Il ne s'agit pas ici de bovins, mais d'être humains qu'Anatole Roujou (1841-1904), naturaliste, géologue, docteur ès-sciences et chargé de cours à la faculté de Clermont-Ferrand (1874-1888), a dessinés de face et de profil. Dans sa nécrologie, le docteur Charvilhat écrit qu'il fut "le premier qui s'occupa d'une façon sérieuse de l'anthropologie du Puy-de-Dôme et du plateau central" (1).
La SHA possède les dessins originaux de Roujou, parfois inédits, parfois publiés dans Les races humaines du plateau central et en particulier celles de l'Auvergne et des régions montagneuses avoisinantes (Brive, 1879 ; ADC, A BIB 1118). Les traits des Auvergnats y sont manifestement outrés, pour les faire rentrer dans sa taxinomie raciale (australoïde, mongoloïde, sémitique, aryen ou indo-germain). Infernale taxinomie anthropométrique, qui fait des caractères raciaux des déterminants moraux : l'appartenance et surtout le mélange des races "inférieures" produit immanquablement le crime dans certaines familles ou certaines communes. Prônant la sélection et l'amélioration de la race, Anatole Roujou fut un de ces maillons qui mena, par dévoiements successifs, de Darwin à Hitler, en passant par Vacher de Lapouge. Au reste, son écriture excentrique suggère un caractère particulier. Son "Type de voyou crapuleux observé à Clermont-Ferrand ; la lèvre inférieure n'est pas exagérée ; n'est pas extrêmement brun. Métis d'Australoïde et de dégénéré", ou son "Paysan de race très inférieure observé aux environs de Clermont. Etait surtout remarquable par l'atrophie du nez et l'extrême petitesse de l'œil ; face large, peau très basanée, yeux et cheveux foncés" se passent de commentaire.
SHA, fonds non classé.
(1) Bulletins et mémoires de la société d'anthropologie de Paris, 1905, t. 6, p. 256-259.