient alors assurer, lorsque les maris ne dormaient pas avec leurs femmes, le rôle de chaufferettes de pieds dans le lit de ces dames. Elle explique qu'au Rouffy il y avait une grande plage où ils ancraient les bateaux et sa grand-mère, Anna Jarrige, tenait un café au Rouffy ainsi qu'une ferme, elle était également « passeur » pour faire traverser les personnes et les vaches de Laval-sur-Luzège à Auriac. Son grand-père faisait « les voyages », il était marchand ambulant de parapluies à Givors dans la Saône-et-Loire. Elle raconte qu'à Spontour ils avaient une vieille voisine qui pour économiser éteignait sa lampe le soir et venait veiller chez eux avec son galet qu'elle faisait chauffer dans leur cheminée et remportait chez elle à la fin de la veillée pour chauffer son lit. Mais elle poursuit en signalant qu'il n'y avait pas beaucoup de gens qui venaient veiller chez eux il y avait seulement cette vieille femme. Puis elle explique que durant ces veillées sa mère fabriquait les filets de pêche, les éperviers dont son père se servait et confirme qu'elle avait appris à les fabriquer. Son père épluchait souvent les châtaignes et cassait les noix. Elle complète en disant que les châtaignes nourrissaient également les cochons qu'ils tuaient l'hiver. Madame Gaillard explique qu'autrefois sa grand-mère Brousse de Spontour, de son nom de jeune fille Porte, était native de Soursac et elle explique qu'elle cultivait alors le chanvre dans un jardin qu'ils appelaient la « chanvrière ». Ils faisaient ensuite du fils de chanvre, qu'elle filait et donnait à une tisserande puis faisait alors confectionner des chemises pour son grand-père, tout se faisait donc à Spontour. Puis elle explique que sa grand-mère native de Soursac vivait donc avec son grand-père natif de Spontour ce qui était assez rare. Puisqu'il n'y avait pas une bonne entente entre les gens du plateau et ceux de Spontour, les mariages étaient rares. Elle explique que les gens du plateau ne savaient pas « travailler la vallée » car ils n'étaient que des pêcheurs qui travaillaient la nuit et dormaient le jour et qu'à cette époque c'était les femmes qui cultivaient les jardins. Elle signale que son père s'était marié avec une native du Rouffy et que son oncle s'était lui marié avec une fille de Spontour. Par la suite elle évoque rapidement les habitants de Spontour qui fabriquaient et réparaient les gabarres, ceux qui faisaient le bois l'hiver pour l'emporter par la suite dans les gabarres. Elle mentionne que les habitants de Spontour étaient pauvres et vivaient en autarcie mais que cela ne « leur faisait rien » car ils s'entraidaient et mangeaient à leur faim grâce à la pêche et aux jardins. Elle évoque ensuite le chantier du barrage de l'Aigle qui a apporté du travail à tout le monde et signale que tout le monde était content de l'arrivée de ce chantier contrairement à l'arrivée de celui du barrage du Chastang qui lui a « noyé des maisons » et a donc été moins bien accepté, Armelle Faure fait remarquer que le barrage de l'Aigle a tout de même noyé plusieurs maisons ce qui amène Madame Gaillard à compléter en signalant que cette construction a certes entrainé la disparition de leur moulin à Spontour mais pas de leur maison. Certes ils ont bien été expropriés car l'eau rentrait dans leur cave mais cette maison, où elle est née, n'a pas été détruite et est actuellement la première maison en venant de Mauriac. Elle complète ce point en expliquant que cette maison a été acheté par la suite par la commune pour devenir une auberge de jeunesse. C'est aujourd'hui, un ensemble de chambres d'hôtes. Elle explique que leur moulin était beaucoup plus bas au bord de la Dordogne et a donc disparu mais qu'elle a tout de même pu récupérer et garder une meule. Pour elle il devait y avoir quatre maisons au village du Rouffy : la maison de sa grand-mère, celle de sa tante, celle de la famille Vesat…il y avait également des granges. Puis elle évoque rapidement le village du Chambon qui devait être un peu plus important mais qu'elle ne connaissait pas beaucoup, elle se souvient qu'il y avait une école et surtout un pont ce qui était important à l'époque. Elle signale qu'en revanche le village du Rouffy lui n'avait pas de pont et qu'il fallait alors utiliser le chemin de rive, les chemins qui allaient à Laval-sur-Luzège ou la petite route qui allait à Auriac. Par la suite elle raconte le déroulement du mariage de ses parents, en février, par une froide journée, ce jour-là son père qui vivait à Spontour est allé chercher sa mère à pied avec tous les invités de la noce au village du Rouffy, puis ils sont partis, toujours à pied, se marier à Auriac pour redescendre par la suite à Spontour avec le joueur de cabrette devant en tête de cortège, marche qui devait représenter environ 16 kilomètres. Elle complète en expliquant qu'à cette époque les noces à Spontour étaient très importantes. Par exemple pour celle de ses parents il devait y avoir une quarantaine d'invités. Elle se souvient que les jours de noces les jeunes de Spontour se postaient au pont et tiraient des coups de fusils pour l'annoncer. En ce qui concerne la religion elle n'a pas beaucoup d'éléments mais Monsieur Malarange, un de ses anciens collègues, pourrait évoquer cette question. Puis elle signale que la belle-mère de Monsieur Malarange, Madame Vialaneix, était originaire de Valette où ils étaient fermiers à côté du « monastère ». Ce sont eux qui, à l'époque de la construction du barrage, ont été expropriés et ont alors pris une ferme à Mauriac. Elle explique que c'est la famille Fourtet qui, après l'expropriation, a pris leur suite à la ferme de Valette, maison de ferme qui est encore présente aujourd'hui. Par la suite elle signale que son frère était ingénieur et s'est marié avec une fille de Soursac et fut maire pendant trente ans. Elle précise qu'il travaillait à la manufacture de Tulle et était présent lors du tragique évènement de la pendaison des otages mais que par chance il n'avait pas été capturé, s'étant caché avec un autre collègue dans la chaudière de la manufacture. Elle complète ce récit en signalant qu'ils avaient également été protégés par une veuve de colonel français qui avait signifié son statut aux allemands et leur avait affirmé que personne d'autre qu'elle ne se trouvait dans cet immeuble. Elle évoque ensuite la mémoire de l'abbé Espinasse, originaire d'une famille de restaurateurs de Tulle, qui a donné l'absolution aux 99 pendus de Tulle. Elle tient à souligner qu'il a tout de même réussi à sauver beaucoup d'otages car à l'origine les allemands voulaient en pendre deux cents. Elle conclut ce passage en signalant qu'eux ne savaient rien, à ce moment-là, des tragiques évènements en train de se dérouler à Tulle puisque les radios ne les évoquaient pas. Puis elle évoque leur peur au barrage de l'Aigle car les allemands étant arrivés à Mauriac, les gens du maquis voulaient faire sauter le tunnel qui conduit au barrage, puis le barrage. Selon Madame Gaillard ces Allemands faisaient partie de la compagnie Das Reich et d'une autre compagnie. Elle explique qu'à cette époque elle se trouvait avec son mari au barrage de l'Aigle. Ils vivaient alors à Aynes et étaient instituteurs. Ses enfants étaient à cette époque tout petits car nés en 1944. Selon elle ils devaient être près de 1 200 habitants à Aynes puis elle signale qu'elle avait une classe de 43 enfants et que son mari en avait une de 35 élèves avec des populations qui venaient d'horizons divers, des magrébins, des polonais, des tchécoslovaques, des italiens… Puis elle raconte que les ingénieurs du barrage, Monsieur Coynes et Monsieur Desselle, avaient sauvé beaucoup de personnes en faisant des faux papiers et en ralentissant les travaux en construisant le jour et en démolissant la nuit ce qu'ils avaient réalisé. Elle signale qu'ils connaissaient bien Monsieur Coynes puisqu'il avait loué une maison à Chalvignac, à Crouzy. Pour confirmer la richesse et la diversité de leur production elle signale que les papiers d'expropriation de leur propriété de Spontour référençaient 300 pêchers, 80 pommiers, des châtaigniers, des noyers… elle complète ce point en signalant qu'il y avait également un grand jardin dont sa mère vendait les produits à Mauriac, qu'ils avaient également du poisson puisque son père pêchait et explique que de ce fait Monsieur Coynes venait chercher, trois fois par semaine, des fruits, des légumes et du poisson chez eux car il trouvait que c'était mieux que dans les épiceries. Monsieur Coyne venait donc chez eux pour se ravitailler et Madame Gaillard explique comment cela se déroulait alors : il frappait à la porte, demandait à rentrer, s'asseyait sur le banc de la table de ferme, ouvrait un tiroir et demandait qu'on lui coupe un morceau de pain avec du fromage ou du beurre puis après cette pause ils allaient au jardin chercher les produits dont il avait besoin. Elle se souvient qu'ils avaient une petite fille qui était née en 1942 ou 1943. Puis elle raconte une anecdote., Monsieur Coyne venait manger régulièrement avec les autres ingénieurs à Aynes, dans le grand hôtel qui se trouvait en face de l'école. Elle se souvient qu'un jour il était venu avec Monsieur Decelle, Monsieur Mary et avec deux ou trois jeunes polytechniciens qui devaient être en stage au barrage de l'Aigle. Elle se trouvait alors, avec ses deux jumeaux qui n'avaient que six mois, dans le jardin familial et c'est alors que M. Coynes a dit aux ingénieurs qui étaient là « venez, « on va aller voir les futurs polytechniciens » et ce qui amuse Madame Gaillard c'est que ses deux fils, Michel et Claude, sont vraiment devenus, par la suite, polytechniciens. Puis elle explique que par la suite Monsieur Coynes ne s'est jamais remis de l'accident du barrage de Malpasset dont il n'était pas responsable. Puis elle complète en expliquant qu'elle connaissait moins Monsieur Decelle car il logeait à Mauriac et qu'ils ne se « fréquentaient » pas. Elle conclut ce passage en signalant que Monsieur Coyne et Monsieur Decelle avaient eu tous les deux des responsabilités dans la Résistance.

Autres données descriptives
Notes ISBD

(Cote de l'original : Fg 1326 [1896] et de conservation : A [1896] 1993*).

Auteur
  • Bianchi, Frédéric
  • Faure, Armelle
  • Gaillard, Simone
Mots-clés lieu
  • Mauriac (Cantal, France)
  • Dordogne (cours d'eau)
Mots-clés matière
  • barrage
  • Électricité de France (EDF)
Mots-clés personne
  • Bianchi, Frédéric
  • Faure, Armelle
  • Gaillard, Simone
Permalien de la notice
4 AV 496-1
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