Archives du Cantal
Cote
Date
Description physique
Document sonore Collation : 1 disque compact audio
Producteur
Conseil Général du Cantal. Archives départementales du Cantal. Edouard Bouyé. Frédéric Bianchi
Présentation du contenu

Présentation du contenu par Ludovic Cayla :

Première partie de l'entretien avec Alain Cournil qui souhaite transmettre la mémoire de son père, de l'entreprise Cournil et du maquis de la Luzette. Il donne d'abord des anecdotes du maquis, puis décrit « L'aventure Cournil » ainsi que sa participation à cette dernière et quelques détails sur sa vie professionnelle après son départ de Cournil.

Alain Cournil est né en 1949, quelques années après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Son père Bernard était mécanicien et résistant dans le maquis de la Luzette durant l'Occupation. L'anecdote qu'il raconte beaucoup est celle de l'arrivée du major Macpherson au maquis qui est arrivé en kilt. Bernard Cournil avait une forte personnalité et savait mener et rassembler les hommes. Il n'acceptait pas la situation d'occupation et de collaboration. De plus, il était engagé à droite et admirait le Général de Gaulle.

Après la guerre, Bernard Cournil s'installe à Aurillac et il est séduit par la Jeep américaine. Il rachète alors les surplus de Jeeps de l'armée américaine et les modifie pour les adapter aux besoins de ses clients qui sont majoritairement des agriculteurs. Les premiers véhicules Cournil étaient réceptionnés comme des « tracteurs Cournil ». La plus grande modification que va apporter Bernard Cournil à la Jeep est la mise en place du moteur Diesel qu'il a vu pour la première fois en visitant une usine d'un de ses amis qui est le directeur de l'entreprise Hotckiss. Il modifie tellement le véhicule qu'il en crée en réalité un nouveau et se voit obligé de créer sa propre marque même s'il ne se désigne pas comme un industriel.

Alain a beaucoup de souvenirs de sa jeunesse autour des réparations de voitures et des expériences automobiles. Il raconte même une anecdote où il a bouché l'aspiration d'un moteur. Cette passion de la mécanique lui venait de son père qui réalisaient déjà des expériences du même type avant la guerre. Il aurait par exemple essayé de fabriquer un avion, mais les essais sur l'avenue principale du Rouget furent peu probants (l'avion aurait à peine décollé). Ainsi, Alain et son frère profitaient des outils de leur père pour réaliser leurs propres expériences comme par exemple la tentative de transformer un scooter en karting. Il fait ensuite ses études à Aurillac en obtenant un Bac technique et électrotechnique. Il rejoint l'entreprise familiale en 1968.

Concernant l'entreprise, sa plus grosse année en terme de production fut 1967. Elle occupait une surface de 2000 m², employait 50 salariés et a produit 120 véhicules, une cinquantaine de remorques en plus de l'outillage nécessaire. Les débuts d'Alain dans l'entreprise furent difficiles. L'employé chargé de s'occuper de l'électricité dans les véhicules a subitement quitté l'entreprise et Alain s'est donc retrouvé seul sans le véritable savoir nécessaire. Il a donc dû s'adapter rapidement sans mentor. De plus, chaque ouvrier de l'entreprise avait ses propres responsabilités. Il s'agissait donc d'un travail à la chaîne sans en être véritablement un. Parmi les employés principaux, Alain en décrit certains comme étant capables de réaliser des « choses extraordinaires ». Chaque véhicule apparaissait donc comme un chef-d'œuvre unique. Il y avait donc un gage de qualité. Seul un véritable professionnel pouvait percevoir un éventuel défaut d'après Alain. D'un point de vue technique, l'entreprise était capable de produire tout type de véhicules : agricoles, miniers, pompiers… Bernard Cournil était celui qui s'assurait du suivi du développement de l'entreprise et des véhicules produits.

Au niveau social, 1968 fut une année très difficile pour l'entreprise à cause de la très longue grève. Les ouvriers de l'entreprise ont seulement fait grève en soutien au mouvement ouvrier de Mai 68, pas pour s'opposer à leur patron. Pour cela, ils ont seulement participé au pics de grèves les plus hauts. Alain prend la relève de son père en 1971 jusqu'à la fermeture de l'entreprise en 1977. Seule une cinquantaine de véhicules sont produits entre 1971 et 1977. C'est beaucoup moins que son père, mais Alain veillait à ce que ses véhicules soient compétitifs. Au total en combinant la production de lui-même et de son père, il a produit 1080 véhicules. Au moins les ¾ des véhicules produits circulent encore en 2006. Il y a un grand attachement des gens aux Cournils par les maquettes par exemple.

L'entreprise Cournil avaient des concurrents qui n'attendaient que la chute de l'entreprise pour pouvoir la racheter ensuite : c'était surtout le cas des grandes industries automobiles. Dans les années 1970, c'est surtout les marchands de tracteurs qui sont en concurrence avec Cournil. Land Rover d'une autre manière a tenté de racheter Cournil. Alors qu'Hotckiss arrête sa production de moteurs Diesel, Cournil a décidé d'acheter ses moteurs en Angleterre. Sauf qu'en 1968, toutes les entreprises automobiles anglaises se sont regroupées et ont arrêté la production des moteurs Diesel et ont proposé autre chose à Cournil. Ils ont proposé moteur, boîte, roues… à un prix très attractif qui était en réalité un piège économique. En 1968 également, une personne est rentrée dans l'entreprise dans le but de mettre Bernard en difficulté en disant vouloir l'aider. Cela a fini par provoquer la mise en liquidation judiciaire de l'entreprise, ce qui signifie un arrêt total de la production et de nombreux licenciements.

Autres données descriptives
Notes ISBD

(Cote de l'original : Ff 274 [1172] et de conservation : A [1172] 1088*).

Auteur
  • Cournil, Bernard
  • Cournil, Alain
  • Bouyé, Edouard
  • Bianchi, Frédéric
  • Martres, Eugène
  • Rovéla, Jean
  • Macpherson, Ronald Thomas Stewart (Commandant)
  • Cayla, Ludovic
Mots-clés lieu
  • Aurillac (Cantal, France)
  • Le Rouget (Cantal, France)
  • Roumégoux (Cantal, France)
  • Marseille (Bouches-du-Rhône, France)
  • Maquis de la Luzette (Cantal, France)
  • Saint-Saury (Cantal)
  • Angleterre
Mots-clés matière
  • récit de vie
  • guerre 1939-1945
  • Résistance
  • entreprise
  • enfance
  • jeunesse
  • mécanique
  • industrie
  • agriculture
  • tracteur
  • Diesel
  • Mai 68
  • grève
  • Jeep (constructeur automobile)
  • Cournil (constructeur automobile)
  • Hotchkiss (constructeur automobile)
  • Land Rover (constructeur automobile)
Mots-clés personne
  • Cournil, Bernard
  • Cournil, Alain
  • Bouyé, Edouard
  • Bianchi, Frédéric
  • Martres, Eugène
  • Rovéla, Jean
  • Macpherson, Ronald Thomas Stewart (Commandant)
  • Cayla, Ludovic
Permalien de la notice
4 AV 232-1
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