Présentation du contenu par Frédéric Bianchi :

Armelle Faure, en comparaison, évoque l'exemple d'une expropriation pour la réalisation d'un port à Madagascar et met en avant la notion de pertes de la terre des ancêtres. Pour Monsieur Juillard il y aurait une comparaison qui pourrait être faite, même si beaucoup de personnes selon lui jugeront cet exemple excessif, avec une famille qui a perdu un être cher dont on ne retrouve pas le corps, sans ce corps elles ne peuvent pas faire leur deuil. Un parallèle peut être fait avec la perte d'une terre, d'une maison de famille engloutie par un barrage. Il confie d'ailleurs que, lors des vidanges du barrage, sa mère n'est jamais retournée voir ce lieu détruit cela lui était insupportable. Il se souvient de la destruction des maisons, enfant cela lui faisait mal au cœur de voir ses parents dans cet état. Il donne un autre exemple celui de Pierre Boyer de La Siauve Basse, leur plus proche voisin, qui avait acheté une propriété en Creuse mais qui lorsqu'il a fallu partir a décidé de rester ici avec peu de terrain et trois vaches et a décidé alors de louer sa ferme en Creuse. Pour lui ce préjudice n'a jamais été payé. Armelle aborde les conditions nécessaires pour assurer, dans de bonnes conditions, des déplacements forcés de populations et elle donne l'exemple de Tignes et le compare avec l'action d'Henri Queuille qui a permis la construction de Confolens Port Dieu. Pour Monsieur Juillard EDF n'a pas soutenu les expropriés, il n'y avait aucun service, rien. Armelle Faure évoque la personne d'André Coyne. Puis elle explique qu'elle sent une révolte contre EDF mais explique que selon elle cette révolte ne devrait pas se restreindre à EDF, à l'époque il n'y a pas eu assez d'explications sur le contexte de cette construction, sur le fait que la France au sortir de la guerre avait besoin d'importantes sources d'énergies. Monsieur Juillard confirme qu'on leur a bien volé ces terres et explique que les habitants de la vallée étaient des patriotes ils ont sauvé des maquisards mais ils n'ont pas eu la moindre aide. Il poursuit en affirmant que ce que veulent des paysans pour vivre se sont des fermes pas des lotissements, il devait y avoir 120 agriculteurs dans la vallée il était impossible pour lui de trouver 120 fermes dans le pays donc le problème de fonds était impossible à résoudre. Pour lui si la perte des terres des ancêtres n'a pas été indemnisée à sa juste valeur au moins les pertes matérielles auraient dû être indemnisées sans se faire tirer l'oreille. Armelle Faure présente les photographies à la Photo N° il montre la propriété de la famille Verdier et explique que lors de la mise en eau du barrage subitement les mouettes sont venues en grand nombre car les rats et les serpents se sauvaient. Il reconnaît le bistrot de la famille Sautarel. Il signale qu'il n'y avait pas beaucoup d'échange entre la rive Auvergnate et la rive Limousine parce qu'il n'y avait pas de pont. Il explique que l'été ils allaient tout de même faire scier du bois chez Persiani mais simplement parce qu'il pouvait passer à gai. Il reconnaît bien La Siauve, les terrains, la maison de ses parents derrière les arbres. Puis il signale avoir visité le chantier et cite un proverbe de la région de Port Dieu qui disait "Ça ne durera pas autant que les foires de Port Dieu " mais il constate qu'ils se sont bien trompés. Il se souvient du début des travaux de la nouvelle ligne avec le percement du tunnel, chantier réalisé, selon lui, pour apaiser les esprits et qui finalement a été abandonné même s'il avait coûté 4 milliards de centimes. Il est persuadé que la population de Bort savait que s'ils perdaient la ligne c'en était fini du développement de leur ville. Il évoque le monde industriel de Bort avant la construction du barrage la ville était alors une véritable ruche avec les ouvriers du barrage et ceux de la tannerie. Il pense qu'il a certes un peu de nostalgie dans ce qu'il dit mais que cela n'enlève rien à la qualité de cette vallée même si c'est désormais une page tournée. Il conclut et déclare avoir été très heureux de pouvoir participer à cet entretien et d'avoir pu dire ce qu'il savait et ce qu'il avait ressenti.

(Cote de l'original : Fg 1048 [1595] et de conservation A [1595] 1605**).